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Critique de Unbroken par Priad

Publié le Lundi 22 septembre 2014 | 4 révisions avant publication | 3 corrections après publication

Il oublie tout alors qu’il se déchaine au combat. Il oublie son ancienne meute, ses missions passées, les ordres qui l’ont mené sur Armageddon. Tout ce qu’il ressent et sa force physique, furieuse et sans pitié, pure. S’il lui restait du souffle dans ses poumons, il l’utiliserait pour crier de plaisir et de gloire, pour le combat sans fin dont il a toujours rêvé. Il n’est plus un individu mais une force torrentielle comme l’est l’hiver fenrissien. Il fauche les ennemis autour de lui, créant de l’espace pour sa fuite. Un xenos aux yeux rouges s’effondre dans son agoni, faisant tomber d’autres peaux-vertes dans sa chute. Il regarde devant lui et en l’espace d’une fraction de seconde il reprend conscience du monde qui va au-delà de la portée de sa hache. Il aperçois la rivière asséchée au loin, contournant les crêtes et zigzagant entres les terrains cendreux. Il voit la fumée s’élever des bombardement d’artillerie, et les véhicules s’en échappant. Vergion est dans les temps. Le mortel a tenu sa promesse.

Si cet extrait ne vous a pas mis dans l’ambiance alors écoutez la suite. Unbroken  se passe pendant la 3ème guerre d’Armageddon, alors qu’un Space Wolf à l’objectif inconnu courre à travers les terres désolées poursuivi par une marée d’orks. Sur le papier ce synopsis est loin d’échauffer les coeurs d’une jeune recru des Fils de Russ, et encore moins d’un Space Marine aguerri, mais Chris Wraight est un auteur qui étonne dans ses récits, et cette nouvelle ne déroge pas à la règle.

C’est donc dans ce vaste décor de poussière et de sang que nous suivrons notre héros Space Wolf en pleine course. Tout le charme de l’histoire est que le but de cette course ne sera révélée que dans les dernières lignes pour que vous compreniez toute l’ampleur de ce qui était à l’oeuvre. Ce loup solitaire, aussi appelé «Le Dernier des 8» comme pour symboliser son appartenance passée à une meute, devra parcourir les plaines désertiques d’Armageddon alors qu’une masse de peaux-vertes ne le lachera pas d’une semelle. C’est donc sur cette ouverture sans fioriture que nous découvrons notre héros, sans trop savoir ni le contexte ni l’exact lieu. L’auteur a toujours eu un certain talent à raconter des histoires simples dans les faits mais qui surprennent dans leur construction (j’ai en tête Wulfen qui utilisait un schéma similaire).

Ce n’est que lorsque l’on comprend enfin l’ampleur du danger entourant notre Space Wolf que nous nous voyons observer la scène à travers la longue vue d’un nouveau personnage de l’astra militarum, Vergion. Il ne faudra pas longtemps pour comprendre que nos deux personnages seront étroitement liés et que le jeu d’observation qui se joue entre les lignes reflétera en réalité un ordre de mission bien défini. Je ne pourrais pas en révéler davantage comme le dénouement final met en lumière cette course sans fin, scélant le sort de notre Loup Solitaire dans le même temps (qui sera surement à sa satisfaction). Sur le fond, l’histoire n’aura vraiment rien d’exceptionnelle, mais c’est le style de Chris Wraight qui donnera des couleurs et une ambiance unique.

Pas de flash back non plus, comme nous avions pu le voir dans d’autres de ses récits, l’histoire est réduite à sa plus simple expression alors que les descriptions des peaux-vertes s’étendant à perte de vue ajoutent toujours plus de force au récit. L’action y sera bien entendu au rendez-vous, offrant un très bon défouloir.

La réelle surprise fut pour moi que l’auteur puisse tenir l’histoire aussi longtemps sur de si simples éléments narratiques. L’écrit n’est jamais ennuyeux ni longué et l’on s’étonne de lire des descriptions si justes illustrant la violence des combats. L’auteur est bon à tous les niveaux et le massacre ayant lieu sous nos yeux en est la preuve.

Rythmé, bien construit, violent, touchant et stratégique, le récit s’impose comme une excellente nouvelle dans l’univers de Warhammer 40.000. Peu de fluff néanmoins sur la troisième guerre d’Armageddon mais après tout ce n’est pas ce qu’on demande d’une nouvelle de moins de 20 pages. Chris Wraight donne à la fois du charisme et de la personnalité au Space Wolves à qui l’on reproche bien souvent d’être de simples bêtes (les souvenirs de Prospero ont la vie dures) et Unbroken utilise ce contraste pour nous conter l’histoire d’un loup solitaire, plus touchante que Kraken au passage.

Les plus

  • Un Loup Solitaire qui sans même ouvrir la bouche nous délivre un beau message de courage et d'honneur.
  • De l'action à foison alors que les orks se font massacrer.
  • Une relation Space Marine/Humain cohérente.
  • Des descriptions construisant une ambiance solide.
  • Le contexte d'Armageddon bien utilisé mais pas surexploité.

Les moins

  • Une histoire qui ne s'appuie principalement que sur sa construction narrative.
  • Une impresssion de "déjà-lu" lorsque l'on a parcouru la bibliographie de Chris Wraight.
5/5

Unbroken réussit en une vingtaine de pages à nous remplir de courage (ou de folie) pour aller foncer sur les terres dévastées d'Armageddon contre une marée de peaux-vertes. Un pur récit de Space Marine, et plus particulièrement de Space Wolf à se raconter au coin du feu avec sa meute.