Avis sur La Bataille de Molech par Technoprêtre
Publié le Lundi 4 mai 2015 | 1 révision avant publication | 5 corrections après publicationQuel est le but de raconter une histoire si on connaît déjà la fin ? La bonne réponse est de nous expliquer le comment de cette histoire, le pourquoi ; et en ce sens ce tome échoue lamentablement. Car oui, je juge ce tome et/ou seconde partie comme une belle farce dont le format n’ajoute qu’à la risibilité du contenu.
Reprenons : Horus est venu sur Molech chercher ce que son Père aurait trouvé et laisser, afin de se mettre au même niveau que lui pour la bataille finale. Bataille dont on sait à peu près la chronologie (par rapport ici : plus tard) et le résultat, ainsi que les intervenants. On nous glisse donc Loken en nemesis torturé et sa plus joyeuse bande de camarades à la solde de Malcador, dans des passages beaucoup plus intéressants que précédemment mais toujours creux tant on reste dans la joute verbale entre représentant de légions. Une intrigue qui prend son temps, nous fait passer par une flopée de fils de Lupercal mais dont les seules évolutions sont les blessures physiques et leur guérison, la mort, ou la possession par une entité de l’empyrean. Coté loyaliste comme chaoteux, aucune évolution psychologique ou action qui ne serait pas entièrement prévisible en faisant l’application logique du contexte et de ce qu’on sait de chacun. C’est prévisible pour le Mournival, mais moins pour les Chevalier Errants qui devraient être des survivants durement touchés et qui sont ici lisses et froids dans leur colère.
Si l’intrigue principale pèche donc côté personnage, elle devrait pouvoir se rattraper sur les événements. Hormis une gigantesque bataille sur Molech qui justifie le titre du roman, et qui aurait franchement pu être évitée vu le génie tactique du Maitre de Guerre et ses moyens ; on a droit à deux sous-intrigues inattendues : la chute de maison Devine et le sort de notre énième représentant de la Cabale. J’écarte volontairement la bagarre car même si les descriptions de feux et désolations amenés par les engins aériens/motorisés/démonisés/titanisés sont sympathiques, elles n’amènent pas d’eau au moulin. Il n’y a pas le souffle épique d’un Lorgar descendant sauver son frère fou de rage, le combat dantesque de Guilliman désarmé dans son bureau ou encore la torture du père des Salamanders ; il n’y a que Mortarion qui rase une forêt, et même pas en personne. Fulgrim joue les hypnotiseurs comme le serpent dans le Livre de la Jungle et les Blood Angels ne sont bons qu’à faire tâches.
Reste donc les Chevaliers de Molech dont les prouesses sont bien mises en avant, mais surtout les personnalités des membres de la famille Devine qui sont pour le coup chacune expliquées, exploitées et qui permettent le seul retournement de situation du roman et les seules émotions viscérales qu’on est aptes à cerner, nous autres simples humains. De la même façon, l’agente de la Cabale est décrite dans ses différences d’avec les représentants vus auparavant, dans sa loyauté ou non à sa famille et/ou mission. Mais dans les deux cas, cela s’achève en eau de boudin avec des deus ex machina à répétition pour aboutir à l’accomplissement de l’agenda de départ, celui d’Horus. Je caricature, mais tout semblant de logique est achevé à la truelle par une rapidité d’exécution qui défie tout le cheminement précédent. Une construction gâchée par des éléments concrétisés en un éclair, ce n’est pourtant pas la marque de Graham McNeill.
Le pire est que cela s’applique à la quête de savoir d’Horus, dont on a les aboutissants sans les tenants. J’ai personnellement crié au vol tant l’entourloupe est complète, donnant au tome un gout de fumisterie inégalé à ce jour. Et je suis pourtant le moins aux faits des us et coutumes fluffique et de leurs violations par certains auteurs, je parle bien ici d’un vol et il est d’ordre narratif, en dehors de toute cohérence lore. On ne nous donne ni comment ni pourquoi au bout de ce tome, juste des batailles de grandes envergures ou des combats bien écrits mais dont l’issue se sait dès le début : certains meurent, les plus importants un peu moins. J’avais dit que ce tome en deux parties méritait d’être deux tomes mieux construits, j’aurais encore préféré un seul tome bien construit et durant lequel il se passe des choses que je n’attendais pas.
La Bataille de Molech a la pire appélation possible à mon gout, celle d’un tome inutile qui ne fait avancer en rien l’histoire. C’est encore plus cuisant sur l’autel des attentes et de la qualité des tomes précédents.