Critique de Dead Men Walking par Maestitia
Publié le Mercredi 14 août 2013 | 4 corrections après publicationCostellin ne connaissait pas le nom de ce soldat en particulier. Il n’en connaissait aucun d’entre eux. Rares étaient les hommes de Krieg à en porter et ce n’était pas une pratique commune du régiment à les employer. Sur le papier, ils étaient uniquement des chiffres pour lui, et il en était de même pour les colonels et généraux qui les déployaient sur le champ de bataille.
En terme de personne, ils étaient moins que cela.
Krieg avait été classifié monde mort, son atmosphère étant toxique. Costellin comprenait cela comme une conséquence. Ces gens portaient leur filtreur d’air comme ils portaient leur peau. Malgré cela, avant son transfert au régiment de Krieg, il avait imaginé que les masques serait parfois retirés.
Il avait eu tort.
Les masques créaient une distance entre eux et leur porteur et même entre soldat. En parfait contraste avec les autres régiments auxquels Costellin avait pu servir, il avait vu peu de liens forts parmi les hommes de Krieg. Ils s’entraînaient, se battaient, mangeaient et dormaient les uns avec les autres, mais sans aucune amitié ni camaraderie.
C’était un régiment d’étrangers et, plus les années passaient, plus Costellin soupçonnait que c’était le but recherché.
La Death Korps de la planète Krieg. Voici un monde au funèbre destin qui engendrera une armée impériale unique en son genre. On n’aurait pu les confondre avec la Légion d’Acier d’Armageddon, masques à oxygène, trenchcoat et loyauté sans faille, mais sachez que ce roman va vous interdire les comparaisons. Après la lecture de Dead Men Walking, vous ne verrez plus jamais les hommes de Krieg comme de simples soldats impériaux.
Ce type de roman est assez rare en son genre. Pas pour les thèmes abordés, mais pour la façon de les décrire. J’avais mis en avant lors de ma critique de La Légion des Damnés de Rob Sanders, que son style narratif était plus réaliste, dur et froid que la plupart des autres récits de la Black Library. Et bien Dead Men Walking est de la même trempe. Nous sommes très loin des héros de guerre ou des généraux aux milles médailles. Ici, nous sommes sur Hieronymous Theta, monde à forte exploitation minière qui réveille, à force de forage, des Necrons sommeillant ici depuis des éons. Et lorsqu’on n’a pas le luxe de s’offrir des Astartes pour défendre un monde, on envoie la Death Korps de Krieg. Voilà pour vous résumer l’intrigue.
Il n’y a pas d’histoire à proprement dite, hormis celle de vouloir vaincre les Necrons et sauver ce qui peut l’être. Ce qui est délectable dans ce roman c’est l’ambiance ! Nous sommes réellement au 41ème millénaire et il n’y a que la guerre ! Nous verrons divers protagonistes comme le commissaire Costellin qui prendra en charge la Death Korps, plus pour les freiner dans leurs missions suicides que pour les galvaniser au combat. On suivra aussi une romance entre deux habitants de Hieronymous.
Et je vous rassure de suite, c’est une histoire d’amour qui se passe dans une cité ravagée par des Necrons impitoyables et qui est narrée de façon très réaliste sur les possibilités d’un amour en plein enfer. La Death Korps tentera donc par tous les moyens (et je pèse mes mots) d’empêcher le flux incessant de ces machines sortant des mines, et de sauver le monde dont l’avenir est chaque jour remis en question.
Si vous avez lu attentivement mon introduction, vous aurez vite compris qu’on ne peut pas écrire sur les hommes de Krieg. Bien trop endoctrinés, fanatiques et impersonnels pour raconter quoique se soit. Mais notre cher Steve Lyons est malin et va nous dévoiler l’enrôlement d’un garde, Gunthar, des Forces de Défenses Planétaire de Hieronymous Theta, parmi les régiments de Krieg.
Voici un aspect du roman qui rejoint la réalité de l’univers de W40k. Cet homme, qui est bel et bien un soldat après tout, va découvrir ce qu’implique devenir un membre de la Death Korps.
Et croyez moi, ce n’est pas joli à voir. J’ai beaucoup aimé la perte d’humanité de Gunthar afin de rejoindre les rangs de Krieg. L’auteur insiste énormément sur l’endoctrinement militaire et de ses inconvénients que cela peut apporter sur le champs de bataille. Lorsque j’y repense, Lyons nous livre tout au long de ce roman de plus de 400 pages, une fresque dramatique et réaliste de la guerre et de la déshumanisation qu’elle peut apporter aux hommes qui y participent. Il y a un passage lors duquel le commissaire Costellin discute des hommes de Krieg et de leur fanatisme à son supérieur hiérarchique. Cet échange est sublime de vérité contradictoire et vous fera sûrement réfléchir à deux fois avant de vous jeter dans les bras de l’armée impériale.
Et l’action dans tout cela ? Malheureusement, Lyons n’est pas un auteur doué pour raconter des scènes d’affrontements. Du moins, en version originale. Les combats sont certes présents, mais ils restent assez mous et surtout bien trop longs selon moi. Il reste classique sans prendre de risques et c’est bien dommage car cela a tendance à casser le rythme de notre lecture.
Les plus
- Un réalisme qui m’a beaucoup plu, que se soit pour le bien ou le mal des personnages.
- Une ambiance très angoissante d’une citée totalement dévastée et en proie à un envahisseur implacable.
- Peu de protagonistes. Facilité de se souvenir d’eux.
- La Death Korps de Krieg sur le devant de la scène.
- Une fin comme je les aime.
- Une tirade anti-militaire notable.
Les moins
- Peu d’action.
- Scènes de combats qui n'en finissent pas.
- Roman assez long.
Ce roman souffre de beaucoup de maladresse dans son scénario, mais l’atmosphère y est génialement dépeinte. Bien qu’un peu longué, il saura ravir les adeptes de ce style narratif. Un bon récit pour les fanboys de la Death Korps.