Critique de Le Fléau du Loup par Maestitia
Publié le Lundi 28 août 2023 | 6 révisions avant publication | 6 corrections après publicationLe châtiment des cieux s’atténuait peu à peu. Les tremblements diminuaient.
— Nous n’avons plus qu’une épaisseur de boucliers, annonça le kaerl aux aegis. Le prochain coup nous déchirera en deux.
— Chargez tous les capaciteurs, je veux que tous les générateurs opèrent à plein rendement, dit Russ. Détournez de la puissance des moteurs. Renforcez les aegis.Une ultime déflagration en provenance de Trisolian 2b arracha la couverture d’énergie protégeant le Hrafnkel, le laissant exposé à la colère des deux étoiles.
— Prochain impact contre la coque ! beugla le kaerl des auspex.
Le coup ne vint jamais. La fureur des étoiles reflua. Aucune autre éruption ne jaillit des deux sphères.
— Elles ont eu leur content de violence, dit Russ. Ses mains se relâchèrent après avoir agrippé les bras de son trône.
Alors qu’il prononçait ces mots, le Hrafnkel traversa l’enveloppe gravitationnelle et rejaillit dans une région d’espace plus calme. La traction que les soleils exerçaient sur eux fut amoindrie, et la flotte se dégagea.
Les rapports de dommages affluèrent vite. Les pertes avaient été nombreuses. Russ ne les entendit pas. Son regard était fixé sur le tacticarium central. Le monde principal du système était constitué d’une lune gelée tournant en orbite autour d’une géante gazeuse. Sept grandes installations étaient suspendues loin au-dessus de sa surface, au bout de hauts tubes macro-dimensionnés. Stationnée autour d’elles, la flotte d’Horus Lupercal n’avait pas conscience de leur arrivée.
— Je compte plus de cinquante vaisseaux de ligne. Word Bearers, Alpha Legion, Sons of Horus, World Eaters et Iron Warriors. Par le cœur de Fenris, c’est un vrai banquet de traîtres. Ils sont tous ici, dit Grimnr.
— Ils sont éparpillés dans tout le système, dit Russ. Nous les tenons.Il fronça les sourcils.
— Et ce n’est qu’une fraction des forces d’Horus. Est-ce qu’Horus serait vraiment venu ici avec une flotte aussi pauvre ? Le Vengeful Spirit, est-ce que quelqu’un le voit ? Est-ce qu’il est ici ? Trouvez-le !
— Oui, mon Jarl, répondit le kaerl des auspex. Puis, un instant plus tard : je l’ai repéré.
— Mettez-moi le Vengeful Spirit bien en vue sur le tacticarium.Les flux d’auspex furent ajustés, et à l’intérieur de la boule de lumière de l’hololithe, le Vengeful Spirit grossit, de la taille d’une écharde de métal anonyme à celle d’une vaste place forte volante.
— Le voilà, gronda Russ. À pleine vitesse vers le Maître de Guerre, mes fils.
— Oui, Monseigneur ! répondirent tous ceux qui le servaient.
— Ils sont si près. Préparez-vous à les tuer ! ordonna-t-il. Aujourd’hui, nous allons régler des comptes.
Le Primarque Horus Lupercal est devenu bien plus qu’un Maître de Guerre, les puissances qu’il a invoquées sur Molech l’ont rendu monstrueux, non seulement par son pouvoir, mais aussi par son inhumanité qui transcende tout. Depuis Istvann et la grande trahison, beaucoup de sang a été versé. Cependant, le carnage continue et la galaxie brûle dans le sillon de la XVIème Légion et des traîtres de l’Imperium.
Par ailleurs, certains Primarques restés fidèles à l’Empereur ont rejoint Terra pour se préparer à l’affrontement final. Cependant, ils ne sont qu’une poignée face à l’armada démoniaque que le Maître de Guerre a rassemblée. Son arrivée est maintenant comptée en semaines, tout au plus. Sur Terra, les forces loyalistes sont agitées. La tension est palpable et les Primarques présents ont du mal à coopérer. Malcador orchestre ce jeu d’échec décisif pour le futur de l’humanité. Il opère dans l’ombre et ses intentions restent mystérieuses, mais il semble être le dernier à conserver un peu de contrôle dans cette période d’incertitude et de confusion.
Un peu plus loin, le système de Bêta Garmon représente le dernier bastion avant le système Sol. Une grande bataille se prépare, mais Leman Russ, le Primarque des Space Wolves, n’a pas l’intention d’attendre l’arrivée du Maître de Guerre. Il veut mener un assaut direct pour tuer Horus une fois pour toute. Mais que peut faire un simple Primarque face à l’élu des dieux sombres ? Peut-être que la Lance de l’Empereur pourrait faire la différence ?
Leman Russ, le saccageur de Prospero, le bourreau de l’Empereur, on pourrait penser que le Primarque a du mal à digérer la défaite à Alaxxes, où l’Alpha Legion lui a tendu un piège dévastateur, réduisant ses forces au tiers ! Cependant, ce qui le hante le plus, c’est d’avoir été dupé par Horus lorsqu’il lui a ordonné de tuer Magnus le Rouge. Cette trahison lui reste en travers de la gorge et depuis Terra, où la VIème Légion soigne ses blessures, le loup rumine.
Bien que Rogal Dorn exige la présence des Space Wolves pour protéger le palais impérial, Russ a un tout autre plan en tête : tuer Horus, de manière simple et directe. Pour cela, la haute sphère de Terra, notamment Malcador le Sigillite, lui offre la Lance de l’Empereur. Personne ne sait si cet artefact façonné par le Maître de l’humanité en personne pourra venir à bout d’un Horus corrompu, mais il se pourrait qu’une partie du vrai Lupercal ressurgisse avant la fin.
Leman Russ est évidemment le personnage central de ce roman, et j’ai beaucoup apprécié de le retrouver, cette fois-ci sous la plume de Guy Haley. Russ est un personnage complexe avec une subtile dualité que peu de gens peuvent percevoir. Bien loin des stéréotypes du sauvage sanguinaire, l’auteur nous propose une nouvelle perspective sur le caractère du roi des loups. Certes, il reste un exécuteur hors pair, mais sa complicité avec Malcador le rend beaucoup plus nuancé et c’est quelque chose d’appréciable.
Il partage la scène avec Belisarius Cawl, oui, vous avez bien lu, et vous pourriez vous demander : que fait-il ici ? Au 31ème millénaire, il évolue dans toutes les disciplines liées au culte de la machine sans en choisir aucune afin de perfectionner sa maîtrise, ses créations et accroître son savoir. J’ai trouvé que narrer la jeunesse de l’adepte du Mechanicum était superflu, mais il faut reconnaître que l’auteur s’en sort bien et offre au lecteur des moments agréables tout au long du récit.
L’écriture de Haley capte l’atmosphère âpre de l’hérésie et son souci du détail se manifeste dans ses descriptions des batailles, en particulier les batailles spatiales, des personnages et des intrications de la mythologie des Space Wolves. Les personnages eux-mêmes sont bien décrits, mettant en avant la détermination implacable et les traits uniques des loups de la VIème Légion. Les intéractions entre les personnages permettent de comprendre la franche camaraderie qui existe entre les loups et leurs motivations, ajoutant de la profondeur au récit et permettant aux lecteurs de s’identifier.
Le rythme du Fléau du Loup maintient le lecteur engagé (malgré une première moitié qui traîne la patte), en mélangeant des séquences d’action viscérales, avec des moments d’introspection qui explorent les luttes psychologiques auxquelles sont confrontés Russ et ses Space Wolves. L’auteur tisse habilement des éléments de mystère et de suspense dans l’intrigue, gardant les lecteurs dans l’incertitude quant à l’issue jusqu’à la fin.
Je parle ici de la fameuse Lance de l’Empereur qui reste mystérieuse pendant une grande partie du roman. Heureusement, le tournant de l’intrigue se produit sur Fenris, où le Primarque atterrit pour en apprendre davantage sur cette lance dorée et sur sa mission pour traquer Horus. J’admettrai que ce passage ésotérique, où Russ voyage dans l’infra-monde, ne plaira pas à tout le monde. Pour ma part, cela a été une expérience intéressante et une immersion totale dans la psyché du roi des loups. J’en garde un bon souvenir.
Un autre point fort du roman est l’exploration de la culture et des traditions des Space Wolves. Leur adhérence à l’héritage viking, ainsi que leur loyauté farouche et leur camaraderie, créent une identité distinctive qui ravira les initiés. J’ai adoré la description du Croc, ou plutôt l’Aett, qui est le quartier général des loups sur Fenris. Vraiment, les descriptions de Guy Haley m’ont captivé de bout en bout.
En résumé, Le Fléau du Loup se positionne comme une contribution importante à la série Horus Heresy. Grâce au talent de conteur de Guy Haley et à sa compréhension profonde de la mythologie des Space Wolves, le roman offre un voyage de qualité avec pour trame l’assassinat d’Horus Lupercal.
Les plus
- La richesse de la personnalité de Leman Russ.
- La description de l'Aett.
- L'abordage du Vengeful Spirit par les Space Wolves.
Les moins
- Première moité du roman qui traîne la patte.
- Belisarius Cawl, on ne sait pas trop ce qu'il fait là.
Le Fléau du Loup nous narre une captivante plongée au cœur de la mythologie Space Wolf avec un Leman Russ à la duplicité délectable. La tentative d'assassinat d'Horus par le roi des loups est une occasion supplémentaire d'admirer la bravoure et la loyauté de la VIème Légion. Les descriptions et les dialogues contribuent à une immersion réussie dans les méandre de l'Hérésie d'Horus.