— J’encourage mes hommes à explorer la philosophie qui dicte les effusions de sang. J’apprécie qu’ils comprennent la structure intellectuelle de la guerre et que leurs actions soient éclairées. L’Empereur, que je chéris par-dessus tout, cherche à hisser l’Humanité au rang de l’espèce la plus importante de la galaxie. Je ne remet pas en cause cette ambition, pas plus que ne le font mes capitaines; nous ne faisons que rester lucides quand aux méthodes arbitraires avec lesquelles il défend ce rêve.[…]
— Seigneur Alpharius, demanda le seigneur Wilde de sa voix acérée comme une lame, comment pouvons nous combattre les… La magie des Nurthiens?
-Seigneur Wilde, répondit Alpharius, nous n’allons pas la combattre, nous allons l’étouffer.
Voilà un OVNI dans cette saga. Pourquoi ? Et bien pour la simple et bonne raison que ce roman parlera d’Astartes, mais d’une Légion tellement particulière dans ses procédés qu’il faudra connaître un peu du fluff de W40K, car certains lecteurs risquent d’être désarçonnés en cours de route.
Pour être franc avec vous, j’avais détesté ce tome et je me suis pourtant forcé à le relire avec plus de recul. Et devinez la suite, mon opinion a bien changé…
L’Alpha Légion est le vingtième Chapitre des Space Marines et donc le tout dernier créé par l’Empereur. Il est réputé pour sa malice, ses mensonges, ses secrets et ses modes opératoires des plus contestables. Car ils mènent leurs guerres pour l’Imperium à leurs façons. Il faut absolument partir sur cette connaissance si l’on veut se délecter du récit que nous offre Dan Abnett. Le scénario est tout simplement renversant mais il ne faudra pas s’attendre à des batailles épiques impliquant l’Alpha.
La base de l’histoire commence sur un fond très classique : la Garde Impériale a un mal fou à prendre possession d’une planète aux terrains hostiles et désertiques, à cause d’une peuplade primitive dotée d’une technologie inconnue mais suffisamment redoutable pour tenir en échec l’Imperium. Ils demanderont donc l’aide de l’Adeptus Astartes dans cette quête de pacification du monde, et c’est l’Alpha Légion qui répondra à leur appel.
Le roman racontera les 3/4 de l’histoire par l’intermédiaire de Hetjs (gradé du régiment en place) et d’un contre-espion des plus efficaces.
Le rythme de ce livre est particulier car l’auteur va nous présenter un nombre important de protagonistes (c’est du Abnett), ce qui nous perdra dès le départ et c’est bien l’effet recherché. Voir le monde à travers les yeux d’un simple humain est vraiment agréable, on aura même droit à un super humour, chose qui n’arrive que de façon anecdotique du côté Space Marines.
La façon dont Abnett nous amène les secrets des uns et les trahisons des autres est tout bonnement jubilatoire. Quand on croit enfin savoir qui fait quoi et pour qui, on se rend compte un chapitre plus loin qu’on était totalement à côté.
A la fin du récit, on prend conscience que l’on s’est fait mené de bout en bout, et pour cette prouesse, chapeau bas.
Légion risque de vous déplaire, mais si on se convainc que c’est bel et bien un roman d’espionnage, on apprécie réellement la performance de l’auteur et on apprend ce que l’Alpha Légion a décidé.
En revanche je tiens à prévenir que si une fois terminé, vous ne comprenez pas les tenants et les aboutissants du roman, et plus particulièrement le choix cornélien de l’Alpha, je vous invite à rechercher sur internet ou autre codex, le pourquoi du comment.
Les plus
- Un scénario digne des meilleurs films d’espionnage.
- Des personnages géniaux, on s’attache à chacun d’entre eux malgré leur nombre.
- Une fin philosophiquo-ésotérique à la limite du cosmique.
Les moins
- Scénario torturé, on perd vite le fil.
- Pas de testostérone en furie avec l’Alpha.
- Un rythme particulier qui ne plaira pas à tout le monde.
Un roman spécial mais tellement efficace. Abnett nous fait voyager entre conspiration et destiné immuable mais par cet aspect, il risque d’en frustrer plus d’un. Avant je n’aimais pas particulièrement l’Alpha Légion, après ce roman, j’en suis fan!