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Critique de Perihelion par Priad

Publié le Mercredi 22 mai 2013 | 3 corrections après publication

Ravi de te revoir› dis-je.
Son haut parleur vox crépita, comme l’approximation d’un rire sardonique. Je ne le voyais pas et il ne pouvait pas me voir non-plus. Il n’y avait aucune expression à lire sur mon visage de marbre, pas la moindre nuance reflétant le fait que j’étais en réalitét ravi de le voir.
Il n’était qu’une chaise, une coquille bien usinée, telle une forme flottante qui abritait et supportait les restes de son corps. Il ne m’apercevait qu’aux travers de ses relais optiques, et parlais via les circuits de son voxcom. En réalité la proue de sa chaise blindée n’était pas plus lisible ou interprétable que mes traits.
Il semblait qu’il n’avait pas entretenu sa chaise depuis un long moment l’extérieur négligé laissant apparaitre des éraflures plus ou moins profondes, ainsi qu’une peinture écaillée. Il n’avait surement pas voulu s’embêter à conserver sa sinistre apparence pour le terrain.
Des tâches de sang frais parsemaient un des côtés de sa chaise.
 — Pourquoi es-tu là ?› demanda t-il.
 — ‹Je suis venu pour te voir’
 — ‹Nous ne nous sommes pas vus depuis très longtemps, Gregor. Je m’étais attendu à ne jamais te revoir de nouveau.›
‹Les temps ont changé› lui répondis-je.

Préquelle à l’excellent Paria, Perihelion est une courte nouvelle d’une petite dizaine de pages ayant pour but de nous en apprendre plus sur les motivations qui ont poussé nos deux Inquisiteurs à s’intéresser à cet étrange et énigmatique personnage que l’on nomme Le Roi Jaune. Écrire une préquelle de quelques pages pourrait au premier abord sembler superflu, le lecteur se doutant que peu ou prou d’informations serait révélées ; mais Perihelion réussit tout de même à nous titiller d’avantage pour enfin poser les bases d’un contexte qui nous avait été amené de but en blanc avec Paria, le premier tome. Il serait d’ailleurs dommageable de parcourir ce court récit avant le plat de résistance qu’est Paria, car en réalité nous sommes ici face à une gourmandise, et en tant que telle Dan Abnett se devait de faire en sorte que nous la dégustions avec modération.

Nul révélation à vous retourner le cerveau, ici tout est dans la subtilité et l’implicite, à croire que moins l’on vous donne et plus on vous en dit. Paria avait posé plus de questions qu’il n’avait apporté de réponses, et c’est sur modèle qu’a été écrit Perihelion, ce dernier se contentant de nous apporter quelques indices sur cette trame des plus complexe. Malgré sa taille, cette courte nouvelle réussira à poser les racines d’une histoire dont les tenants et aboutissants nous sont encore inconnus.

Un commencement que nous pourrions aisément appeler « Paria, les origines » tant il évite le sujet mais se complait à nous apporter un background qui nécessairement satisfera le fan. Sans en révéler d’avantage, Perihelion mettra au premier plan Gregor Eisenhorn en pleine investigation alors que ce dernier à perdu sa rosette inquisitoriale depuis plusieurs décennies déjà. Masqué afin de ne pas révéler son identité, Eisenhorn sera néanmoins découvert et chassé par une étrange organisation n’ayant aucun lien avec l’Inquisition. Qui peut en vouloir à cet homme ne travaillant plus pour l’Imperium ? Une question qui obtiendra une réponse, et même un nom, les motivations d’un tel acte restant quant à elles très obscures. Le point de vue de Bequin sera donc clairement mis de côté alors que l’usage du « je » sera conservé pour son plus bel effet.

Que de surprises de retrouver un récit centré sur l’Inquisiteur Eisenhorn qui, pour le coup, aura laissé derrière lui sa fidèle équipe. Que les fans de Ravenor ne crient pas à l’hérétique car Gideon fera bel et bien parti de l’histoire, arrivant vers la fin alors que l’ampleur des évènements montera crescendo. Cette confrontation entre l’ancien Maître et l’Apprenti marquera d’ailleurs l’un des meilleurs passages de l’histoire, le tout n’étant pas arrivé depuis Thorn and Talon, nouvelle se situant entre Rencontres et Renaissance de la série Ravenor. Seconde rencontre (chronologique) donc pour nos deux amis devenus ennemis. Un moment aux lourdes implications pour nos deux protagonistes ayant chacun pris un chemin différent. Dan Abnett se jouera d’ailleurs de nous lorsqu’il nous donnera un nombre d’années approximatifs séparant la dernière fois qu’ils ne se sont vus.

Le talent de l’auteur ne se dément pas alors que sur quelques pages il nous offrira tantôt une petite scène de poursuite avant de terminer sa nouvelle en confrontant nos deux Inquisiteurs. Perihelion apportera quelques éléments de réponses quant à comment la trame de la trilogie de Bequin a pu démarrer, nous en donnant peu, mais assez pour nous faire saliver. La classe des deux Inquisiteurs respectif n’est plus à prouver, la plume (VO) de Dan Abnett décrivant ces personnages comme de vieux amis que nous n’aurions jamais quitté. Ayant passé l’une de mes meilleures expériences de lecture avec Paria, je ne peux que recommander cette nouvelle nous offrant une nouvelle opportunité de se (re)plonger dans ce versus historique qu’est Ravenor contre Eisenhorn.

Les plus

  • Une préquelle de bonne facture nous contant l’élément déclencheur de la traque du Roi Jaune par nos deux inquisiteurs.
  • Le point de vue d’Eisenhorn confrontant différents faits et idées.
  • Peu d’originalité mais un récit détaillé apportant rebondissements et réponses.
  • La confrontation de ces deux héros que tout ne sépare peut être pas.
  • Quelques micro-clins d’œil aux deux séries originales.

Les moins

  • Peu de prise de risque de la part de Dan Abnett.
  • Des réponses un peu absentes (qui n’ont selon moi pas lieu d’être à ce stade de toutes façons).
4/5

Faire une préquelle de Paria était ambitieux, le roman restant un mystère à lui tout seul, et pourtant Perihelion apparait comme le commencement de cette vaste trame, tenant majoritairement ses promesses en tant que nouvelle d’introduction.