Le ReclusiamCritiques des publications et Ebooks Warhammer 40 000 de la Black Library
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Vœu de Changement

Achèvements choisis :

  • Papa Abbadon : Il va y avoir du Chaos
  • Huiles essentielles : Ajouter un élément/personnage/lieu en relation avec le Mechanicum
  • Sacré-Saint : Mentionner l’Empereur
  • A votre santé : Un personnage boit ou mange quelque chose.
  • Comme si on y était : Faire une description détaillé d’un lieu, d’un décor

La pièce était inondée de blanc. Tels de multiples faisceaux argentés, la lumière se répandait à travers des centaines de lustres dans toute la salle. Dans le hall aux multiples galeries dansaient et tournoyaient les centaines de convives, parmi eux se trouvaient les plus hauts représentants de leur monde. Au milieu, blottis l’un contre l’autre, se tenaient Yurgen et Diana. Cheveux d’un brun sombre, les yeux foncés, et malgré sa modeste stature, Yurgen avait sa tête lovée dans le cou de sa tendre et douce. Tout ce qui comptait pour lui était de se tenir à ses côtés et de pouvoir à nouveau sentir son doux parfum.

Tout en se déplaçant, Yurgen pouvait voir son fils, Arzathael, qui se tenait à quelques pas d’eux. Derrière son enfant, loin, invisible pour tous sauf pour lui, Yurgen apercevait un œil figé dans un mur. L’œil mauve semblait couver Arzathael. À chaque pas de danse, Yurgen essayait de retrouver l’œil, mais il n’était jamais exactement le même, comme si une nouvelle pâle nuance de couleur venait recouvrir l’ancienne… Plus il s’efforçait à regarder, plus l’œil s’éloignait… Soudain un sifflement strident parvint à ses oreilles et Yurgen revint à la réalité, sans même avoir pu lancer un dernier regard à sa bien-aimée, défunte peu de temps après la naissance de leur fils.

Le piston devant lui venait à nouveau de se gripper empêchant alors le tendon mécanique de jouer son rôle, et de faire tourner le bras mécanique. L’aiguille du manomètre montait sans pour autant atteindre encore un niveau critique. Yurgen essaya de forcer sur l’un des nombreux leviers. Le piston ne céda pas. Pestant, il regarda vivement autour de lui à la recherche de robes rouges. Dans l’immense manufactorum se tenaient des milliers d’ouvriers, travaillant avec acharnement afin de produire blindés et autres véhicules logistiques pour la dîme mensuelle imposée à leur monde dans l’objectif de renforcer constamment l’insatiable Garde Impériale.

Parmi ces milliers d’âmes, étaient disséminés des prêtres de Mars. Ils avaient pour mission de bénir L’Esprit de la Machine, et surtout à ce que chaque cantique rituelle soit scrupuleusement effectuée. Yurgen n’en apercevant aucun, voulut régler le problème de machinerie selon une méthode peu sophistiquée, ayant l’avantage d’être simple, rapide et relativement efficace. Il prit une barre en fer qui reposait sur un établi non loin et tenta de l’abattre sur la machine récalcitrante. L’ouvrier fut stoppé dans son élan par une multitude de bras et par un regard composé de myriades d’yeux multicolores, sorte de créature sortie des pires cauchemars. Yurgen ouvrit la bouche, la referma, cligna des yeux et lorsqu’il les rouvrit, découvrit un membre de l’Adeptus Mechanicus, plus petit que lui, mais bien plus large de par les nombreux bras d’acier qui serpentaient dans son dos.

 — Tentez de vous en prendre une fois de plus à l’Esprit de la Machine, et je ferais de vous un brillant serviteur juste bon à tourner des écrous, les mots grésillaient entre les mandibules métalliques qui constituaient sa bouche. Hors de ma vue, je vais tâcher de réparer votre offense envers le Dieu Machine.

Yurgen s’éclipsa sans demander son reste, laissant là le prêtre à ses rites de maintenance. Se faufilant dans la masse humaine et entre les bras mécaniques, fourneaux, et condensateurs, thermiques l’ouvrier quitta le troisième niveau et arriva après de nombreuses autres minutes de marche jusqu’à l’entrée du manufactorum. Immense était la porte de l’usine, elle pouvait laisser passer deux chars hypers lourds de classe Baneblade en même temps.

À ses pieds se trouvait un flux de va-et-vient continu entre travailleurs éreintés et ceux qui avaient pu bénéficier de quelques heures de bref repos. Tous étaient fouillés à l’entrée par une série de servo-crânes possédant des scanners dans leurs orbites, les résultats des scanners étant envoyés à une équipe de sécurité du méchanicum non loin au cas où il y aurait quelques récalcitrants ou pire des chapardeurs. Une fois le cordon de sécurité passé, il fallait de nouveau attendre devant des sous-fifres de l’Adeptus administratum afin de faire tamponner son carnet de sortie.

Après un temps interminable, Yurgen put quitter l’énorme édifice. L’homme se dirigea lentement vers son lieu de refuge, et, lorsqu’il arriva devant la porte métallique d’un petit édifice la poussa légèrement puis entra. L’intérieur du bar était rempli à n’en plus pouvoir, il dut jouer des coudes pour arriver jusqu’à un serveur et tenter de commander un peu d’eau de vie. Ce dernier se retourna et dévisagea le client.

 — Encore toi Yurgen ? Je croyais t’avoir dit de ne plus revenir ici à moins que tu aies de quoi payer tes consommations !
 — Écoute Thobias… j’ai rêvé d’Elle… encore et toujours le même rêve… j’aurai juste besoin d’un petit remontant ! Promis une fois la paie tombée je te rembourse tout… implora l’homme désolé,
 — Tu me sors encore cette excuse ? L’aubergiste souffla. Installe toi dans un coin, je vais voir ce que je peux te ramener.

Le tavernier sorti du champ de vision de Yurgen par une porte dérobée et revint peu de temps après avec une bouteille.

 — Voilà une vieille bouteille que personne ne veut… m’enfin tu ne vas pas faire ton difficile tout de même ! Prend la et fini la cul-sec en espérant que tu oublies tes tracas !
 — Je ne veux pas l’oublier, maugréa Yurgen, il leva la bouteille jusqu’à sa bouche. Le liquide coula dans sa gorge et lui apporta un peu de chaleur.
 — Comme tu veux, mais j’espère pour toi que tu n’oublieras pas le vieux Thobias ! lança l’hôte en le quittant.

Tout en buvant, Yurgen pouvait entendre quelques des nombreuses conversations autour de lui. Certains parlaient de leurs proches ayant rejoint la non moins célèbre Garde Impériale d’autres, moins nombreux, parlaient des affaires de ce monde et s’autoproclamaient devins des malheurs à venir. Seule une poignée d’individus peu recommandables parlaient à voix tamisées et il fallut que Yurgen tende l’oreille pour saisir quelques bribes de conversations. D’une voix de rancœur mêlée avec de la crainte, ils évoquaient la présence d’hommes de l’Inquisition qui arpenteraient dans les parages, et de la baisse de leur petite affaire. Les mots ‘‘Ordo hereticus” furent prononcés à voix encore plus basse, sans que Yurgen puisse en saisir toute la portée. Jugeant les conversations peu intéressantes, il finit sa bouteille d’un trait, tenta de saluer le patron et sortit de l’auberge.

La nuit avait enfin atteint les niveaux inférieurs de la cité ruche, et il aurait presque pu faire sombre si la majorité des bâtiments n’étaient allumés. Alors qu’il se dirigeait vers son triste foyer, il passa devant une place sur laquelle était érigée une grandiose statue à la gloire de l’Empereur Dieu. Immense, lumineuse et austère, l’amalgame doré tenait fermement à deux mains une large épée dont la pointe se dirigeait vers le sol. Comme chaque soir une procession nocturne louant l’Empereur était menée par des prêtres de l’Ecclésiarchie et s’étendait sans fin. Yurgen regarda les croyants avec une certaine incompréhension, pourquoi prier un être, se trouvant à l’autre bout de la galaxie, alors qu’il ne peut rien faire pour changer leur situation misérable ?

Quelque chose attira son regard, sur l’épaule gauche de l’idole était juché une sorte de serpent avec des ailes au plumage des plus colorés. Étrange, il n’avait jamais vu d’oiseau ayant l’audace de se poser sur un tel symbole sacré, et encore moins de la sorte. Le reptile semblait vouloir lui dire quelque chose, Yurgen voulut plisser des yeux, mais l’oiseau au bec acéré s’était déjà volatilisé. Interloqué, il chercha un temps le volatile bariolé des yeux, mais en désespoir de cause, il décida de reprendre le chemin de son logement pour retrouver son fils. Tout au long du trajet, Yurgen eut l’impression d’être suivi du regard par quelqu’un, si ce n’est quelque chose, voire les deux à la fois, et il avait beau se retourner, il ne percevait rien.

Après une longue marche et après avoir descendu les nombreux sous-sols qui composaient les logements de plusieurs milliers d’êtres humains entassés les uns sur les autres, il arriva jusqu’à sa porte. Simple et vétuste, le seul rempart qu’offrait cette courroie métallique envers l’extérieur était une serrure à clé elle aussi rongée par l’usure et le temps. En pénétrant à l’intérieur de l’unique pièce, Yurgen entendit un petit braillement au fond et se dirigea immédiatement vers l’origine du bruit d’un pas rapide.

Dans un petit berceau gigotait Arzathael. Yurgen le prit tendrement et commença à le bercer. D’une de ses mains, le nourrisson caressa la joue de son père de ses six petits doigts. Ce dernier, profitant d’un rare moment de bonheur que lui offrait sa misérable existence, ne se rendit pas compte de l’apparition inexpliquée de l’appendice supplémentaire. L’affectueux câlin passé, Yurgen le nourrit avec le peu qu’il avait, de la vitamine en poudre diluée avec un peu d’eau non traitée, le remit dans son berceau et le laissa s’endormir tranquillement. Puis, l’homme prit la dernière photo de sa femme, Diana, son bien le plus précieux et alla se coucher.

La nuit était agitée, Yurgen crut d’abord à un rêve sans fin, mais peu à peu il reconnut un lieu à la fois familier et inconnu. Il était à la fois chez lui et dans le néant. Paniqué, il regarda vivement autour de lui et vit une chose multiforme qui le dévorait de ses nombreux yeux. Yurgen voulut reculer, mais il ne pouvait pas, il en était incapable.

 — Bienvenue, émit une des bouches de l’entité, n’aie pas peur je ne te veux aucun mal insinua un bec.
Yurgen eut du mal à trouver ses mots, il demanda piteusement, Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?
 — Je ne suis que l’émanation de ton souhait le plus profond, changer de vie et retrouver celle que tu aimes, prononcèrent deux trous acérés de crocs.
 — Comment ? Même ce qu’ils appellent l’Empereur ne pourrait pas réaliser un tel miracle !
 — L’Empereur n’est pas un Dieu, persifla la chose, le mien lui en a le pouvoir… mais il souhaite quelque chose en échange… prévint l’être surnaturel.
 — Qu’est ce donc ? s’enquit l’homme le cœur battant.
 — Ton enfant, Arzathael possède un don psychique rare, mon Dieu a de grands projets pour lui. Remet le moi, et j’exaucerai ton vœu.
 — C’est tout ce que je possède ! mâcha Yurgen.
 — Ne t’inquiète pas, mon Dieu prend soin de tous ses serviteurs, récita une nouvelle bouche.
 — Je… Vraiment ? commença Yurgen… est-ce que vous tiendrez promesse ?
L’entité démoniaque se pencha en avant, posa un de ses bras tentaculeux sur l’épaule du mortel, et lui susurra à l’oreille «ton souhait sera exaucé, sois en certain

Interdit, Yurgen ne trouva pas la force de regarder la chose surnaturelle droit dans les yeux, il ferma les yeux, réprima une larme puis, enfin, acquiesça de la tête. Quand il rouvrit les yeux, Yurgen se trouvait chez lui. En face, le démon tenait le bébé entre ses nombreux bras. Arzathael réveillé, n’était pas effrayé, et semblait même heureux.

 — Mon Dieu, Tzeentch, te remercie, déclarèrent en même temps toutes les voix.

L’instant d’après, une brume aux teintes bleutées voire violettes les entoura puis le démon et Arzathael disparurent du monde des mortels. Il faisait sombre dans la pièce, Yurgen, seul, était assis sur une chaise. Cela faisait un temps maintenant qu’il contemplait sans relâche le visage de sa chère Diana. Soudain, il entendit frapper à sa porte et une voix en même temps forte et métallique se fit entendre,

 — Ici l’inquisiteur Jölan, au nom de l’Empereur vous êtes accusé d’hérésie, pacte avec des entités warp, et de dissimulation de psyker, ouvrez !

Yurgen se leva, la photo de sa femme à la main, puis se dirigea vers la porte. Un bruit de souffle se fit entendre, le métal fondu, surchauffé de la porte vola en éclat dans toute la pièce. Et tout devint noir.