Critique de L'Armure du Mépris par Drystan
Publié le Mardi 21 janvier 2014— Putain, murmura Kolea. Je crois qu’on sait où sont passés les gens.
À côté de lui, Varl fixait avec horreur les vestiges désarticulés des dépouilles, les orbites creuses, les bouches béantes, les côtes brunies. Les autres soldats, à qui la mort n’était pas non plus étrangère, restèrent frappés de la même fascination morbide.
Des arbres, repensa soudain Kolea, en avalant sa salive et essayant de remettre son cerveau en mouvement. Pourquoi j’ai cru voir des arbres ?
Il leva les yeux et vit les trois gibets élancés dressés devant la fenêtre du hall. Le bois dont ils étaient faits paraissait sombre, comme imbibé de sang. Des pantins de métal décharnés y étaient suspendus à des cordes d’acier, silencieux et apathiques, tranchant sur la couleur de la cour.
— Varl vit ce que Kolea étudiait du regard. L’expression choquée qui s’était attardée sur son visage se transforma en peur.
— Gol, murmura t-il en reculant très lentement et en essayant de faire reculer les autres avec lui. Gol, pour l’amour du Trône… C’est ça, des lycanthroïdes.
Ce tome ouvre la seconde partie du Cycle des Égarés. Ultérieurement à la lecture de ce chef d’œuvre, j’ai vraiment senti que les aventures des fantômes avaient encore passé un cap. En effet, la trame générale autour des fantômes prend des tournures de plus en plus sombres et ne laisse guère plus de place à l’espoir. Les fantômes se battent pour leurs vies, pour le salut de leurs âmes et non pas pour la gloire.
Ainsi, voici que le Premier Unique est affecté au sein de la force armée chargée de libérer Géréon de l’influence du Chaos. Cette fois-ci c’est bien le régiment entier qui aura droit à sa part d’horreur, car il faut savoir que les survivants du petit commando de fantômes du roman Le Traître en sont revenus. Depuis leur périple au cœur de Géréon ces derniers sont néanmoins en retrait de leurs camarades. Cette mission est donc le moment idéal pour mettre le régiment sur un même pied d’égalité concernant l’horreur vécue. Malheureusement je ne vais pas pouvoir vous détailler plus l’histoire de peur de vous spoiler.
En résumé, la mission consistera à sauver une planète impériale ayant été contaminée par le chaos. Cette dernière étant tellement affectée, au niveau de son environnement ou de ses habitants, qu’au final un exterminatus semblera une solution envisageable. Ainsi le roman sera très éprouvant pour le lecteur, la détresse des personnages et de cette planète nous touchant de plein fouet. L’ennemi dévoilera sa nature insidieuse et malsaine pour notre plus grand (dé)plaisir.
L’écriture de ce roman est peut être la plus sombre de toute la série, cela pourra s’expliquer du fait que l’auteur lui même fut malade pendant son écriture, Dan Abnett l’avouant lui même dans sa préface.
Autre particularité de ce roman, la narration se fera à partir de deux points de vues différents. D’une part, nous aurons le Colonel Commissaire et ses vétérans, et de l’autre Dalin, fils adoptif de Caffran et Tona Criid. Pour ceux ayant sauté un épisode, Dalin est le fils véritable du Major Kolea. Une vérité que ce dernier avait initialement décidé de cacher avant de recevoir un shrapnel en pleine tête qui affecta sa mémoire.
Voilà pour le rapide rappel. Quoi qu’il en soit Dalin sera désormais assez grand pour être confronté à la guerre cependant que ce dernier ne la découvrira pas en tant que fantôme mais en tant que cadet de la garde impériale. Ainsi vous découvrirez au gré de la lecture comment sont formés les gardes impériaux. La chose est plutôt violente…
En introduisant un «nouveau» personnage et en lui donnant de nombreux passages dédiés, Dan Abnett nous fait certainement passer un message. Ce dernier pourra être interprété à la fois comme un espoir, mais aussi comme un mauvais présage. L’espoir de se dire que malgré la destruction de sa planète un enfant puisse grandir parmi les fantômes et gagner sa place dans ce régiment désormais émérite. En parallèle, l’arrivée de cette nouvelle génération pourra signifier la fin de l’actuelle, arrivée en bout de rouleau.
Les scènes de batailles resteront très présentes et décrites avec précision tandis que certains fantômes du passé ressurgiront. Encore une fois chapeau bas à Monsieur Abnett.
Les plus
- L’apparition ou la prise de profondeur de certains personnages, Dalin par exemple, mais aussi Kexie et son tic de langage.
- Le partage de la narration.
- Le retour sur Géréon, qui est un fait marquant dans l’histoire du régiment.
- Un style fluide et maîtrisé.
Les moins
- J’ai eu du mal à travers ce roman à percevoir une avancée dans l’intrigue générale.
Encore une fois la magie Abnett opère, signant là un des romans les plus aboutis de la série avec son intrigue des plus sombre. Un très bon roman qui se lira sans modération.