Contre le Bien Suprêmepar  Asafa

Achèvements choisis :

• Mort aux Xenos  : Inclure du Xenos
• Papa Abbadon : Il va y avoir du Chaos
• Comme si on y était : Faire une description détaillé d’un lieu, d’un décor

L’hologramme clignota, illuminant le visage d’Au’taal Resh’dis qui se tordit de colère. Sa mâchoire se serra tandis que ses yeux se plissèrent et il laissa échapper un râle. Les reflets rougeâtres accentuaient les traits rudes du membre de la caste de feu et ce dernier se redressa d’un coup, faisant tomber bruyamment sa chaise.

 — Je suis sûr que tu as triché, Num’Manta !

La jeune Tau s’esclaffa alors que l’hologramme de leur partie de Kor’Vancha’A, un jeu reproduisant les engagements entre navires de guerre particulièrement populaire au sein de l’Empire, reprenait une teinte moins agressive. Son rire cristallin résonnait dans la pièce exiguë à la décoration spartiate et cela ne manqua pas d’irriter d’avantage le guerrier Shas’la. Ce dernier fit d’ailleurs volte-face, écartant les bras pour marquer son incrédulité.

 — Ne ris pas ! Tu ne peux pas m’avoir encore battu ! Je suis le meilleur de mon unité !
 — Ton unité est mauvaise, dans ce cas !

La pilote rit de plus belle alors que le guerrier se retourna pour fixer l’extérieur par la verrière de la cabine de son amie. Cette dernière était recroquevillée sur sa chaise, riant de toutes ses dents de la réaction d’orgueil du combattant. Elle finit par se calmer et elle se redressa pour le rejoindre, observant l’espace à ses côtés. Bien que plus petit qu’elle de quelques centimètres, le guerrier massif à ses côtés donnait l’impression de dominer la pièce de sa présence. Avec tendresse elle glissa sa main dans celle, plus large et calleuse, d’Au’taal.

 — Tu boudes, soldat ?
 — Je n’aime pas que tu dénigres mes frères.
 — Tu sais que je ne le pense pas.
 — Peu importe…
 — Excuse-moi.

La main libre de Num’Manta glissa alors sur la joue d’Au’taal, son long doigt gracile courant dans les irrégularités de la cicatrice qui descendait jusque dans son cou. Leurs regards se croisèrent et, durant un instant, ils restèrent silencieux. Puis, le Shas’la baissa les yeux et s’éloigna d’un pas de la jeune pilote.

 — Nous… Nous ne devons pas…

Le large sourire de Num’Manta s’effaça alors pour laisser place à un air subitement morose. Elle joignit ses mains devant sa poitrine et regarda avec mélancolie à son tour vers l’extérieur.

 — Tu as raison.

Ensemble, ils restèrent ainsi silencieux de longues secondes, observant par le hublot les trajets des navettes entre l’avant-poste Kei-Shui III et leur croiseur en orbite. Mais alors que les deux Tau étaient plongés dans leurs pensées, la carlingue du vaisseau fut parcourue d’un tremblement, semblable à un spasme. Les deux Tau manquèrent de chuter alors qu’un grincement retentit. Le vaisseau fut plongé alors dans l’obscurité durant une seconde et des hologrammes bleus illuminèrent la pièce d’une lueur pâlotte, projetant des messages d’informations depuis la console près du sas d’entrée.

 — Qu’est-ce qu’il se passe ?
 — Une alerte.
 — Je sais que c’est une alerte, Au’taal ! Ce code Aiguillon, à quoi il correspond ?
 — Un abordage…

Num’Manta se raidit, portant ses mains à ses lèvres alors que le Shas’la s’affairait déjà à enfiler son armure de combat. Elle était tétanisée par la peur. Elle fit un pas vers lui et posa sa main sur son épaule, cherchant son regard.

 — Au’taal ! J’ai…
 — Ne t’en fais pas, Num’Manta… Je veille sur toi.

Le guerrier s’était retourné pour faire face à la pilote et il la gratifia d’un rare sourire empli de bienveillance. Il saisit fermement les avant-bras de la Tau pour la rassurer et cette dernière se sentit subitement mieux.

 — Aide-moi à enfiler mon armure, tu veux bien ?
 — D’accord…

L’assurance du soldat lui avait redonné un peu de baume au cœur et elle s’affaira à lui tenir chacune des pièces de son armure pour l’aider à les enfiler au plus vite. Alors qu’il ne lui restait plus que son casque à mettre, un hologramme projeta le visage d’un éthéré juste devant eux. Cette apparition subite d’un de leurs guides les soulagea un instant, sentiment fugace bien vite supplanté par l’inquiétude devant l’air sévère de l’éthéré.

 — Mes frères, mes sœurs. Nous sommes attaqués par de vils félons qui remettent en cause le Bien Suprême. Notre voie est…

La communication se coupa brutalement et une nouvelle secousse ébranla la carlingue du vaisseau, faisant perdre l’équilibre au couple de Tau. Au’taal fut le premier debout, tendant sa main à Num’Manta pour l’aider à se relever. Il tenait désormais fermement sa carabine à impulsion et il la tira sans ménagement vers lui. D’un doigt, il déverrouilla la console murale pour accéder à des informations sur le vaisseau. Plusieurs hologrammes bleus du vaisseau flottaient désormais autour de lui et de nombreuses zones du croiseur étaient en surbrillance rouge. Il ne fallut que quelques secondes pour que le Shas’la éteigne tout ça et se retourne vers la pilote. Il parlait calmement, avec une résolution certaine. Il dégageait un sentiment de sérénité, de maîtrise qui rassura la jeune Tau.

 — Il faut que tu m’écoutes très attentivement, Num’Manta. Nous allons sortir de cette pièce et nous allons devoir traverser un véritable enfer. Il va y avoir des coups de feu et probablement des morts. Mais si tu restes toujours près de moi, nous allons nous en sortir.
 — Euh… D’accord.
 — Bien. Le vaisseau est perdu. Ceux qui nous attaquent ont déjà détruit le pont de commandement et procèdent à un nettoyage méthodique.
 — Les capsules de survie ?
 — Nous n’atteindrons pas la baie d’évacuation.

Le désespoir saisit la pilote lorsqu’elle entendit ces mots. Elle manqua de tomber en arrière tandis que ses pensées s’embrouillaient. Soudain, la poigne du guerrier se raffermit douloureusement autour de ses avant-bras. En grimaçant, elle tente de percer une quelconque émotion derrière le casque du Shas’la, en vain.

 — Reste concentrée, Num’Manta ! Nous n’allons pas à la baie d’évacuation. Nous allons aux hangars antigrav.
 — Mais…
 — Là-bas, nous prendrons un Devilfish pour rejoindre l’avant-poste. La majeure partie de nos troupes s’y trouve, on sera en sureté. Fais-moi confiance, d’accord ?
 — Oui… Au’taal ? J’ai… J’ai peur.
 — C’est normal. Mais nous allons nous en tirer.

Le guerrier ouvrit alors la porte de sa chambre pour arriver dans le couloir. L’éclairage était crépitant, signe que les systèmes vitaux du vaisseau étaient endommagés et des chemins d’évacuation de couleur rouge projetaient une lueur inquiétante sur le couloir. À peine furent-ils dehors que l’ampleur du désastre saisit les deux Tau. Au bout du couloir à leur gauche, plusieurs cadavres de Kroots et de Tau de la caste de la Terre et de l’Eau jonchaient le sol. Sans ménagement, Au’taal poussa Num’Manta dans la direction opposée.

C’est alors qu’il apparut, passant le détour du couloir. Un colosse, dotée d’une armure carmin et noir aux épaules démesurées, recouvert de marques et d’insignes diverses, de cornes et de chaînes, s’avançait d’un pas lourd qui résonnait dans le couloir. Le claquement de ses immenses bottes surpassait même le couinement des alarmes et, durant un instant, Au’taal resta interdit face à cette apparition cauchemardesque. Bien que ce ne soit pas sa première mission, il n’avait jamais croisé encore un être aussi inquiétant et une terreur enfouie le saisit durant un instant. Ce n’est que lorsqu’il sent la poigne de Num’Manta sur son bras qu’il reprend le contrôle. L’être face à lui continue d’avancer implacablement dans leur direction et il brandit un énorme fusil. Dans un geste réflexe, le Shas’la tape à l’aide de la crosse de son arme sur le boitier de commande du mur et en un clin d’œil, des plaques métalliques sortent du sol pour offrir un couvert au duo.

La détonation retentit dans un grondement de mort et des morceaux entiers de la plaque sont alors violemment arrachés. Dès que le déluge de fer et de feu s’arrêta, Au’taal sortit de son couvert pour envoyer une rafale sur son adversaire. Les projectiles aux reflets bleutés fusèrent à travers le couloir et touchèrent à plusieurs reprises le guerrier titanesque. Ce dernier ne broncha pas aux premiers impacts, se contentant de continuer de recharger son arme négligemment. Puis, enfin, un des projectiles fit vaciller sa cible, perçant un trou dans son armure au niveau du torse. Mais l’être ne sembla pas être blessé, se contentant dans un grondement effrayant de relever son arme dans la direction du Shas’la.

Les couverts étaient quasiment tous détruit autour des deux Tau et le guerrier comprit qu’ils étaient condamnés si son adversaire tiraient une nouvelle rafale. Dans un mouvement réflexe, il bascula sa carabine en mode lance-grenade et le projectile photonique fila sur sa cible avant que ce dernier n’ait eu le temps de faire feu. L’explosion fut aveuglante et Num’Manta fut projetée au sol. Lorsque la fumée se dissipa, le colosse gisait au sol dans une flaque de sang noirâtre, une large partie de son torse ayant été arrachée.

Au’taal reprit sa respiration, haletant alors que des gouttes de sueur perlaient sous son casque. C’est alors que Num’Manta le tira par la manche en arrière.

 — D’autres arrivent !

Effectivement, au bout du couloir, trois nouvelles silhouettes s’avançaient du même pas implacable que leur prédécesseur et ils ouvraient déjà le feu sur le couple. Sans attendre, ils prirent leurs jambes à leur cou et filèrent à l’opposé de ces monstres de métal.

Les couloirs se succédaient à toute vitesse quand ils atteignirent enfin le hangar antigrav. Là, ils remarquèrent qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir eu cette idée. Un vespide, deux kroots et une douzaine de Tau des castes de la Terre et de l’Eau se cachaient là, derrière des caisses de matériel. Haletant, le duo prit une seconde pour reprendre son souffle en observer la pièce.

 — Mince… Je suis la seule à savoir piloter…
 — Tu crois pouvoir t’en sortir ?
 — Oui. Je n’ai piloté que des petits engins de transports, jusqu’à présent, mais je devrais pouvoir m’en sortir.
 — Parfait. Je rassemble ces gens alors.

Puis, Num’Manta se dirigea alors vers un tank Devilfish et en commanda l’ouverture. Le sas arrière s’ouvrit bruyamment et révéla un intérieur exigu. Pendant ce temps, Au’taal avait regroupé les civils pour les faire monter dans le tank.

 — Ecoutez-moi, le vaisseau n’est plus sûr. Il y a suffisamment de guerrier de la Caste de Feu sur l’avant-poste pour tous vous protéger en attendant l’arrivée de secours. Montez dans le tank, nous allons partir.

La voix douce de Num’Manta rassura un instant le petit groupe qui se tassa à l’arrière du véhicule antigrav.

 — Tu ne montes pas ?
 — Si. Je vais juste activer ces drones de combat histoire qu’ils fassent payer à ces enfoirés. Fais démarrer l’appareil, j’arrive.

La pilote inclina la tête pour marquer son assentiment, le regard emplit d’une résolution nouvelle mais aussi de sentiments forts à l’égard du guerrier. Ses doigts glissèrent dans la paume d’Au’taal, qui sourit pour marquer son assentiment, le regard emplit d’une résolution nouvelle mais aussi de sentiments fort à l’égard du guerrier. Ses doigts glissèrent dans la paume d’Au’taal, qui sourit sous son lourd casque de combat. Après un instant à rester ainsi silencieux, Num’Manta se retourna vers le tank et grimpa dans celui-ci. Elle commença à manipuler les commandes pour le faire décoller, et après un temps d’adaptation, l’antigrav répondit enfin en se soulevant bruyamment dans les airs.

Le Shas’la s’occupait de programmer les drones lorsque le coup de feu retentit. Une violente douleur le saisit et il chuta lourdement. Le battement de son cœur ralentit et sa vision se brouilla alors que le temps semblait ralentir autour de lui. Il n’entendait plus qu’un vrombissement lointain alors qu’il aperçut le Devilfish filer à travers le sas du hangar, révélant la surface de la planète. Il laissa échapper un soupir alors que sa tête, désormais trop lourde, tombait sur le côté. Sa dernière vision fut une botte massive carmin avec une étoile noire à huit branches s’arrêter juste à côté de lui.