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Critique de Les Dieux de Mars par Maestitia

Publié le Dimanche 2 août 2015 | 13 révisions avant publication | 3 corrections après publication

 — Je vous promets que je répondrai à toutes vos questions en temps et en heure Archmagos, répondit Telok dont les cristaux pulsaient comme des épis de lumière. Je le ferai, croyez moi, tout deviendra limpide lorsque je vous montrerai le Souffle des Dieux.
 — Et ce sera pour bientôt ?
Telok ne répondit pas et guida leur course aux travers de la structure qui les enfermait. Une partie du vaisseau de cristal accosta sur une énorme zone métallique semblable à celle où le thunderhawk des Black Templars avait atterri.
Au centre de cette surface, un dôme colossal à l’apparence argenté était installé. Il était au moins de quatre kilomètres de diamètre dont un quart en hauteur. Est-ce que les dimensions de cette construction pouvaient être extrapolées à que ce qui pouvait se cacher à l’intérieur ?

La grandeur du dôme coupait le souffle. Le vaisseau de cristal glissait sans effort à travers les airs tout en se rapprochant. Kotov remarqua qu’il y avait bien plus qu’une fine ligne de bouclier énergétique, mais des myriades en réalité. Des couches et des couches de boucliers recouvraient le dôme, même les valons sacrés du mont Olympus n’en disposait pas d’autant. Peu importe ce qui reposait au-dessous, cela devait forcément être d’une immense valeur.
 — Est-ce que le Souffle des Dieux se trouve à l’intérieur ? demanda Kotov.
 — En effet, dit-il, grimaçant et découvrant ses dents à l’apparence de porcelaine émoussée. Désirez-vous le voir?
 — Plus que vous ne pouvez l’imaginer.

Impossible de nier l’impatience de lire ce tome. En tant que dernier tome de la trilogie, cet opus a pour mission de finir en beauté les aventures exceptionnelles de l’archmagos Kotov, ainsi que de tous les personnages encore présents, mais en plus, de faire disparaître le mystère autour du Souffle des Dieux. Autant dire que ce troisième tome est attendu comme l’omnimessie.

Afin de me racheter auprès de vous après cette boutade, je vais tenter de résumer l’inrésumable afin de rafraîchir vos méninges.

Premiers pas sur Exnihlio : Kotov rencontre enfin l’individu responsable de toute cette épopée. Dans le même temps, les Eldars guidés par la prophète Biellana sont désormais au sein du Sperenza incognito. Dans le même temps la disparition de la cartographe Lynnia Tychon, suite à son échange avec la machine Galatea, bouleverse son père Vitalli, et bien plus encore. L’équipage du Renard, quant à lui, est réduit suite aux récents affrontements, de même que les Black Templars ainsi que les forces cadiennes. Concernant Abrehem, sa destinée est toujours un mystère…

En tant qu’auteur accompli, Graham va prendre les cents premières pages du roman pour passer en revue les différents protagonistes de l’aventure, ainsi que leurs progressions respectives. Vous aurez donc droit à un récapitulatif, très bien mis en place en début de lecture comme on aurait pu s’en douter — c’était nécessaire.
Rappelons que la saga de Mars était initialement prévue comme trilogie, puis est passée à seulement deux tomes pour finalement être revue en trois opus. À la relecture de la saga dans sa totalité, je pense que cela se ressent. En effet, une petite synthèse est toujours la bienvenue, mais lorsqu’elle atteint la centaine de page (sur trois cents en version originale), on est en droit de se demander si l’auteur n’a pas eu les yeux plus gros que le ventre.

Le récit, bien que solidement construit, oscille souvent à cause du nombre conséquent d’histoires alternatives à la trame principale. On se perd parfois, mais l’auteur sait comment capter notre attention avant que l’on ne décroche. Je pense bien sûr au spectacle que nous offre McNeill, lorsque le Souffle des Dieux est enfin révélé — on apprendra même les origines mystérieuses de cet artefact antédiluvien ; origines qui n’étonneront pas les mordus de technologie anciennes…

Vient donc se rajouter à la liste des personnages, un mystérieux protagoniste, dont la représentation est toujours faite avec talent. Mélange de prophète paria et de déviant mystique, c’est un personnage qui impose son importance immédiatement et guide à lui seul, la trame de l’histoire. À cause de cette apparence malsaine, le lectorat se posera vite des questions à son sujet, et c’est à ce moment précis que le rythme s’accélère.

Les événements s’enchaîneront les uns avec les autres avec rapidité, si bien que parfois, on ne ressentira pas toute l’intensité qui leur sont dus. Graham use donc de descriptions poignantes, afin de nous aider à visualiser les lieux et de les associer aux personnages. En effet, après la moitié du roman engloutie, chaque groupe aura une localisation bien particulière — cela permet de découvrir de nouvelles zones du Speranza, ainsi que sur Exnihlio.

C’est là que le plus gros travail de Sieur McNeill est visible : réussir à lier tous ces fils narratifs en un climax cohérent et dynamique. Force est de constater qu’il n’est pas aisé de réunir ce qui a été trop éparpillé. Certes, certaines conclusions sont réellement épiques, mais aussi prévisibles. On se doute bien que les Black Templars restants vont finir dans un baroud d’honneur badass, alors que tout explose ou s’effondrera autour d’eux… une fin digne du 41ème millénaire ; mais ce dont on ne se doute pas, c’est leur alliance improbable qui arrivera comme un baneblade lancé à plein régime dans le fluff de mon enfance, réduisant à néant le grimdark de mes croisés casqués favoris.

Là où McNeill parvient aussi à nous envoûter, demeure dans sa capacité à rendre les machines humaines. On peut prendre Lexell Kotov pour témoin. Chez lui va s’opérer un changement de comportement, que ce soit au niveau de ses dires, de ses actions ou même de son ressenti, le prêtre de Mars se voit perdre son manteau de guide arrogant et présomptueux, pour être remplacé par un couard capricieux à la limite de l’idiotie. Le bon côté d’avoir des machines personifiées, est qu’il est plus aisé au lecteur de se projeter. L’inconvénient, c’est qu’il atomise le principe même de machine, tel qu’on peut le lire dans l’univers de 40k.

Encore une fois, on peut témoigner que l’auteur fait le choix de transgresser délibérément certains aspects du background, afin d’obtenir un récit plus malléable.
Cette saga, et plus particulièrement ce tome, sont très difficile à juger puisque nous avons affaire à un auteur dont le talent n’est plus à remettre en cause, mais dont les profanations fluffiques sont légions (Les Morts Oubliés où l’inoubliable boulette d’adamantium) !
Alors certes, ce roman est très bien écrit et parvient à se sortir des clichés, mais prend le parti de travestir un héritage sous-exploité à des fins de simplicités narratives.
Le voyage est, malgré tout, fantastique et le combat final est digne de votre impatience. Graham parvient à nous faire vivre quelque chose de nouveau et on le ressent à coup sûr. En bien ou en mal, vous parlerez de ce dernier tome.

Les plus

  • La pléthore de personnages restants vont avoir leurs "quarts d'heure de gloire".
  • Les mystères s'étiolent et la vérité du Souffle des Dieux éclate !
  • Richesse indéniable. Fluff, mise en scène, immersion descriptive : on est dedans.
  • Les Eldars encore plus présents.
  • Les alliances de circonstance.

Les moins

  • L'éparpillement scénaristique : difficile de suivre toutes les histoires avec la même intensité.
  • Profanation blasphématoire du fluff Black Templar.
  • Fin évidente.
4/5

Vous voici à la fin d'une véritable épopée galactique au 41ème millénaire. Avec Les Dieux de Mars, Graham McNeill scelle une trilogie innovante dont la richesse n'a fait qu’accroître au fil des tomes. La fin de ce voyage est riche en événements, mais raffinée par son contenu. Un roman qui vous poussera à relire la saga, mais qui souffre dans sa composition de trop nombreuses dispersions.