Critique de Fulgrim : Le Phœnix Palatin par Maestitia
Publié le Vendredi 7 novembre 2025 | 5 corrections après publicationLes Sabaziens demeurèrent silencieux un instant. Puis l’un d’eux prit la parole :
— Nous aussi, seigneur Phénicien. Mais nous ne sommes pas obligés d’être ennemis.
Fulgrim leva les yeux. Il perçut le vrombissement de moteurs en approche. Le Firebird arrivait au niveau de la zone d’atterrissage prédéterminée, un peu plus loin dans les montagnes.
— Vous avez un choix à faire, dit le Primarque. Je ne tarderais pas, à votre place.
C’était un défi, et un avertissement. Il avait su, avant même de venir en ce lieu, qu’il ne trouverait aucun terrain d’entente avec ces hommes. Mais ils constituaient une inconnue, un élément irritant de par leur ambiguïté. Il fallait qu’il sache à qui il avait affaire. À présent, il avait pris leur mesure. Des idéalistes et des démagogues, plus dangereux, à leur manière, que Bucepholos et ses pairs si on les laissait agir à leur guise.
— Et si nous faisons le mauvais choix ?
Fulgrim sourit.
— Ne faites pas le mauvais choix. Acceptez votre destin. Inclinez la tête, et consolez-vous en sachant que je partage vos objectifs. Car si vous refusez, votre confrérie disparaîtra pour de bon cette fois-ci.
Grosse déception.
Aussi fade que celui consacré à Guilliman.
J’entends par là que, bien que le Primarque soit au cœur du récit, ce dernier ne brille jamais.
L’histoire est simple : Fulgrim, conscient de diriger une Légion qui a encore tout à prouver, cherche désespérément à s’imposer. Il veut s’extraire de l’ombre d’Horus et de Russ, qu’il admire autant qu’il envie. Pour cela, il se lance dans un pari absurde : soumettre une planète entière en trente jours, accompagné de seulement huit Emperor’s Children.
Péché d’orgueil, nous voici.
Mais si ce n’était que cela… C’est surtout le contexte qui nuit profondément au roman.
La planète choisie n’a ni personnalité ni substance. Byzas n’est qu’un décor de carton-pâte servant de prétexte à une avalanche de comparaisons et de descriptions artificielles, sans jamais susciter la moindre immersion.
Tout n’est pourtant pas à jeter.
Le contexte génétique des Emperor’s Children, minés par une dégénérescence du patrimoine génétique, constitue l’un des rares aspects intéressants du roman.
Ce fil narratif met en valeur Fabius Bile, l’apothicaire en chef, sans doute l’un des personnages les plus fascinants du récit. Lucide, méthodique et étrangement fragile, il est le seul à véritablement incarner la tragédie biologique et morale de la Légion.
Il est ostracisé par ses frères, surnommé « l’Araignée » pour ses membres supplémentaires et ses habitudes solitaires. C’est d’ailleurs l’un des rares moments où le livre parvient à instaurer une ambiance un tant soit peu malsaine et captivante.
Mais encore une fois, le roman manque d’enjeux véritables.
À la place, nous suivons un Fulgrim englué dans des intrigues politiques sans saveur, manipulant des familles aristocratiques aussi creuses que prévisibles, toutes obsédées par leur part du pouvoir.
Le résultat : des dialogues interminables, souvent pompeux, rarement inspirés.
Au final, nous n’apprenons rien de nouveau sur la Légion ni sur son Primarque.
Fulgrim et ses fils se complaisent dans une illusion de perfection, se drapant dans un vernis d’excellence qui dissimule mal leur orgueil blessé et leur incapacité à atteindre l’idéal qu’ils prétendent incarner.
Un paradoxe passionnant sur le papier, mais mal servi par une écriture sans éclat, ni vision, ni tension dramatique.
L’ouvrage se contente de dérouler une intrigue politique sans tension, où le Primarque apparaît plus comme un mondain vaniteux que comme un vilain plein de panache.
Fabius Bile, paradoxalement, en ressort bien plus charismatique et intéressant que son propre maître.
En somme, un roman anecdotique, oubliable, qui échoue à rendre justice à la complexité et à la grandeur tragique de Fulgrim.
Les plus
- Bonne idée de départ : un Fulgrim encore avant la corruption, en quête de légitimité.
- Fabius Bile apporte une vraie complexité morale et scientifique.
- Quelques passages introspectifs réussis sur la perfection et l’échec.
- Tentative (louable) de montrer le Primarque dans sa phase la plus humaine, avant la décadence.
Les moins
- Intrigue molle et sans enjeux.
- Planète et contexte dépourvus de relief.
- Dialogues longs, pompeux, souvent inutiles.
- Fulgrim capricieux : plus vaniteux que fascinant.
- Manque total d’intensité et de tension dramatique.
- Aucune révélation majeure sur la Légion ou son héritage thématique.
- Style de Josh Reynolds fonctionnel, mais sans souffle.
Fulgrim : Le Phénicien Palatin est un roman frustrant. Sur le papier, tout semblait réuni : un Primarque mythique, un thème central (la quête de perfection) et une Légion rongée par la dégénérescence.
Mais Josh Reynolds ne parvient jamais à transcender ces éléments. Il effleure la surface du Primarque sans oser plonger dans sa folie latente, ni dans la beauté morbide qui fera de lui l’archétype du déchu magnifique.
