Nous sommes le marteau de l'Empereurpar  Thomas Planquette

La coque du véhicule gémissait suite aux frottements de son entrée dans l’atmosphère. Au dehors, le bruit des flammes rugissait. Les vibrations incessantes de l’appareil ne semblaient pas gêner outre mesure les occupants du Module d’atterrissage.

Moins de quelques minutes s’étaient écoulés depuis le largage du module, depuis les flancs de l’escorteur en orbite. La flotte rebelle les avaient pris au dépourvu, nécessitant ce largage d’urgence. A peine avaient ils eut le temps de dire leur serment de l’instant.

 — J’espère qu’ils s’en tirent mieux que nous…, pria Jigme Norbu , archiviste au service des Sons of Duty depuis près d’un siècle.

Le marine ne cessait de manipuler le chapelet de perle de bois, colifichet rituel de sa planète natale, tout en marmonnant des mantras de protection. Son armure était entièrement recouverte de noir, hormis son bras gauche, gainé d’écritures argentés. Bien qu’il portât la même livrée que ses compagnons de voyage , il n’en était pas pour autant frère de chapitre.

Tel était l’étrange fraternité des membres de la Deathwatch , regroupement improbable des fils de l’Empereur de tout horizon , réunit dans un seul et même but : détruire la menace xénos.

 — A ta place je ne m’inquiéterai pas trop pour eux, ils ont au moins le contrôle de leur destin., lui répondit avec un sourire malicieux Tom DeGuise, le Star Warden. Une jeunesse passée parmi des contrebandiers de l’espace avait forgé son caractère et son irrépressible envie de faire de l’humour. Il imita alors la voix d’une jeune recrue de la Garde Impériale :
 — Sergent, à chaque fois que nous effectuons un largage orbitale c’est pire que la fois précédente ! Pourquoi nous Sergent ?!
 — Une simple question de chronométrage, petit.» répondit laconiquement le massif marine à la peau d’onyx et aux yeux de braise.

Pas le moins du monde dérangé par les soubresauts de l’appareil, le sergent Genuous Turt’el du chapitre des Salamanders, lisait une dernière fois sur une cybertablette les informations qu’il avait sur leurs cibles. Plusieurs semaines auparavant une rébellion s’était déclarée parmi les Forces de défenses planétaires de Antasia IV. Les augures de l’Ordo Xénos avaient découvert des schémas dans la rébellion suggérant, et cela avec un très haut taux de probabilité, une manipulation d’un culte genestealer. La mission de l’Alpha Team était simple : s’enfoncer dans les lignes rebelles, trouver le patriarche genestealer et supprimer le meneur de la rébellion avant qu’un mal plus dangereux atteigne la planète.

++ IMPACT AU SOL DANS 5 MINUTES ++ égrena l’Esprit de la Machine du Module d’une voix froide.

 — Quelqu’un pourrait l’empêcher de faire ce bruit désagréable ? maugréa d’une voix chaude le marine juste à gauche du sergent. Il avait le crâne rasé et sa longue barbe était séparée en deux tresses. Hrotgar «One Fang» Grimnarsson était un ami de longue date du Salamander, leur chemin s’était croisé sur Armageddon et depuis une solide amitié les liait. Le surnom du Space Wolve venait d’une de ses canines manquantes, désormais remplacés par une représentation en acier de son ancien croc. A cause de ses croyances fenrissiennes il l’avait entièrement recouverte de runes protectrices. Il nettoyait sa hache en jetant un regard amusé à son vis à vis.

Myk Patrius Tomaria, des Nero’s Warriors , ronflait tranquillement dans son arceau de sécurité ,tout en ne lâchant pas son Bolter lourd à suspenseur. Le «fier» descendant de Roboute Guilliman avait pour habitude de s’assoupir avant chaque combat, ce qui n’enlevait en rien de son incroyable efficacité en tant que Devastator du groupe.

 — Chacun de nous se concentre à sa manière One Fang, respecte cela s’il te plaît. lui répondit le sergent vétéran, en accentuant sa remarque d’un regard appuyé, suggérant par cela que sa demande respectueuse n’en était pas une.
 — Décidément pas très aimable renchérit Myk, en entrouvrant un œil, «One Fang est le Space Wolve le plus désagréable que j’ai rencontré …et pourtant, la concurrence est rude.»
 — Il suffit mon frère lui répondit le sergent, souriant. «Tu ne peux pas te retenir de plaisanter, hein, One Fang ?»
 — C’est vrai. Je me demande comment tu me supportes…»
 — Moi aussi, lui renvoya le salamander sans cesser de sourire. «La peur peut être ?»

Sortant de ses prières, et ayant entendu l’échange amical entre les deux amis , Jigme énonça l’un des nombreux proverbes de son chapitre :

 — Méfie-toi de la joie qui n’est pas mêlée à un peu de peine…
 — Cette remarque nous est aussi utile qu’un coup de fuseur dans l’arrière train … asséna DeGuise en levant les yeux au ciel.
 — Paix mon frère. La voix douce de Jigme arrivait à se faire entendre dans le cockpit malgré l’ouragan de flammes qui beuglait à l’extérieur. Je trouve sagesse où je le peux, tu ne peux me le reprocher.
 — Frère Jigme trouve son réconfort dans les écrits de son primarque, laisse le en paix, plus un mot sur tout cela, je t’en prie, ajouta le sergent vétéran.
 — Oh bien sûr. Je serai muet, mes lèvres seront plus serrées que les cuisses d’une vierge. Cette tirade fut suivie d’un clin d’œil à l’adresse de l’archiviste.
 — On a connu plus hermétique, lui renvoya le marine aux yeux bridés, détendant d’un seul coup l’ambiance délétère.
++ IMPACT AU SOL DANS 2 MINUTES ++
 — Pas d’ultime question sur la mission, mes frères ? Ou une suggestion ? demanda le Salamander.
 — Comme d’habitude sergent, je propose une approche tout en finesse et doigté, lui répondit DeGuise, en faisant vrombir la baionette-tronconneuse fixé sous le canon de son bolter modifié. Le tout agrémenté d’un sourire carnassier.
 — Comme à chaque fois, pour se tirer d’affaire, mieux vaut une cervelle, plutôt qu’un chargeur plein de bolt Kraken…quoique ça aide aussi…» ajouta le Salamander en vérifiant son armement.
++ IMPACT AU SOL DANS 1 MINUTES
++ ATTENTION IMPACT ++

Les frères de bataille tombèrent alors dans un silence concentré. Dans l’attente de l’affrontement.

Les rétrofusées s’enclenchèrent, comprimant chacun des membres de l’Alpha Team dans leur emplacement. Puis l’impact arriva et dans la seconde suivante, les arceaux se mirent en position haute. Les charges explosives s’enclenchèrent, jetant au sol les panneaux entourant le module.

Le premier debout fut Myk , comme à chaque fois , et il balaya du bout de son canon le paysage qui l’entourait.

DeGuise sourit à la vue qui s’offrait à lui. Le module avait atterrit non loin de la ruche primaris de la planète, mais aussi en plein milieu d’un affrontement entre rebelles et loyalistes.

DeGuise scanna les environs afin de marquer les cibles prioritaires parmi les troupes qui les entouraient. Les hommes de la Garde impériale s’étaient retranchés dans un bâtiment non loin, faisant face à une horde mélangeant hommes de la Force de défense planétaire renégats,et cultistes aux équipements hétéroclites.

Myk commença à arroser les troupes adverses qui les entouraient, afin de dégager à l’Alpha Team une voie d’extraction.

Une forme floue surgit, le dépassant sur sa droite , et Hrotgar commença à démantibuler une position d’arme lourde ennemie.

Jigme se concentra afin de dresser un bouclier cinétique autour de leur engin, arrêtant ainsi les projectiles atteignant le module.

A ses côtés, DeGuise fit disparaître, d’un tir de son bolter la tête d’un ennemi non loin. Sa victime semblait, de par ses attributs, être le chef de cette cohue indisciplinée.

 — Un de moins ! annonça-t-il fièrement.
 — Il en reste une centaine… lui répondit Jigme d’une voix tendue par l’effort.

Le Space Warden allait lui renvoyait une réplique cinglante lorsqu’une ombre énorme les recouvrit. D’un surplomb venait de plonger sur eux un être génomodifié recouvert de plaques d’armures greffées à même la peau. Le monstre, plus grand qu’un marine, tenait dans ses mains une masse gigantesque promettant mort et agonie.

L’être déformé n’atteignit jamais le sol : il y eut un éclair, suivit d’un craquement horrible, et ce qui resta du monstre se retrouva propulsé vers les lignes ennemies, à dix mètres de là, écrasant sur son chemin ses malheureux alliés. Le Fils de Vulkan était entré en action.

 — Restez concentrés mes frères !. Le Sergent les dépassa. Il descendit vers l’ennemi horrifié, tel un dieu implacable de la guerre. Dans sa main droite son Marteau Tonnerre, dans sa main gauche son bolter combiné, et dans son dos, comme à son habitude, son monstrueux Bouclier Tempête. Devant cette vision d’une irrésistible force, les ennemis eurent le plus grand mal à garder une quelconque cohérence. A peine l’un d’eux eut-il le courage de lever le canon de son lance-flamme, et un mur de prométhéum se dressa pour faire barrage au géant en armure noire.

Mais le feu ne pouvait arrêter un guerrier de Nocturne.
Il passa au travers de la ligne ennemie tel un tank superlourd, écrasant qui était assez fou pour se dresser face à lui.

Trois autres guerriers génomodifiés se jetèrent sur lui.
Le premier eut sa tête enfoncé dans sa cage thoracique par un violent coup de marteau.
Le deuxième vit son tronc disparaître sous une rafale à bout portant.

A peine tomba-t-il à terre que le troisième, encore plus énorme que ses frères, dressa sa masse haut vers le ciel et asséna un coup plongeant vers le Salamander. Le sergent dressa son marteau pour parer le coup.

Son bras ne plia pas, son corps resta droit et il ne cilla même pas du regard. Pourtant la roche sous ses pieds se brisa sous la puissance énorme du coup.
Et, d’un simple geste du poignet, il repoussa le monstre en arrière.

Le monstre regarda d’un air hébété sa masse d’armes tordue. Il la jeta au loin, et leva les bras, paume ouverte , tel un lutteur des temps anciens. Il hurla alors face au space marine, relevant par son cri de défi une dentition toute d’acier.

Le marine avança d’un pas et enfonça le canon inférieur de son bolter dans le gosier du monstre. La créature eut un moment d’indécision alors que son regard croisait deux pupilles remplies d’un feu vengeur.

Son corps explosa sous la pression du prométhéum, recouvrant les ennemis aux alentours de flammes et de chairs carbonisées.

Le Salamander jeta un dernier regard à la dépouille du monstre : …béciles.  fut le seul mot qui franchit ses lèvres pendant le reste de l’affrontement.

L’affrontement qui ne durât d’ailleurs pas plus de 5 minutes.

…

Tout en essuyant sa hache énergétique, Hrotgar râla :

 — Ces foutus cultistes. Ils ne savent ni se battre, ni tirer. C’est un miracle que leur patriarche arrive à se sortir du lit tous les matins. Bandes de nuls, tous autant qu’ils sont.

Avec une tape amicale sur son épaule, Myk agréa dans le sens de son frère d’armes.

Plus loin, DeGuise recueillait des informations sur la situation auprès des derniers survivants de la Garde Impériale.

Jigme Norbu se tourna vers le chef de leur expédition punitive: «  Et maintenant frère Genuous ? »

Tout en fixant au loin, de son regard implacable , la ruche primus , le sergent ordonna :

 — Maintenant, A-Team, nous y allons : nous avons des stealers à faire couiner.