Critique de Le Pacte du sang par Drystan
Publié le Samedi 18 janvier 2014— ‘Quelle est la situation ?’ demanda-t-il alors que Daimer et ses hommes venaient se ranger autour de lui.
— ‘Une attaque importante.’ répondit Edur. ‘Beaucoup de pertes. Autant que l’on sache, on a affaire à une escouade de bonne taille, peut être vingt ou trente hommes, qui a pris d’assaut le corps de garde voici quatre minutes. Certains ont déjà pénétrés dans le bâtiment.’
— ‘Qui sont-ils ?’ demanda l’un des aides les plus gradés. ‘Je veux dire, qui peut oser attaquer la Section de QG de Balhaut ?’
Après avoir laissé le régiment au plus mal lors dela défense de la forteresse d’Hinzerhaus sur Jago, nous retrouvons le Colonel-Commissaire Gaunt confortablement installé dans un bar pour commissaires. L’ambiance est plantée, enfin un peu de répit pour le 1er et Unique. Le cycle précédent ayant d’entrée était sombre et sans espoir, l’ambiance de ce début de nouveau cycle oppose un contraste saisissant.
Les Fantômes, après plusieurs missions plus qu’éprouvantes, ont droit à un repos plus que mérité. Ils se retrouvent donc cantonnés sur la planète Balhaut. Planète ayant eu une importance capitale dans le déroulement de la croisade des Mondes de Sabbat. C’est sur cette planète, que l’ancien Maître de Guerre Slaydo, a trouvé la mort en mettant lui même fin à la vie de son ennemi, le Grand Archonte Nadzybar. Si il y a des intéressés, vous trouverez plus d’informations sur ce duel dans la nouvelle Régicide, issue du recueil Les Mondes de Sabbat de Dan Abnett. Vous aurez également d’autres détails sur le Lexicanum anglais, notamment sur les Iron Snakes qui étaient présents…
Nous découvrons rapidement, et sans surprise, que les Taniths ne sont pas faits pour l’inaction. Chacun cherche à faire passer le temps comme il peut, comme Tona Criid teste ses limites en s’imposant des séances de footing toujours plus longues. Un groupe de fantômes comprenant le Major Rawne, les capitaines Ban Daur et Meryn ainsi que quelques soldats, sont à l’affût de mauvais coups dignes des meilleures arnaques. Les commissaires Hark et le jeune Ludd, se retrouvent donc avec du pain sur la planche pour gérer les problèmes générés par le régiment sur une planète impériale.
Le 1er et Unique semble s’enfoncer lentement dans l’oisiveté. Seulement, quand les fantômes ne sont pas au beau milieu du danger, c’est ce dernier qui vient à eux. En effet, Gaunt est convoqué à la Section, centre névralgique du commissariat Impérial sur Balhaut. La cause ? Un prisonnier inconnu, mais visiblement de haute importance, souhaite se confier à lui et uniquement à lui. Est en jeu, ni plus ni moins que l’issue de la croisade. Le Haut-Commissariat est de la partie, mais l’Inquisition est également sur les rangs. L’inquisition sera cette fois représentée par l’énigmatique Inquisiteur Rime, accompagné de ses assistants, tous nommés Sirkle et possédant le même visage que lui.
En parallèle, nous suivons dès le début du roman, l’infiltration de la planète par un petit groupe de soldats du pacte du sang mené par le Sirdar Baltasar Eyl et sa sœur Ulrike. Vous avez tous rencontré sans le savoir cette dernière dans le tome précédent, si je vous parle d’une femme en robe noire sur Hinzerhaus… S’ensuit un chassé croisé mouvementé dans la ville qui est emprisonnée dans une sorte de léthargie. Les autorités semblent dépassées par les événements, manquant d’informations et avançant à l’aveugle, et pour cause, la sorcellerie du Grand Ennemi est à l’œuvre.
Le scénario est donc l’inverse du premier roman du cycle des Égarés, Le Traître, là où un petit groupe de fantômes s’était infiltré sur Géreon. Leur mission était de liquider un officier haut gradé de la Garde Impériale sur une planète occupée par les forces du Magister Anakwanar Sek. L’enjeu étant de tuer la cible avec que cette dernière ne divulgue à l’ennemi des informations top secrètes. Dans Le Pacte du Sang, c’est donc le contraire qui se produit. Mais l’auteur parviendra à nous surprendre malgré tout.
Ce que j’ai apprécié dans ce roman c’est le fait que bien qu’il n’y ait ni engagement à grande échelle, ni même une bataille, l’auteur parvient à nous tenir en haleine et l’action reste omniprésente. Le script semble taillé pour être adapté au cinéma, l’intrigue du roman se déroulant sur deux, voire grand maximum trois jours. Les points de vue entre différents petits groupes de protagonistes sont alternés et c’est une véritable course contre la montre qui s’engage sur 318 pages. L’enjeu étant simple, le commando du pacte du sang cherche à éliminer le mystérieux prisonnier. Gaunt aidé de Tona Criid, Wes Maggs ainsi qu’un curieux docteur feront tout ce qu’ils peuvent pour garder ce prisonnier en vie.
Entre l’assaut sur la Section et la fin du roman, le lecteur aura droit à une montée progressive de la pression entourant ce scénario. Ce n’est que dans les toutes dernières pages qu’il sera enfin libéré de cette montée de stress, avec une fusillade sortie des meilleurs films d’action.
Les plus
- Dan Abnett s’essaye à un nouveau style, moins d’action, plus de détails, il nous fait vivre sur un temps très court une véritable histoire cadrée dans le temps.
- Beaucoup d’informations sur la bataille pour Balhaut, la mention des Iron Snakes laissant penser que nous pouvons espérer les retrouver dans de prochaines aventures.
- L’art de l’auteur est de mettre en avant certains personnages, tout en accordant énormément de place aux autres.
- La fluidité de l’écriture.
- Le règlement de comptes final à la OK-Corral.
- Le retour de l’Inquisition dans la série.
Les moins
- L’intrigue est calquée sur le roman Le Traître issu de la même série, mais le scénario est complétement différent.
- Le sergent éclaireur Mkoll est peu mis en avant, mais surement pour mieux le retrouver dans un prochain tome.
- Une mauvaise nouvelle annonçant la fin imminente d’un personnage présent depuis les premières heures du régiment.
- Pour ceux qui veulent beaucoup de fusillades et de sang, passez votre chemin. Mais ce serait dommage.
Premier roman du début d’un nouveau cycle, « Le Pacte du Sang » peut être qualifié de roman « sage » en comparaison des autres tomes de la série. Mais ne serait-ce pas une façon d’annoncer le calme avant la tempête ?