Quand Captain America s'invite sur Macragge
Les productions cinématographiques de super-héros se succèdent années après années et force est de constater que les studios traitent leurs franchises avec plus ou moins de respect. Cette idée peut aussi être applicable à l’univers Warhammer 40K, où chaque auteur se doit de nous raconter une histoire tout en dressant un portrait viable des Primarques.
Ce rapprochement a particulièrement attiré mon attention suite au visionnage du dernier film Marvel Captain America : Civil War. En réalité, cet opus m’a profondément fait penser au tome 27 de l’Hérésie d’Horus, Imperium Secundus.
C’est donc au travers de cette news que je désirais partager ce parallèle, qui ne reste que mon observation personnelle. Bien sur vous l’apprécierez plus si vous avez vu le film, car il en spoile certains éléments.
Ca ne vous rappelle pas la Bataille de Calth ?
Imperium Secundus a beau avoir ses détracteurs, il reste à mes yeux comme l’un des meilleurs romans de la saga. A la fois intelligent avec ses nombreuses références mais aussi diablement divertissant avec ses combats incluant plusieurs Primarques, il est un de ces romans qui a pour responsabilité de croiser plusieurs arcs narratifs afin de les lier, leur donner cohérence et amener le lecteur sur une nouvelle voie. La difficulté est bien réelle et malgré quelques inconsistances pour les plus avertis d’entre-nous, Dan Abnett a tout de même achever une grande œuvre en comparaison des standards de la série.
Le récent film sur Captain America m’a laissé cette exacte même impression, comme si la série était arrivée à un tournant mais qu’avant de passer à autre chose, il faudrait d’abord cloturer tous les sub-plot de la série. Ainsi le film se veut à la fois une suite aux autres opus Captain America mais aussi une suite indirecte à Iron Man et Ant Man. Ce désir de lier les personnages entre eux permet de comprendre les parallèles entre les précédents films, mais aussi de réaliser que les actes des uns ont pu affecter ceux des autres (sans même en avoir conscience). Le tome de Dan Abnett se voulait être une suite à plusieurs sous histoires, Vulkan est Vivant, Censure, Calth…
Là où Imperium Secundus réunit pas moins de 5 primarques, Civil War réunit une douzaine de super-héros. Nous en voyons certains pour la première fois alors que d’autres sont des visages bien connus. Black Panther nous est introduit en fanfare alors qu’Iron Man fait une énième apparition. Dans le roman, Lion El’Jonson est enfin présent dans la saga tandis que nous avons l’opportunité de revoir Sanguinius plus vu depuis Signus Daemonicus.
Mais le parallèle ne s’arrête pas là, Captain America passe pour être le Primarque des Ultramarines, habillé de bleu et des espoirs plein la tête il est le leader de l’histoire, son épicentre. Guilliman désire créer un second Imperium pour reconstruire les forces militaires de l’Empire au plus vite et garder le contrôle sur les prochains évènements ; Captain America a ce même sentiment de jouer les héros, la personne sur qui l’évolution du conflit peut dépendre.
Et puis comment ne pas affilier la création d’un second Imperium a ce traité dans le film qui divise ? Faut-il signer le traité pour que nos super-héros soient contrôlés par les Nations Unies ? Sommes-nous en accord avec la création de ce second Imperium ? Nous nous posons finalement les mêmes questions. Une interrogation qui soulève des problèmes actuels auxquels les expériences personnelles de chacun donne finalement une lecture unique du problème. Ne l’oublions pas, Guilliman devra baser ses décisions sur ce qu’il sait et c’est cette connaissance limitée des évènements futurs qui est un réel danger.
Le film sera assez intelligent pour ne pas directement répondre à cela, préférant partager les circonstances de chacun pour à la fois comprendre leurs perspectives mais aussi leurs motivations. C’est bien le public qui se fera un avis sur la question. Roboute Guilliman est-il dans le vrai ? Captain America prend-il les bonnes décisions ? Dan Abnett lui aussi donnera peu de détails car les évènements sont déjà bien connus de tous. Chaque Primarque, tout comme les héros Marvel, a sa propre histoire, ses propres conflits internes. Iron Man en est un bon exemple avec la surprenante découverte qu’il fera à la fin du film.
Entre l’amour du bleu et des coupes de cheveux militaires, on peut dire qu’il y a des similitudes entre nos parangons de la justice.
Tout comme Imperium Secundus, les séquences de combat dans Captain America — Civil War impliqueront plus de deux personnages, beaucoup plus parfois. Ces scènes marqueront l’audience par leurs enjeux mais aussi la force des chorégraphies. Dan Abnett avait fait un superbe travail à ce niveau là, mettant en avant les techniques de combat de chacun pour rendre encore plus fidèle ces personnages que finalement nous connaissions déjà depuis plusieurs années. Il avait d’ailleurs indiqué lors du séminaire sur l’approche de la violence au Weekender III qu’il n’hésitait pas à profiter des figurines pour mettre en scène les combats plus facilement et se faire un exposé réel de ce qu’il décrivait, mais utilisait en majorité son imagination.
Comment ne pas voir en Vulkan le Soldat de l’Hiver, un «gentil» qui a mal tourné après avoir été le cobaye d’une mauvaise expérience. Son instabilité en fait un personnage attachant, comme un homme qui n’aurait pas choisi son destin. Vulkan fut aussi sa propre victime dans Imperium Secundus, un Primarque fou sans contrôle sur lui-même.
Le tome Imperium Secundus marque une scission dans la saga avec des Primarques en proie aux doutes et à l’incertitude. Le temps de prendre une décision est arrivé, et avec lui les conséquences qui s’en suivent. Se poser la question d’avoir fait le bon choix n’a jamais été aussi pertinent. Nos héros Marvel vont être confrontés à cette même situation.
Finalement, entrecroiser des histoires à beau être un challenge qui n’est pas à la hauteur de tout le monde, cela donne une impression d’unité, exacerbant les liens entre plusieurs univers et créant un sentiment de satisfaction en tant que public, car que cela soit un auteur ou bien un réalisateur, ils font bien appel à notre engagement dans la série pour relier tous les points entre eux et imbriquer les pièces de puzzle les unes dans les autres. Là où le lecteur lambda manquera probablement quelques subtilités, le fan lui aura l’impression qu’on pense à lui. Cette satisfaction ne se fera que plus forte à mesure qu’il décodera les références parsemées avec attention.
Nous ne sommes pas les premiers à en avoir l’idée apparemment.
Le parallèle d’Imperium Secundus/Captain America est discutable, elle n’en reste pas moins une belle opportunité d’effectuer un cross-over entre nos Primarques/Super-Héros, en nous offrant un grand spectacle, mais aussi en n’approfondissant des personnages dont nous sommes finalement trop habitués, les présentant face à un nouveau conflit moral. C’est en remettant en question nos acquis que le film se voudra «nouveau» et divertira, tout en faisant soulever un sourcil aux spectateurs qui s’attendaient probablement à du bête bolt porn.
Ce film Captain America fut donc une heureuse surprise, renouvelant mon intérêt pour les prochaines productions, tout comme Imperium Secundus le fut pour moi à sa sortie. Après tout il n’est pas étonnant que certains mécanismes d’écriture au cinéma soient proches de ceux des romans, nos auteurs favoris travaillant sur toutes sortes de projets dont des comics. Même si ce n’est pas notre spécialité il semblerait que Dan Abnett ait participé à l’écriture de très bons arcs pour Les Gardiens de la Galaxie, et est aussi réputé pour la qualité de son travail, ce qui n’étonnera personne ayant posé un œil sur un roman des Fantômes de Gaunt ou de l’Inquisition.
Si cette démarche vous a intéressé et si vous désirez en lire plus dans le futur, n’hésitez pas à partager vos avis et retours dans les commentaires ci-dessous.
- Publié le Samedi 4 juin 2016
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