Critique de Ravenwing par Priad
Publié le Vendredi 30 janvier 2015 | 9 révisions avant publication | 2 corrections après publicationLentement, comme s’il émergeait d’un long rêve, Annael fut de nouveau conscient de ce qui l’entourait. Au-dessus de lui, un appareil de filtrage démarra, et aspira les vapeurs d’encens.
Malcifer faisait un tour du Reclusiam en allumant des chandelles, dont la chaude lueur repoussait les ténèbres qui avaient enveloppé Annael. Les space marines se regardèrent et leurs yeux brûlaient encore de férocité, aussi ardents que la détermination qui était comme une braise dans leur âme. Malcifer acheva son circuit autour de la nef et revint à l’autel. Ses tatouages de maille apparurent faire des vagues quand il joignit les mains contre la poitrine. Annael prit la même pose, et sentit une vague de calme commencer à chasser son tourment intérieur dès qu’il joignit les mains à sont tour. Le chapelain baissa la tête et parla de nouveau, d’une voix forte mais posée.
— Louez l’Empereur qui nous a octroyé notre vitalité, scanda-t-il.
— Nous sommes ses armes, répondirent les guerriers à genoux, le regard baissé.
— Louez le Lion qui nous a donné notre but.
— Nous sommes ses fidèles serviteurs.
— Louez le chapitre qui entretient notre juste courroux.
— Nous sommes les Dark Angels.
Gav Thorpe a bien souvent été décrié par le manque de relief de ses œuvres, comme sa trilogie sur les Eldars ou encore La Purge de Kadillus et je me suis fait son fervent défenseur depuis lors comme je pense qu’il n’est pas aussi mauvais que ce qu’on veut bien le dire. De plus, l’ayant rencontré plusieurs fois lors d’événements comme le Black Library Live ou encore le Black Library Weekender, je puis vous assurer que le personnage est fort sympathique et qu’il parle de ses récits avec grande passion et ferveur, ce qui n’est pas le cas de tous les auteurs malheureusement. Malgré la simplicité de ses histoires il m’a bien souvent offert de bons moments de divertissements, comme Délivrance Perdue qui reste à mes yeux l’un des meilleurs romans de l’Hérésie d’Horus.
Néanmoins mon soutien pour son travail n’ira pas au delà de ces lignes ici, car il me sera difficile de défendre le livre qui nous intéresse aujourd’hui.
Ravenwing était dans les faits assez prometteur comme il nous offrait d’accompagner le frère Annael dans son arrivée auprès de la Ravenwing, ces Space Marines se déplaçant à moto ou encore en land speeder. L’idée était intéressante et n’avait jamais été creusée auparavant dans les publications de la Black Library. Retrouver un frère nouvellement promu nous permettrait aussi d’en apprendre plus sur la hiérarchie de la compagnie ainsi que sur son fonctionnement, et je dois dire qu’à ce sujet Gav Thorpe a plutôt réussi son pari. On ressentira bien le pouvoir de la Ravenwing ainsi que ses tensions intestines. On s’arrêtera là pour les qualités du roman et croyez-moi, j’ai du creuser pour trouver car l’auteur enterre littéralement son livre page après page sous des couches d’absurdité.
Les Space Marines qu’il nous proposera de suivre seront assez antipathiques tout du long, et comme si cela ne suffisait pas, ils seront même un brin stupides. J’ai vraiment eu du mal à me plonger dans cette histoire qui pourtant allait au delà d’un simple protagoniste pour prendre l’ampleur de toute un compagnie, car aucun des personnages rencontrés ne m’a vraiment convaincu. Notre héros sera particulièrement effacé dans l’ensemble ce qui ne donnera pas envie de progresser croyez-moi. Les dialogues ne mettrons pas non plus le livre en valeur car la stupidité des répliques vous fera parfois bondir, les Dark Angels ayant un sens de l’observation et de la déduction plutôt faible (un comble pour des super soldats aux sens décuplés).
Je ne m’étendrais pas sur l’histoire qui ne m’a pas semblé avoir de découlement logique malgré la progression. Les chapitres plutôt courts n’aideront pas le rythme pour autant, ni les Orks ou encore les Déchus étant le real deal. J’avais pris un certain plaisir à lire Titanicus ou encore Baneblade qui nous permettait d’en apprendre plus sur les machines de l’Imperium et j’avais du coup des attentes assez similaires avec ce Ravenwing, dommage, les machines n’étant finalement pas du tout au cœur de l’histoire. Elles sont sous-utilisées et ne desservent pas les intérêts de l’histoire. Le Mechanicum habituellement si fier de ses machines doit certainement brûler l’intégralité du stock de ce roman dans ses forges (à feu très doux mwouahaha).
En dernier lieu, je soulignerais aussi une traduction assez sommaire. Il ne m’a pas été donné de lire la version originale mais la tournure de certaines phrases en français sonnèrent assez bizarrement à mes oreilles. Entre des noms de code comme Rat et Batard (qui auraient gagné à ne pas être traduit, un peu comme les noms de vaisseau) ou encore des expressions comme «le ronron de l’épée tronçonneuse», j’ai vraiment passé d’horribles moments. Le fait que le traducteur ne se soit pas occupé de beaucoup de romans de la BL en dit probablement long, le dernier en date étant Vengeance Noire.
Et pour vous faire partager ma peine, voici les quelques pires phrases que j’ai pu trouver. Je vous laisse en juger pas vous même. J’ignore encore qui faut il blâmer pour cela, le travail de l’auteur plutôt limite, une traduction difficile, ou bien les relecteurs de la BL qui ont pu laissé passé un roman aussi lourd qu’indigeste, car on dirait vraiment que Google Translate a fait un travail fantastique à ce niveau là.
Rat Deux prit graduellement de la vitesse, mais il était déjà loin derrière Bâtard et Rat Un.
Le ronron de l’épée tronçonneuse d’Amanael était audible au bout du passage désert où Telemenus et Daellon avançaient accroupis sous des amas de câbles moussus, avant de se faufiler à travers un étroit portail au bout du passage.
Annael serra les poings et fut pris de tressaillements quand Malcifer évoqua un tableau de calamité et de honte, de ciel déchiré par une tempête d’énergie et de traîtres soustraits à la justice par les puissances infernales auxquelles ils s’étaient voués.
Telemenus suivit le sillage lumineux du propulsif qui allait en s’affaiblissant sur soixante-dix mètres, jusqu’à ce que le bolt atteigne la cible en plein centre. Le matériau composite ferro-résigneux de la cible sphérique éclata en répandant des débris rouges aux reflets argentés.
Ravenwing n’est ni intéressant, ni captivant. Ajoutez à cela le challenge d’une traduction bancale et vous avez un roman particulièrement difficile à lire (et cher qui plus est puisqu’en hardback). Et comme si cela ne suffisait pas, ce n’est que le premier tome dont on parle. Mitchel Scanlon et son Retour des Anges était une réussite en comparaison. Gav Thorpe avait pourtant réussi à me vendre son livre durant notre interview vidéo (ce qui est la raison pour laquelle je l’ai finalement lu). Une chose est sûr la suite ne pourra être qu’au dessus.
Les plus
- Des petits liens avec Kadillus et Boreas (L'Ange des Ténèbres).
Les moins
- La lourdeur de la traduction.
- Le manque de détail sur les motos.
- Une histoire qui n'a pas de sens ni découlement logique.
- Des Space Marines idiots.
- Des Chapitres courts qui ne rythment même pas l'ensemble.
Il n'y a rien à sauver dans Ravenwing. C'est l'un des plus mauvais romans de la Black Library qu'il m'ait été donné de lire, un mélange entre Le Retour des Anges et les pires épisodes de The Tranzia Rebellion. Fuyez pauvres fous !