Critique de Roboute Guilliman : Le Seigneur d'Ultramar par Maestitia
Publié le Mercredi 10 septembre 2025Les dix capitaines du Chapitre Nemesis constituaient une haie d’honneur devant la baie d’appontage. Hierax, le plus ancien de tous, se tenait au centre, Sirras était à sa droite. Le capitaine de la 223e était un vétéran qui avait connu presque autant de batailles, mais il semblait plus jeune de plusieurs décennies. Sa peau était tendue sur son crâne, et ses cheveux courts si pâles qu’ils étaient presque transparents. À la gauche de Hierax, il y avait Laches, le capitaine de la compagnie des Premiers Destroyers, qui avait succédé à Phalaris lorsque ce dernier avait été nommé au grade de Maître de Chapitre.
— Pourquoi fait-il cela ? demanda Sirras. Ses traits aquilins étaient pincés par la colère.
— Parce que telle est sa volonté, » répondit Hierax. Il ne voulait pas parler d’avancement. Les autres capitaines gardaient le silence. Il n’avait parlé à aucun d’eux depuis cette annonce qui avait atteint le Cavascor. L’humiliation était une blessure si profonde. Il se méfiait trop de ses propres réactions. Sa colère aurait pu éclater, et il était déterminé à sauver son honneur, au moins.
Les sirènes s’allumèrent. Les portes du hangar étaient sur le point de s’ouvrir.
— Notre nouveau maître est là, » annonça Hierax. Il lui fallut quelques instants pour réaliser qu’il avait parlé à voix haute.
— Ça aurait dû être toi, » dit Laches.
Je le pensais aussi, se dit Hierax. Mais il tint sa langue, cette fois-ci. Il n’aimait pas laisser transparaître que sa fierté était blessée. Il n’allait pas se donner en spectacle.
— Oui, ça aurait dû être toi, » répéta Sirras.
Premier tome de la série Primarchs, Le Seigneur d’Ultramar met en avant Roboute Guilliman, père des Ultramarines.
En entamant ce court roman de moins de 200 pages, je n’attendais rien. Je n’ai donc pas été déçu. Enfin si, mais je savais que ça arriverait.
Une Légion mal servie
Les Ultramarines sont pour moi l’une des Légions les plus fades, non pas à cause de leur esthétique ou de leurs influences romaines, mais à cause de la manière dont Games Workshop et Black Library les traitent presque systématiquement. On trouve bien sûr quelques exceptions, comme la saga d’Uriel Ventris, mais elles restent rares.
Il est d’autant plus regrettable qu’une Légion aussi importante soit souvent mal exploitée tout en étant omniprésente dans les figurines, le marketing et les jeux vidéo.
Guilliman le verbeux
Les premiers chapitres confirment rapidement mes craintes : Guilliman s’interroge, se répond, puis s’interroge encore, dans un dialogue artificiel où Marius Gage ne sert que de faire-valoir. Ses réflexions sont lourdes, verbeuses, et parfois d’une évidence affligeante. On croirait voir Fulgrim se gargariser de ses propres pensées, mais sans l’excuse de l’excentricité.
Les Destroyers : un vrai sujet… mal exploité
Le roman a cependant le mérite d’aborder la question des unités Destroyers, rarement développées ailleurs. Ces guerriers maudits n’interviennent que dans les situations les plus désespérées, armés de phosphex ou d’armes biologiques, au prix de leur santé et parfois de leur humanité.
On suit notamment Hierax, l’officier le plus ancien du 22e Chapitre surnommé Nemesis, et Iasus, soudain propulsé à la tête des Destroyers par décision directe du Primarque. Pourquoi ? Parce que Guilliman n’aime pas les Destroyers et veut les « changer ». Une naïveté déconcertante qui frôle parfois la stupidité.
Le contexte post-Monarchia donne un peu de profondeur à cette attitude, teintée de culpabilité, mais le potentiel reste sous-exploité.
Le théâtre des opérations
L’intrigue se resserre finalement sur la reconquête d’un monde d’Ultramar tombé aux mains des Orks depuis des siècles. C’est là que David Annandale se montre à son meilleur : les scènes de bataille sont nerveuses, immersives, et restituent bien à la fois l’implacable marée verte et la discipline froide des Ultramarines.
Malheureusement, entre deux combats, le roman retombe dans des discours stériles sur la théorie et la pratique de la guerre, alourdissant considérablement le rythme.
On aurait aimé un traitement plus fouillé des Destroyers comme du monde ork, mais le roman se contente d’effleurer ses thèmes. Les fans inconditionnels des Ultramarines y trouveront une lecture agréable, mais ceux qui espèrent en apprendre davantage sur Guilliman ou sur l’univers d’Ultramar resteront sur leur faim.
Les plus
- Belles scènes de bataille, épiques et immersives.
- Format court, qui évite les longueurs inutiles.
- Guilliman omniprésent du début à la fin.
Les moins
- Guilliman verbeux et parfois ridicule.
- Sujet des Destroyers sous-exploité malgré un bon point de départ.
- Rythme irrégulier, alourdi par des dialogues creux.
- Une intrigue finalement banale.
Le Seigneur d’Ultramar est un roman bref qui met Roboute Guilliman au centre de tout. Malgré de solides passages d’action et une bataille convaincante, David Annandale échoue à livrer un portrait vraiment éclairant du Primarque. Le lecteur ressort avec l’impression d’un épisode mineur, plombé par des dialogues superflus et un rythme bancal.