Critique de Sedition's Gate par Priad
Publié le Dimanche 18 octobre 2015 | 3 révisions avant publication | 4 corrections après publication— C’est la dernière fois que je te le demande, dit le Khan. Renonceras-tu à ton serment ?
La réponse d’Orzun fut immédiate.
— J’aurais combattu à vos côtés jusqu’aux portes de Terra, Seigneur. Je serais mort là-bas le sourire aux lèvres. Mais je ne deviendrais pas comme ceux qui m’ont détruit. Je ne parlerais pas en des termes mensongers, pas à un seul homme, pas non plus aux Dieux anciens, et je ne briserai pas mon serment. Je ne mérite plus la vie qui me fut offerte.
— Dans ce cas tu n’ignores pas les conséquences d’une telle décision, dis le Khan, tirant son épée.
Il descendit de son pupitre et avança d’un pas mesuré en direction d’Orzun.
Le guerrier se raidit mais ne bougea pas. Le Khan se trouvait en face lui, le bout de son épée pointant sur la partie non protégée de son torse.
— De toutes les traitrises que mon Frère a pu mettre en place, celle-ci est la pire de toutes. Il a corrompu ce qui il y a longtemps était un tout et retourner les épées les plus aiguisées contre nous. J’espérais tellement que tu n’aies pas fait ce serment car tu vaux à toi seul un millier de ces traitres qui eux n’ont aucuns remords à briser leurs vœux. Tu aurais pu combattre avec moi sur Terra. Quand j’atteindrai cette destination, je ferai graver ton nom sur ma propre armure, ainsi que le nom de tous ceux qui ne se seront pas damnés en respectant le tsusan garag.
J’utiliserai ces noms pour apporter de la malice au tranchant de mon épée, et même ainsi tu serviras encore honorablement les White Scars.
Orzun conserva son regard sur le Khan pendant ce monologue.
— Si je puis vous poser la question, dit Orzun d’une voix ferme, combien ont déjà renoncé ?
Le Khan le regarda avec un sourire froid sur son visage, comme si cette question paraissait ridicule.
— Aucun, dit-il en poussant son épée droit dans le cœur de Orzun.
Avec son impression à 2000 exemplaires, Sedition’s Gate est une édition limitée qui interrogea son public lorsqu’elle fut disponible sur les étales du Black Library Weekender III. Je me souviens à l’époque ne pas avoir voulu prendre de risque car les recueils de nouvelles ont souvent bien moins d’intensité qu’un roman de l’Hérésie d’Horus. L’aspect unique de cette édition me poussa tout de même à passer à l’acte et à finalement m’attribuer un exemplaire (numéroté 857).
Néanmoins ce livre de moins de 150 pages resta bien longtemps sur mon étagère, comme si le besoin de traverser ces cinq nouvelles, écrites pourtant par de bons auteurs, n’était pas assez fort. Et c’est bien vos votes lors de notre dernier Choix des Armes qui m’a convaincu d’ouvrir ce recueil afin de vous en dire plus, et force est de constater que la Black Library nous a plutôt gâté pour le coup.
Artefacts — Nick Kyme
Bien que cette nouvelle fût rééditée dans sa version ebook après Deathfire, elle n’en est pas la suite. Artfacts vous propose de témoigner d’un des moments les plus intimes de la légion des Salamanders. Avec seulement deux protagonistes Nick Kyme va consécutivement nous introduire au personnage de T’Kell à qui la responsabilité de conserver 9 artéfacts de sa légion va lui incomber, avant de nous faire voyager dans les périlleux souvenirs d’un Vulkan en chasse de Konrad Curze. La nouvelle se lit très bien et évoquera beaucoup aux fans de Salamanders comme aux lecteurs de la trilogie Horus Heresy dédiée à Vulkan. Si vous désirez en savoir davantage, cette nouvelle a eu droit à sa critique individuelle.
The Harrowing — Rob Sanders
Avec sa nouvelle, Rob Sanders écrit une fois de plus un ovni sur l’Alpha Légion qui méritera une seconde relecture pour comprendre l’intégralité des évènements qui se jouent au fil des pages. Les habitués du genre ayant appréciaient la nouvelle Le Serpent en Dessous disponible dans le recueil de nouvelles Les Primarques seront en terrain connu. Cependant le style pourra au préalable surprendre comme l’intégralité de la nouvelle est écrite à travers les yeux d’un opérateur Alpha légionnaire tentant de prendre le contrôle de vaisseaux en direction du système Sol.
L’auteur se fera un malin plaisir de vous transporter d’un terrain d’action à un autre, vous offrant différentes perspectives dont seul l’opérateur et vous-même peuvent en comprendre l’ensemble.
Les dialogues provenant des vox des divers acteurs de l’opération seront écrits à la première personne ce qui donnera une impression de malaise comme beaucoup de personnages utiliseront le «je» pour s’exprimer.
Malgré une certaine complexité dans sa structure, Rob Sanders nous aura donné un de ces récits qui affinera encore davantage nos connaissances des stratégies utilisées par l’Alpha Légion, ainsi que leurs manœuvres pour arriver à leurs fins.
Allegiance — Chris Wraight
Se passant après la très bonne surprise que fut White Scars à l’époque, la nouvelle de Chris Wraight nous permettra de mieux comprendre les conflits intestins qui tiraillent la cinquième légion. Nous suivrons le Thousand Sons Arvida essayant progressivement de regagner la confiance de ses frères White Scars tandis que Yesegui tentera de purger sa légion de ses traitres. Nous aurons droit à deux personnages assez profonds dans leur construction, notamment parce que l’un tentera de prouver sa loyauté à l’autre dont le devoir est avant tout de se méfier. Leur relation conflictuelle sera bien étudiée en seulement quelques pages et Chris Wraight nous ajoutera même la présence du Khan (voir l’extrait traduit en début de critique).
L’auteur explorera donc le sujet avec succès nous décrivant les difficultés à se reconstruire et à poursuivre son chemin loin de sa légion (pour l’un), ainsi que celles de n’avoir que le sentiment de survivre dans sa propre légion où chaque visage peut cacher un traitre (pour l’autre).
The Laurel of Defiance — Guy Haley
Cette nouvelle s’adresse à toutes celles et ceux qui n’attendaient qu’une nouvelle opportunité de replonger sur Maccrage au temps d’Imperium Secundus. Alors que le roman de Dan Abnett nous avait conté le prélude à ce nouvelle Empire et les raisons de sa création, c’est bien Guy Haley qui nous décrira la suite des évènements, un en particulier, celui de l’Ultramarine Lucretius Corvo étant sur le point de se faire honorer par Guilliman en personne après sa réussite lors de la campagne Shadow Crusade.
Il sera notre héros le temps d’un flash back, nous expliquant par là même l’origine de son surnom le Tueur de Titan. Attendez-vous donc à une bataille épique, surtout que le titan dont on parle sera très loin des standards de votre imagination. Condensé d’action et d’epicness, cette nouvelle vous divertira en plus de faire gagner une médaille aux Ultramarines.
Sermon of Exodus — David Annandale
Une étrange nouvelle viendra clôturer Sedition’s Gate, nous faisant voyager jusqu’à la lune de Davin, un endroit qui malgré son importance avait été mis de côté depuis la trilogie d’ouverture. Vous aurez l’impression de témoigner de quelque chose de sombre, d’important et de surréel, un peu comme dans La Bataille de Molech après qu’Horus ait franchi la «porte». Pourtant il sera difficile de comprendre l’intégralité des pièces en mouvement sous nos yeux comme le jeu ne sera pas entièrement révélé par l’auteur.
Les prêtres de la lune de Davin s’organisent et certains plans commencent à se mettre en place. Les lecteurs de La Damnation de Pythos comprendront la référence au roman, faisant de cette nouvelle un prélude à ces évènements. Néanmoins David Annandale donnera aussi des indices sur un autre plan de Ghehashren et Tsi Rekh qui devrait s’abattre sur le système de Pandorax.
Dans l’ensemble ce recueil est globalement meilleur que The Imperial Truth comme chaque nouvelle se retrouve liée à un roman de la série, ajoutant de la profondeur et des détails à certains récits et personnages, et se permettant même de laisser quelques mystères planer.
Les plus
- Des nouvelles connectées aux romans de la série.
- Une certaine variété dans les légions abordées.
- Un rythme différent à chaque histoire.
- Des préludes bonus intelligents.
Les moins
- Une version originale très peu abordable pour les non-anglophones.
- Certaines nouvelles assez complexes.
- Des mystères qui vont probablement se trouvaient être artificiels.
Avec seulement cinq nouvelles, Sedition's Gate se permet bien des choses. À la fois prélude, étrange témoignage et action honorifique il y en a vraiment pour tous les goûts... mais pas pour toutes les bourses connaissant le prix de cette édition limitée.