Critique de Tallarn : Ironclad par Priad
Publié le Vendredi 10 juillet 2015 | 5 révisions avant publication | 8 corrections après publicationIl coupe son vox.
— Mori, fait chauffer les moteurs. Les autres vous avez entendu, j’ai bien peur que nous n’ayons pas le choix.
— Nous n’en avons pas vraiment besoin, Monsieur, dit Sacha.
Le War Anvil s’éveilla à la vie. Kord attendait, comptant les secondes dans sa tête. Lorsqu’il atteint vingt, il ouvrit le vox de nouveau.
— À toutes les unités, démarrez les moteurs on y va.
L’une après l’autre les machines du 71ème de Tallarn commencèrent à s’ébranler sur terre, pénétrant dans un brouillard épais. Une des machines, un Executioner, se retira du groupe alors qu’ils se mettaient en formation autour du War Anvil. La machine isolée se tourna en direction du sud et poursuivit sa route. Après à peine quelques minutes elle avait disparu des écrans et de la vue de ses camarades.
— Alors ? Kord attendit la voix d’Abbas sur le vox et ne put s’empêcher de sourire. Igra réserve un tout autre sort pour celui-ci. Dommage. Où allons-nous Colonel ?
— Dans l’inconnu, répondit Kord.
Tallarn, la bataille au million de tanks. C’est ainsi que tout le monde la connaît et avec Tallarn : Executioner, John French avait introduit le sujet à travers les yeux d’une équipe déplaçant un tank sur les plaines de Tallarn, découvrant progressivement l’ampleur de la bataille qui les attendait. Quelques années ont passé et l’arc de Tallarn est devenu plus qu’une simple bataille à grande échelle. Le conflit s’est vu approfondi et étudié d’une nouvelle façon par John French. Tout d’abord car les fans en ont assez des romans à la sauce The Damnation of Pythos, où la storyline de l’Hérésie fait littéralement du surplace ; mais aussi parce que l’auteur avait les capacités d’inclure l’arc de Tallarn dans la trame de Perturabo, faisant d’une certaine manière suite à L’Ange Exterminatus.
Depuis le tease qu’était Black Oculus, l’attente fut difficile et la Black Library a heureusement sorti quelques audio drama afin de nous faire patienter. Globalement l’arc de Tallarn est très intéressant et l’on sent bien le désir de donner à cette bataille un peu de profondeur narrative. La première édition limitée et novella d’ouverture se présentait pour beaucoup comme une histoire de Garde Impériale. Connaissant la grandeur d’une telle bataille, le choix paraissait discutable. Avec la suite Tallarn : Ironclad, l’auteur semble nous en raconter davantage, abordant différentes perspectives pour connaître les motivations et enjeux de chacun. Le livre compte quand même quelque 230 pages, comme pour nous prouver qu’il sera à la fois plus développé que son prédécesseur.
Avant de s’étendre sur le scénario qui est véritablement le cœur de l’œuvre, je voudrais d’abord souligner la qualité de l’ouvrage dans sa version limitée. Un ouvrage très haut de gamme comme d’habitude, avec sa couverture en mis relief imitant les fresques murales d’un lieu de culte, son papier cartonné, et ses pages couleurs au centre mettant en avant quelques artworks. C’est véritablement un ouvrage qui en jette et si je ne devais juger le livre que par sa couverture, je pense que je dirais aisément qu’il est indiscutablement de qualité. Mais l’émerveillement a ses limites et c’est avec les premières pages que je me suis vu transporté de nouveau sur Tallarn… mais dans d’autres circonstances.
Le conflit sur Tallarn a démarré et a ainsi pris une toute nouvelle ampleur. Les loyalistes semblent redoubler d’efforts pour tenir tête aux Iron Warriors dont rappelons-le, la présence est toujours un mystère. Pourquoi prendre autant de risque, pourquoi accepter autant de pertes pour les forces d’Horus ?
John French répondra à ces questions à mesure que vous vous rapprocherez de la fin, encore faudra-t-il trouver un peu de sens à cela. Avec la brève description que je vous ai faite de la pochette et ses reliefs en mode daemonettes de Slaanesh, il ne sera pas difficile de deviner que l’on parle encore d’un obscur artéfact au grand pouvoir et dont seules les forces renégates en ont connaissance. Je dois avouer qu’après trois bonnes années de bons et loyaux services pour le Reclusiam je commence à être exaspéré par l’usage de ces puissants artefacts comme objectif de mission. La chose autour de laquelle tout vient tourner et se placer sans aucune surprise, Graham McNeill l’avait déjà fait récemment avec son roman Vengeful Spirit (avec un succès mitigé de la part des lecteurs). Le répéter dans la même série est soit un signe de plagiat, soit de manque d’inspiration (sûrement un peu des deux en fait).
Bien heureusement John French a bien d’autres cordes à son arc et viendra étoffer son histoire en saupoudrant le tout d’Alpha Légion, comme pour donner un ton plus complexe à l’oeuvre. Un émissaire d’Horus et envoyé du Mechanicum Noir viendra aussi mettre en question la stratégie de Perturabo, nous démontrant un certain manque de confiance de la part d’Horus même concernant toute cette opération. Ce pourrait-il que le Primarque des Iron Warriors parte dans une direction différente dans l’avenir ? Possible au vu des évènements de cette novella. Après tout Vulkan a eu droit à pas mal de bouleversement de son côté.
Pour les fans de Némésis, un assassin sera d’ailleurs de la partie et pimentera un peu le roman et ses nombreux conflits d’intérêts. Ce dernier point est très important car alors que le livre vous permettra d’avoir de nombreux points de vue sur le conflit, il soulignera aussi les objectifs de chacun car personne ne sera vraiment là pour la même raison.
Pour celles et ceux qui l’attendaient depuis la première novella, l’action ne sera pas en reste non plus. Néanmoins nous serons loin des millions de tanks que l’on nous promettrait, comme la dite bataille sera simplement décrite très rapidement dans un passage du livre. Ce qui attendait de vivre ce grand moment à travers la perspective d’un tankiste risque d’être déçu. De l’action, oui, mais il faudra donc oublier la punchline de «Tallarn, la batailles au million de tanks». L’action viendra souvent soutenir une scène ou bien encore la rythmer, mais nous parlons ici de scènes de petites envergures. Une approche qui aura ses forces comme ses faiblesses, tout cela dépendra de vos attentes.
Au final, le résultat est à la hauteur des espérances mais la frustration d’avoir attendu plusieurs années pour un tel résultat (sans grosses surprises), la pilule passera difficilement. Si vous ne deviez lire ou n’acheter qu’un produit sur Tallarn, ce ne sera définitivement pas celui-là, encore que la novella est divertissante.
Les plus
- Une trame concernant Perturabo.
- Des personnages variés.
- Des conflits d'intérêt clairs.
- Des réponses à certaines questions.
Les moins
- UN MILLION DE TANKS... pas vraiment.
- Un sentiment de jongler trop souvent entre les personnages.
- Des éléments narratifs clichés.
Avec Tallarn : Ironclad vous allez en apprendre plus sur les forces s'affrontant sur Tallarn, mais l'impression que tout cela n'est qu'un apport superficiel à la saga donnera un manque de saveur à l’œuvre, comme si l’existence même de toute cette histoire n'était pas légitime. Un focus sur Perturabo uniquement aurait eu bien plus de force à mon gout.