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Critique de La Vieille Terre par Maestitia

Publié le Lundi 24 juillet 2023 | 2 révisions avant publication | 5 corrections après publication

Vulkan regarda Meduson, comme il savait que toute l’assemblée le regardait lui-même, à commencer par Nuros. Il appréciait beaucoup le Chef de Guerre. Celui-ci était intrépide comme tous les guerriers de la Dixième — un autre legs de son frère — mais ce qui impressionnait le plus Vulkan était sa détermination. Il étudia un moment l’éventualité de soutenir sa cause, comme ses fils l’avaient fait de leur côté.

Il revint à l’hololithe, à la flotte massive. Un rempart impénétrable d’acier et d’adamantium. Aucun appareil d’assaut n’aurait pu le franchir, fût-ce par ruse.

— Quelle est votre décision, Vulkan ? demanda Meduson. Maintenant que vous savez ce que nous préparons, voudriez-vous nous prêter main-forte ?

— Cela m’est impossible, je n’ai pas changé d’avis.

— Rien ne pourrait vous convaincre ? déplora Meduson.

— Je ne peux me joindre à votre guerre, et c’est définitif.

Nuros, en tant que Salamander, semblait particulièrement déçu mais il se résignait.

— Je ne voulais pas vous offenser, je nourrissais seulement un espoir, dit Meduson en levant sa main de chair et de sang.

— Ne vous attachez pas trop à vos désirs, Meduson, ils vous affaiblissent. Par contre, ces vaisseaux barrent ma route tout comme la vôtre. Faute de pouvoir les franchir, j’ai besoin de votre aide comme vous le savez.

— Elle vous est acquise sans réserve. Je ne vous demande pas de vous battre, car vous avez été explicite quant à votre désir de ne pas dévier de votre route. Je vous demande seulement d’être avec moi quand l’opération commencera. Votre présence suffira à faire une nette différence.

Vulkan y songea. Il désirait châtier les Sons of Horus, et il avait déjà consacré beaucoup de temps à la quête de sa destinée. Réciproquement, il n’avait pas le droit de délaisser sa mission. Et il n’aimait pas spécialement être instrumentalisé au service d’une politique, fût-ce dans un but noble ; mais peut-être pouvait-il faire une concession mineure de cette nature.

— Je me tiendrai à votre côté et je vous prêterai mon concours jusqu’à ce que la flotte soit vaincue, mais une fois que la route sera dégagée, mes fils et moi partiront.

— Entendu.

— Je mesure l’ampleur de ce que vous risquez, Meduson, dit Vulkan. Mais pour autant, je ne peux dévier de ma mission. Et je dois m’y atteler seul, ajouta-t-il à l’intention de Nuros.

Ce dernier eut le grand mérite de ne rien dire, et de se contenter de soutenir le regard du Primarque d’une manière confirmant qu’il comprenait.

— Je vous ouvrirai la route, dit Meduson.

— Alors je vous soutiendrai jusque-là.

Vulkan salua l’assistance et prit congé. Lumak fit mine de le raccompagner.

— Je connais le chemin, capitaine. Vous avez sans doute tous à faire avec le Chef de Guerre.

Lumak s’inclina, mais Meduson interpella le Primarque avant qu’il sorte du strategium.

— Où irez-vous, Vulkan ? Une fois le blocus brisé, où est-ce que votre mission vous emmènera ?

— Quelque part où je ne me suis pas rendu depuis très longtemps, et où je n’aurais jamais cru retourner un jour.

Sans en dire plus, il laissa Meduson et ses officiers à leurs préparatifs.

Vulkan et ses Salamanders aux bons cœurs, mais à l’apparence monstrueuse. Telle est la dichotomie de la XVIIIème Légion. Nombreux sont celles et ceux qui aiment profondément les fils de Nocturne. Ces Space Marines sont atypiques, ils ont la capacité d’empathie pour les êtres plus faibles, une émotion que n’ont pas la plupart des autres légionnaires. Cette humanité offre souvent l’occasion aux auteurs de nous raconter des histoires plus poignantes en utilisant les émotions que ces derniers peuvent ressentir.

Les Salamanders sont réputés pragmatiques, mais ils sont surtout considérés comme des protecteurs. À la différence des Imperial Fists, les fils de Vulkan possèdent le devoir de garder et sécuriser les civils humains des mondes sur lesquels ils opèrent tout en étant capables d’encaisser les pires blessures. Leur stoïcisme est légendaire et malgré leur peau noire charbon et leurs yeux rouges volcaniques, ils sont les surhumains les plus proches des hommes.

En ce qui concerne leur place dans la saga, la XVIIIème Légion a été quelque peu délaissée au profit de Légions plus populaires. Cependant, les évènements d’Istvaan V et le massacre du site d’atterrissage ont permis une meilleure visibilité de trois Légions sous-exploitées que sont les Salamanders, la Raven Guard et les Iron Hands. Ce sont les trois légions qui furent trahies de la manière la plus infâme par Horus et ses alliés.

Là où Corvus Corax put trouver la fuite in extremis, Ferrus Manus y rencontra la mort tandis que Vulkan fut capturé et torturé inlassablement par Konrad Curze. Suite à ce carnage, rares furent les rescapés du site. Ces derniers s’associant de leur mieux et formant de petits groupes de combat mélangeant les trois Légions meurtries dénommées les Légions Éclatées.

Vieille Terre est donc le troisième roman dédié aux Salamanders avec Retour au Mont Deathfire et Vulkan est Vivant. Du côté de la Raven Guard, nous ne pouvons compter qu’un seul, Délivrance Perdue. Et en ce qui concerne les Iron Hands, il n’y a en tout simplement pas. Voici un constat très décevant de la Black Library à offrir à chaque Légion son histoire au sein de l’Hérésie d’Horus.

Avec ce 47ème tome, Nick Kyme va nous narrer la XVIIIème mais aussi la Légion Éclatée menée d’une main de fer (pun intended) par Shadrak Meduson des Iron Hands. Dans la postface du roman, l’auteur nous explique qu’un roman dédié à la Xème était initialement prévu, mais que faute de temps, Nick Kyme a dû intégrer dans le récit Salamander les péripéties de la Légion Éclatée. Nous avons ici deux trames distinctes qui se croiseront sans pour autant donner de la pertinence au roman.

La première trame est donc celle de Vulkan qui se réveille au Mont Deathfire suite au sacrifice de Numéon. Le Primarque a du mal à se souvenir de ses anciennes vies, car en tant que perpétuel, il ne peut tout simplement pas mourir, mais chaque renaissance lui fait perdre partiellement la mémoire. Il sent son destin le guider vers Terra, via un artefact artisanal, qui semblerait être un compas de facture étrange. Il partira dans les profondeurs de Nocturne à la recherche d’un ancien passage obscur qui n’est autre qu’Aelindrach. Si vous aimez les oreilles pointues sadomasochistes, ce nom vous est familier.

Les fans de Salamanders sauront que les Eldars Noirs ou Drukhari, sont une faction ayant l’habitude de commettre raids et pillages sur le monde natal des Salamanders afin d’assouvir leur besoin d’esclaves destinés à la torture. L’idée d’utiliser le royaume des ombres des mandragores paraît bonne et même cohérente avec le lore. Cependant, ce qui s’y passe est décevant. En effet, l’aventure dure moins d’un chapitre et expédie la traversée cauchemardesque bien trop rapidement lorsque l’on connaît le potentiel d’Aelindrach.

La seconde trame s’occupe du reste des Iron Hands, s’alliant aux Salamanders ainsi qu’à la Raven Guard. Groupés en escouades de combats dont les tactiques se rapprochent plus de la guérilla que de la guerre classique, ces Space Marines brisés nourrissent un désir de vengeance indicible envers les traîtres. Cette haine viscérale est incarnée par Shadrak Meduson. Ce capitaine Iron Hand mène les troupes batailles après batailles afin de réduire, saboter et épuiser les forces renégates dans le but de nuire à leur agenda.

Bien que constamment en sous-effectif et en manque permanent de matériel comme les munitions, Meduson et ses guerriers parviennent à accomplir l’impossible : traquer la flotte de Tybalt Maar des Sons of Horus. Mais guider les Légions Éclatées n’est pas une mince affaire. Il est difficile pour Shadrak de rallier les autres Fraters des Iron Hands dans sa volonté de revanche. C’est ici l’intrigue principale : parvenir à rallier la Xème afin qu’elle perdure et ne disparaisse pas complètement.

Entre ces deux trames s’y glisse celle d’Eldrad, le prophète d’Ulthwé. Nous reviendrons sur les traces de la Cabale grâce à lui. En effet, Eldrad ne souhaite pas sacrifier l’humanité face aux forces de l’Annihilateur Primordial. Le prophète xéno a su apercevoir un mince espoir de sauver l’humanité. En aidant les loyalistes face à l’assaut du Maître de Guerre, les forces du Chaos pourront être affaiblies et l’emprise du warp ralenti. Il sera donc en charge d’éliminer les plus hauts membres de la Cabale avec l’aide de Barthusa Narek, un Word Bearer décidé à tuer Lorgar. Ce duo aura aussi son importance dans l’odyssée de Vulkan jusqu’à Terra.

Et puis ensuite ? Pas grand-chose pour être honnête. On assistera à de très belles scènes d’action entre Sons of Horus et Légions Éclatée, en particulier les abordages et les affrontements navals que j’affectionne. Ce que j’adore le plus, c’est le mélange hétéroclite des trois Légions. À ce niveau, Kyme parvient à nous faire plonger dans ces escouades bâtardes mais surprenantes par leur pluridisciplinarité. On aimera moins la carotte narrative qui prétend que la Gorgone est vivante. Donner un faux espoir à la Xème, c’est cruel, plus encore que le massacre d’Istvaan.

Aussi, assister à la mort de Slaan en moins d’une page est plutôt aberrant, d’autant plus qu’elle ne sert pas la narration. Plus tard, Vulkan et les fils qui l’accompagnent dans son voyage, vont croiser la route de Meduson. Là encore, pas grand-chose à dire. Cela ressemble plus à une opportunité maladroite qu’à une réelle pertinence dans l’ensemble du récit.

Les retournements de situations seront présents dans ce roman et peut-être trop nombreux selon moi. On perd avec le temps la confiance en ce que nous conte l’auteur, c’est un peu l’histoire de Pierre et le loup. En revanche, l’interprétation des personnages est bonne. On accepte sans rechigner les répliques de Vulkan, mais surtout celle de Meduson qui s’entête à assouvir sa vengeance via une vendetta suicidaire. Là où Vulkan brille par son pragmatisme et sa bonne humeur, Shadrak incarne son père et son tempérament indéfectible à la perfection.

Pour finir, le lectorat constatera que Vieille Terre est un récit sympathique, mais sans plus. Si vous aimez les Salamanders et les Iron Hands, la lecture sera très bonne. Pour les autres, il sera simplement le périple d’un Primarque ressuscité vers Terra et l’obstination sans limites des Légions Éclatées.

Les plus

  • Vulkan et sa cohérente interprétation.
  • Shadrak Meduson : on l'adore ou on le déteste.
  • Mise en scène des bataille navales jouissives.
  • La scène finale de l'arrivée du Primarque.
  • De bonnes idées mais sous-exploitées.

Les moins

  • Un faux espoir cruel, mais surtout maladroit.
  • Trop de trames, le roman en est dilué.
  • Trop de chapitres expéditifs.
  • Un Slaan qui se fait one-shot.
  • Kheradruakh qui prend une fessée.
  • Grammaticus qui apparait de nulle part.
  • Eldard qui pleure.
  • Une traversée dans la Toile inutile.
2/5

L'odyssée de Vulkan vers Terra laissera un goût de trop peu. Bien que Meduson et ses Légions Éclatées ajoutent du corps au récit, cela ne suffit pas à nous accrocher. Ajoutons à cela l'intrigue d'Eldrad et nous obtenons un mélange qui perd sa saveur au fil des pages. Heureusement, les protagonistes sont hauts en couleur et donnent de l'âme à la narration du début à la fin.