Assassinorum Execution Force : Joe Parrino aux commandes
Joe Parrino ça ne vous dit rien ? Ne vous inquiétez pas c’est normal. Ce petit auteur s’est fait plutôt discret depuis ses débuts mais depuis la sortie de sa novella sur l’Officio Assassinorum, il a été mis sous le feu des projecteurs par la Black Library.
Nous en avons donc profité pour l’approcher afin de lui poser quelques questions concernant son œuvre mais aussi sa passion, écrire.
A l’instar de notre précédente interview de Graham McNeill (en français : partie 1, partie 2) qui était disponible en version originale, vous pouvez retrouver cette interview de Joe Parrino en anglais dans le texte.
Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs et nous expliquer comment tu as finalement écrit pour la Black Library ?
Certains m’appellent le Chasseur de Calamar. D’autres me nomment juste «L’auteur». Beaucoup me réfèrent comme «C’est qui ?». Mais la majorité m’appelle Joe.
Bonjour tout le monde et merci d’être arrivé jusqu’ici, mon nom est Joe Parrino et j’écris pour la Black Library. Vous devriez avoir vu quelques-unes de mes histoires apparaitre sur le site de la Black Library, ou encore se cacher sur les étagères de votre libraire. Mettons les choses au clair car j’ai une confession à vous faire. Malgré l’orthographe utilisée dans mes histoires, je suis en réalité Américain. Choquant, n’est-ce pas ? Comme l’insaisissable yéti pour lequel ma maison est connue, je vis, écris et travaille au milieu des grands arbres, au bord des côtes de l’état de Washington bien souvent sous une pluie battante.
Concernant la raison pour laquelle j’écris pour la Black Library, et bien c’est une longue histoire. Notre conte démarre un soir de tempête, quand le soleil d’hiver se couche sur l’horizon lointain, caché derrière le voile de l’obscurité, des nuages torrentiels… Non attendez ! Ce n’est pas correct. J’ai démarré avec la Black Library au travers d’une soumission organisée. Un des éditeurs a vraiment apprécié ce que j’écrivais et c’est ainsi que «Witness», ma toute première nouvelle jamais écrite a fait son petit chemin dans les annales de la Black Library.
Pourrais-tu nous rappeler quelle fut la toute première histoire que tu as écrite et si cela reste à tes yeux une bonne expérience ?
Je transitionne de ce pas (imaginez que vous soyez avec moi dans un wagon à deux roues dans une de ces attractions qui fait peur). Comme je le disais plus tôt, «Witness» fut la première histoire que j’écrivis pour la Black Library, mais pas la première publiée (ce serait «The Patient Hunter»). Ecrire «Witness» fut une palpitante expérience. À ce moment-là je venais juste de commencer mes études supérieures à l’université d’Édimbourg. Ce fut un bon challenge pour moi de devoir jongler entre les études, partir de l’autre côté du globe et écrire pour une entreprise que je suivais étroitement depuis le lycée.
En d’autres termes, c’était génial de travailler sur «Witness» car le récit reflétait mon expérience de mes premiers mois à l’université. Bien évidemment il n’y avait pas d’incursions démoniaques à Auld Reekie, ou du moins pas que je sois au courant. Il n’y avait pas non plus de Chevalier Gris combattant au milieu des rues gothiques d’Édimbourg. Mais le parcours du personnage principal, Capitaine Danel Prestoff de l’Astra Militarum Brindleweld neuvième division, suivait le mien. Évoluant dans un endroit empli d’incertitude en passant par un échec, avant de s’élever triomphant. Nos destins étaient entremêlés durant l’écriture. Néanmoins nos destins divergent de manière radicale hein… mais je ne vais pas spoiler l’histoire.
Quelle est ta fréquence d’écriture en général ? Va t’elle évoluer dans le futur ?
Pour le moment j’écris exclusivement pour la Black Library mais j’ai il est vrai d’autres plans et quelques histoires en tête pour le future. Des choses indépendantes pour lesquelles je suis plutôt fier. Jusque-là ils m’ont gardé très occupé comme ma bibliographie peut l’attester.
En terme plus technique, j’écris pour la Black Library pratiquement tous les jours. Je m’installe dans le studio d’écriture que mon père et moi avons construit l’été dernier et qui offre une vue sur Puget Sound, avant de me perdre dans les sombres gloires du 41eme millénaire.
Tu as déjà écrit plusieurs histoires, avec les White Scars, la Raven Guard, les Eldars ou encore les Tau. Y as-t-il une raison particulière ? Etait-ce une commande de la Black Library ? Tu dois bien avoir une préférence ?
Toutes ces fictions furent en effet une requête de la Black Library. Je leur suis reconnaissant d’avoir eu autant de chance d’écrire pour eux. Toutes ces histoires ont apporté leur propre challenge dans leur méthode d’écriture par exemple. Comme faire en sorte que les Eldars et les Tau apparaissent comme suffisamment alien, ou encore lorsqu’il fallait capturer l’honneur, les devoirs et les motivations d’un Space Marine. Chaque difficulté m’a permis d’apprendre et m’a rendu plus fort.
Concernant mes favoris, je dirais que je ne suis que timidement intimidé par les forces Imperial (tu entends ça, je suis certains que les Inquisiteurs lisent ces lignes).
J’ai un background d’historien et de politique, donc j’ai adoré pouvoir intégrer mon savoir et mon intérêt lorsque j’écrivais sur les White Scars et la Raven Guard. Avec ces derniers en particulier j’eus pas mal de marges pour étendre mes pensées, mes idées et directions de ces Sons of Deliverer. Profitant de mon attrait pour l’Europe, j’ai passé un certain temps à imaginer leur culture et leur approche de la guerre, l’Imperium et leur place dans l’Empire de l’humanité. Formulant la doctrine qui les guide, transformant leur caractère taciturne et silencieux en une nuance. Je crois dure comme fer que ce fascinant et unique Chapitre a été l’un des points culminants dans ma carrière d’écrivain jusque-là.
Peux-tu nous en dire plus concernant ton approche des différents formats (novella, audio drama, roman, nouvelle) ?
Tous les formats commencent de la même manière, (comme je le décris ci-dessous), mais lentement diverge dans la complexité qui leur est propre.
Chaque format demande une approche différente. Avec les nouvelles, le maximum doit être dit et établi en quelques mots. Il ne faut pas faire dans la subtilité pour avoir la chance de décrire le contexte, les personnages et le lieu de l’action.
L’audio est aussi un autre exemple des limitations et bénéfices liés à l’aspect court d’une nouvelle, comme les deux ont souvent les mêmes fondations. Lorsque j’écris un audio drama, je fais encore plus attention à l’atmosphère que je décris et aux potentiels des sons et dialogues que l’on va retrouver.
En opposition, les novella laissent bien plus de place et de possibilité à notre potentiel, une opportunité supplémentaire de s’attarder sur une scène et sa mise en place, de faire une description du monde et des paysages criants de vérité, de donner une image plus précise de l’univers dans lequel nos personnages évoluent. Cela offre alors à nos héros une toute nouvelle dimension dans lequel s’épanouir et les directions sont alors nombreuses. Avec un roman, cet effet est encore accentué, et je suis sur le point de m’en rendre compte.
L’histoire de ton roman Assassinorum : Execution Force semble très similaire à Nemesis, les personnages mis de cote bien entendu, était-ce une décision venant de l’éditeur ? Quelles ont été tes inspirations ?
L’histoire a été déterminée par le studio travaillant sur le jeu de plateau Execution Force. Prêtant l’oreille aux traditions établies dans Nemesis, ma novella suit une autre Force d’Execution d’assassins, qui plus est c’est une coopération difficile, alors qu’ils tentent d’empêcher une calamité de toucher l’Imperium des hommes.
Peux-tu nous partager quelques petites anecdotes concernant ton livre ?
Avant même de démarrer l’écriture du livre, je savais exactement qui allait être mon personnage favori et quelle seraiet la cause de difficultés. Alors que je m’assis pour écrire sur le personnage que j’avais déjà identifié comme le moins profond, celui qui n’apprend jamais de ses erreurs, je le senti qui s’avança pour me demander de sa voix fatiguée et mal articulée plus d’attention. Sylas Torq, the Eversor, est rapidement devenu mon point de vue favori pour lequel il me fallait écrire. La tragédie de son existence, la brutalité de ses actions et l’unique crime commis pendant son entrainement, en faisait une sorte de berserker évoluant en une tragique figure. L’effacement de sa personnalité, le vain désir de s’éloigner des drogues et le fait qu’il jetait son dévolu sur ses camarades, en firent un personnage fascinant.
Le légionnaire noir qui apparaît dans le prologue pourrait clamer avoir honneur d’être le premier de mes personnages. De retour dans la brume de mes jours naïfs et dissous d’étudiant, lorsque je m’ennuyais en classe, j’écrivais alors ma fan fiction. Cette histoire ne verra jamais le jour, mais je dois dire que pouvoir écrire sur Beraddon “L’œil gauche de la Black Legion” fut un hommage à ma jeunesse et à la réalisation de mon inspiration pour laquelle je pensais un jour pouvoir écrire pour la Black Library.
Est-ce un livre orienté action ?
Comme toute la majorité des livres de la Black Library, la novella se concentre en effet sur l’action. Après tout c’est l’univers qui veut cela, car n’oublions pas que le slogan reste «Dans ce sombre et lointain future, il n’y a que la guerre.»
En plus, les assassins et Severin Drask ont une chance de briller. Dans ces trépidantes aventures à l’action soutenue, leurs personnalités se bousculent, grandissent et interagissent.
Est-ce le premier livre d’une trilogie ?
Je ne suis pas opposé à l’idée, mais aussi loin que je puisse prévoir, il n’y a aucun plan pour poursuivre cette histoire. J’ajouterai qu’il serait particulièrement difficile de continuer l’aventure pour certains personnages, mais je crois que je m’engage sur le territoire du spoiler.
Comment as-tu fait pour implanter le fluff dans ta novella ? Est-ce un aspect difficile de l’écriture ?
C’est bien la difficulté de toutes les fictions tirées d’univers, trouver un moyen de faire vivre tout cela et de se mouvoir à l’intérieur des connaissances déjà existantes, et en parallèle de lui rendre honneur bien entendu. Donner un coup d’œil au fluff disponible dans le livre de règles, relire les documents que j’avais réunis et parcourir les saintes pages du Lexicanum m’ont aidé à garder la tête hors de l’eau. Pour tous les projets que je démarre, je passe un temps fou en recherche, mais aussi pour que toutes ces informations arrivent à maturité dans mon esprit.
Prendre quelques factions pour lesquelles je n’ai jamais vraiment lu grand-chose et les traduire de l’état de connaissance et fluff en personnages vivants et respirant est devenu la base de mon travail pour la Black Library. En tant que fan, j’ai très certainement mes favoris (ceux appartenant à l’Inquisition, certains chapitres Space Marines, l’Astra Militarum et les légions du Chaos), et depuis que je suis devenu écrivain, j’ai dû élargir mon horizon et travailler en dehors de ma zone de confort pour triompher.
Avais tu lu Nemesis de James Swallow, et si oui l’as-tu apprécié ? Que penses-tu d’ailleurs du timing de sa sortie dans la série de l’Hérésie d’Horus ?
Je suis la série de l’Hérésie d’Horus depuis le tout début de son annonce. Je fus assommé par les mots de Dan Abnett dans l’ouverture de L’Ascension d’Horus, “J’étais ici le jour ou Horus tua l’Empereur.”
J’aime suivre cette tragédie d’une guerre civile entre les légions, lire la scission de ces liens fraternels encore inviolés. Pourtant je savoure davantage les romans comme Nemesis, Légion, Mechanicum et Prospero Brûle. Ces romans prennent le temps de montrer ces hommes qui sont pris entre deux feux, les forces impériales et renégates. Ils révèlent le fonctionnement de l’Imperium alors qu’il fait face à une guerre fraternelle en son sein. C’est le genre d’histoire que j’aime, celles nous témoignant d’hommes ordinaires étant confrontés à des circonstances extraordinaires.
Travailles-tu actuellement sur quelque chose en particulier ? Du nouveau pour la Black Library ?
Oh oui, je travaille en ce moment même sur quelque chose d’autre. Quelque chose d’un brin plus gros que mes efforts précédents pour la Black Library. Je vis dans l’ombre, les regardant se battre l’un contre l’autre. Dans les ténèbres j’écris pour la délivrance, porté par les ailes de la libération. J’espère trouver la victoire ou bien la mort.
Et alors que j’écris ceci, il y a devant ma fenêtre de sombres corbeaux.
Si tu veux ajouter quelque chose, c’est ici et maintenant.
Je voudrais dire un immense merci à vous pour m’avoir contacté et demandé de faire une interview. Je suis toujours très honoré et touché par les gens qui me suivent. J’espère rendre justice à votre curiosité pour mon travail et ne pas vous décevoir.
Merci à Joe Parrino pour le temps qu’il nous a consacré, ainsi que pour nos agréables échanges. Nous espérons que cette interview vous a plu et vous a permis d’en savoir plus sur un des plus récents auteurs de la Black Library.
- Publié le Vendredi 5 juin 2015
- 9 révisions avant publication
- 1 correction après publication