Critique de La Bataille de Calth par Priad
Publié le Mercredi 28 août 2013— Ils ne parlent pas, répète-t-il.
— Qui donc ne parle pas, monseigneur ? demande Gage.
— Les Word Bearers. Tout ce trafic, ça ne vient que de nous.
— Comment la savez-vous ?
Guilliman hausse légèrement les épaules, en continuant d’écouter. Il reconnait les noms de vaisseaux, les voix, les matricules de quille, les codes de transmission. Si seulement le Mechanicum était capable de concevoir un bio-moteur cognitif aussi efficace que l’esprit de Guilliman.
— C’est nous qui réclamons de l’aide, qui réclamons des clarifications, dit-il. C’est nous qui réclamons des instructions, qui demandons la permission de riposter. C’est nous qui sommes en train de mourir.
Il regarde vers Gage.
— Les Word Bearers font feu sur nous, dit-il.
La bataille de Calth nous amène auprès des Ultramarines, lors d’un moment clef dans la saga de l’Hérésie d’Horus. Inutile de vous rappeler l’importance d’une telle bataille où les Word Bearers ont pour mission d’anéantir les forces Ultramarines, seule légion ayant encore le potentiel de faire pencher la balance de la victoire pour le Maître de Guerre. Réunissant la majorité des Space Marines appartenant au système d’Ultramar sur Calth sous des prétextes fallacieux, Horus n’a pour seul but que d’écraser les forces de Guilliman. C’est bien évidemment à la légion des Word Bearers de s’en charger, leurs cœurs étant rempli de haine contre ces derniers depuis l’humiliation subie sur Monarchia.
C’est avec un certain étonnement que nous retrouvons Dan Abnett aux commandes de ce livre, les Ultramarines étant généralement la légion de Graham McNeill. Mais au-delà de cet étonnement, c’est la satisfaction que l’on ressent à la lecture de ce livre nous décrivant les Ultramarines avec bien plus de profondeur que ce à quoi nous sommes habitués avec les romans d’Uriel Ventris.
Ainsi, ayant une certaine rancœur pour le Primarque Guilliman depuis les événements du Premier Hérétique, je dois avouer que ce tome ci à eu pour conséquence de me faire réviser ce point de vue. Dan Abnett donne vraiment vie à Guilliman, personnage que nous voyons pour la toute première fois dans cette saga. C’est donc un portrait juste et froid qui nous est dépeint, soulignant son intelligence et son approche tactique des choses.
Même en maîtrisant aussi bien son personnage, il est louable que Dan Abnett n’ait pas choisi la facilité en le mettant au centre du roman, car c’est véritablement tous les autres points de vue que le livre aborde qui rendent cette histoire si riche.
Jonglant entre notre Primarque à l’armure bleu cobalt, des Ultramarines, des soldats, des cultistes et encore bien d’autre, l’auteur réussit à donner la vie sur Calth d’une manière assez inattendue. Ainsi, les chapitres sont divisés en plusieurs parties, chacune accueillant un protagoniste que l’on suivra ensuite régulièrement. Le livre est lui-même divisé, nous permettant de mieux appréhender le contenu de chaque partie. Et même si tout le monde devinera que la dernière est un assaut Ultramarine contre les forces de Lorgar, c’est surtout la première moitié du livre qui retiendra mon attention.
Ainsi Dan Abnett nous décrit une planète bien vivante avant de faire s’effondrer les fondations de la logique dans un assaut d’une violence inimaginable, et c’est ce contraste qui a marqué mon expérience de lecteur. La bataille se passera donc sur terre, mais aussi dans l’espace où les Ultramarines devront se défendre contre l’abordage de leurs vaisseaux.
Comme son titre l’indique, le livre est un concentré d’action abordant tour à tour la bataille de Calth depuis différents regards. Il semble qu’après la déception de Prospero Brûle, Dan Abnett est décidé de renouer avec son public en lui offrant ce qu’il sait faire de mieux, mettre des personnages auxquels on s’identifie au milieu de quelque chose qui les dépasse. Entre un maelström d’explosion et des scènes de survie, nous sommes tour à tour happés dans cette bataille dont personne ne voulait être acteurs.
J’opposerai cependant un petit bémol à la seconde moitié du livre ayant un certain mal à nous offrir du neuf. Le tout semblera bien moins intéressant en comparaison du premier assaut des Word Bearers, même après la disparition du Primarque. Nous aurons alors droit à des scènes de guerre éparses, sans grand intérêt puisque certaines ne joueront pas de rôle crucial dans son déroulement. Néanmoins j’ai tout de même parcouru le livre avec plaisir, surtout lors des échanges tendus entre les deux Primarques. Mon impression étant que ce roman semble être un mélange entre la série Les Fantômes de Gaunt, Titanicus et des Ultramarines.
Le second bémol étant le choix du temps utilisé pour nous raconter tout cela, le présent. Malgré la logique d’une telle décision, j’ai eu un certain mal à trouver mes marques. Après avoir été décontenancé lors de ma première heure de lecture, j’ai su néanmoins apprécier ce choix surprenant qui m’a fait me sentir plus proche des événements, le tout étant censé être une compilation d’archives.
Ce nouveau tome de l’Hérésie d’Horus nous apporte donc peu en matière d’histoire, car nous savons tous comment se termine cette bataille, mais quelle bataille. Il était cependant nécessaire d’avoir un roman dédié à Calth car après tout nous vivons là un moment charnière pour l’Imperium.
Les plus
- Vivre cette bataille à travers les yeux de personnages n’ayant rien en commun. La bataille de Calth comme si vous y étiez.
- Le portrait de Guilliman qui est bien plus fouillé que ce à quoi je m’attendais.
- Le premier coup porté par les Word Bearers prend une partie non négligeable du livre et vous allez être soufflés.
- Les scènes d’action sont d’une grande efficacité, enchaînant batailles dans l’espace à bord des vaisseaux, mais aussi sur terre à bord de véhicule. Certaines scènes de siège valent aussi le détour.
Les moins
- Certains choix narratifs qui ne plairont sûrement pas à tout le monde.
- Certains passages n’apportent vraiment rien et l’on en vient à vouloir suivre des protagonistes plus intéressants.
Un bon roman qui en plus prend certains risques liés à sa construction narrative. Un choix audacieux, pour une bataille qui l’est tout autant. Dan Abnett nous offre ici bien plus que de simples joutes entre Space Marines, peut être pour plaire à un public anti-Ultramarine, profitons-en dans ce cas.