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Critique de Colère d'Acier par Drystan

Publié le Jeudi 16 janvier 2014 | 3 corrections après publication

La situation était si grave que les Iron Hands devaient faire fi de leurs méthodes de combat habituelles. Les fils de Manus n’étaient poussés que rarement à de telles extrémités. Lors de telles circonstances, ils se fiaient avant tout à la rage qui était l’héritage génétique de tous les guerriers de l’Adeptus Astartes.
Quand cela se produisait, bien peu d’ennemis dans la galaxie étaient capables de leur résister : dix milles ans de colère et d’amertume se déchaînaient en une tempête vengeresse décuplée par le pouvoir de la machine. Et cette tempête allait éclater. Shardenus allait subir de plein fouet la colère de l’acier.

Nous avions laissé un Chris Wraight prometteur avec son roman La Bataille du Croc pour la série Space Marines Battle. L’auteur avait alors pour la première fois mis en scène un Primarque (Magnus), au sein de la série des SMB, ce dernier s’en était même sorti avec brio avec ses Space Wolves du 30ème millénaire. Surtout que ce dernier a vraiment les fils de Russ dans la peau avec son excellent Blood of Asaheim Chris nous avait donc habitué dès le départ à du très lourd.

Colère d’acier change presque radicalement d’échelle par rapport à La Bataille du Croc. D’une part les sauvages Space Wolves sont troqués pour les austères Iron Hands, d’autre part le scénario change. Deux bons points qui prouvent que l’auteur possède plus d’une corde à son arc.

Pour ma part Chris Wraight m’a agréablement surpris avec Colère d’Acier. Après lecture de la quatrième de couverture, j’avoue avoir senti le remake de Déluge d’Acier mais à l’envers. C’est à dire qu’au lieu d’avoir un siège d’une place forte impériale par les Iron Warriors, les Iron Hands allaient assiéger avec l’aide de la garde Impériale et de la Légion Titanique une ruche tombée aux mains du grand ennemi. Eh bien pas du tout, ça m’apprendra à être trop critique, l’histoire est bien plus complexe et j’en remercie l’auteur.

En ce qui concerne le scénario,  Shardenus, planète du sous-secteur Contqual tombé aux mains du chaos a attiré l’attention des Iron Hands. Ces derniers se retrouvent dès les premières pages confrontés à des hommes étant persuadés de servir l’Empereur, provoquant l’incompréhension du lecteur. Ce que ces hommes ne savent pas c’est que Shardenus est déjà tombée, au cœur même de sa ruche, dans les plus hautes instances, la folie règne et le voile entre la réalité et le monde des démons menace de se déchirer. Les Iron Hands du clan Raukaan, la troisième compagnie du chapitre, doivent alors faire face à un terrible contre la montre pour « sauver » cette planète de la damnation. Quel qu’en soit le prix à payer.

La narration est partagée entre différents Iron Hands, le Seigneur Général de la Garde Impériale, un Princeps, un agent infiltré dans la ruche, quelques rebelles et plusieurs autres, l’histoire reste fluide. Vous l’aurez compris, les points de vues sont nombreux mais se rejoignent tous. Offrant ainsi une vision panoramique de l’assaut de la ruche, nous plongeant parfois au cœur des combats et à d’autres moments dans le strategium d’où sont envoyés des milliers d’hommes vers une mort certaine.

Toute l’histoire tourne autour d’une morale. Jusqu’où doit aller le sacrifice pour sauver une planète de la damnation ?

Mais au delà de cette morale, l’auteur soulève de nombreux points intéressants, un commandant impérial doit il toujours obéir aveuglément aux ordres ou apprendre à penser par soi même ? Doit-il envoyer ces hommes vers une mort certaine pour le bien d’un but plus grand dont il n’a pas connaissance ? L’auteur répond avec brio à ces questions tournant autour de la loyauté envers le trône Impérial.

Autre point auquel s’attache d’une main de maître Chris Wraight, les Iron Hands. En effet, ce chapitre n’a jusqu’alors pas eu le droit à un roman complet, il tient pour le moment un rôle de figurants dans l’Hérésie d’Horus, comme entre autres dans Fulgrim et Les Primarques. Et pourtant que ce chapitre est énigmatique. Premier des chapitres à avoir fait face à la mort de son Primarque, Ferrus Manus, si l’on enlève les deux chapitres disparus, les Iron Hands ont énormément soufferts. Tellement soufferts qu’ils sont désormais plus des monstres que des hommes. S’efforçant de purger toute traces organiques de leurs corps, ils ressemblent désormais plus à des  machines qu’à des Spaces Marines. Ils ont appris à haïr la chair qui est faible, mais ne semblent pas se rendre compte de leur propre faiblesse.

Certes, ils sont redoutables, inébranlables mais on ne peut s’empêcher de trouver une mélancolie dans leur manière de se séparer de leur humanité. Mais n’est-ce pas le sacrifice ultime qu’ils offrent aux citoyens de l’Impérium ? Se transformant ainsi en défenseurs inébranlables de l’humanité ? Une force inamovible ne pouvant être détournée de son but.

La construction du roman est telle que le lecteur va dans un premier temps trouver les Iron Hands inhumains, voire cruels, puis au fil de la lecture, il faudra se rendre à l’évidence que parfois des sacrifices sont nécessaires pour le bien de tous et que finalement les Iron Hands ont peut être fait le bon choix. C’est une vision personnelle du roman, mais j’ai apprécié que mes sentiments soient si facilement modifiés au fil de la lecture.

Pour moi ce tome est certainement le meilleur de la série à ce jour, il propose un terrain fertile de réflexion quant au devoir des agents de l’Impérium mais aussi sur le chapitre des Iron Hands. Les combats sont au rendez-vous bien que parfois le lecteur n’est pas au cœur de l’action.

Les plus

  • Changement de style réussi pour Chris Wraight.
  • Enfin un roman consacré aux Iron Hands.
  • Du fluff sur ce chapitre.
  • L’ambivalence entre les personnages humains et les 'machines'.
  • Des ouvertures intéressantes pour les philosophes du 41ème millénaire.
  • Les changements de point de vue.
  • L’identité du bad guy final.
  • Une morale intéressante.

Les moins

  • Les personnages chaotiques délaissés, pas de place pour explorer leur psychologie.
  • Parfois on peut regretter de ne pas être plus au cœur de l’action.
  • Quelques combats manquant de réalisme (démonettes vs warhound).
4.5/5

Chris Wraight nous offre un ouvrage de qualité sur un chapitre sous exploité. De quoi encore une fois, prouver que la série des SMB à de beaux romans devant elles.