Avis sur Les Fantômes par Priad
Publié le Dimanche 24 juillet 2016 | 6 révisions avant publication | 2 corrections après publicationAprès une lecture très agréable du tout premier tome des Fantômes de Gaunt, il me fallait poursuivre les aventures de notre Commissaire avec son second tome sobrement intitulé Les Fantômes. Comme souligné dans la critique du roman Le Premier et Unique, j’avais su passer un bon moment à l’époque, Dan Abnett créant les bases de la construction d’un roman Black Library tel que nous le connaissons. Conscient de l’aspect novateur qu’un tel récit put avoir à sa sortie, je ne pus néanmoins éviter la comparaison avec des sorties plus récentes et dès lors remettre en question certains parti pris de l’œuvre.
Avec ce premier tome, Dan Abnett avait donné vie à de nombreux personnages et c’est donc avec un plaisir non dissimulé que je replongeais dans les péripéties de Gaunt pour savoir ce qu’il devenait. C’était cette fois-ci une guerre de tranchée qui m’attendais, une guerre lente et douloureuse où tenir ses positions est la clef. Le talent de l’auteur ne serait pas ce qu’il est si Sir Abnett n’avait pas décidé d’user de cette guerre de position pour nous en dire plus sur ses héros. Évitant l’écueil de l’ennui, l’auteur se fera une joie de nous conter une histoire pour chacun de ses personnages. Sans être un recueil de nouvelles, l’œuvre se veut variée néanmoins puisque chaque chapitre sera un moyen d’en apprendre plus sur un personnage au travers d’un flash back.
Du Major Rawne au Médecin-Chef Dorden, en passant par Milo, nous découvrirons tour à tour une histoire dédiée à l’un de ces personnages. C’est donc le temps de quelques pages que nos héros seront tour à tour mis sous le feu des projecteurs. Un vrai bonheur pour qui souhaite en lire plus sur un personnage en particulier. L’idée est bonne et permet une certaine variété dans les situations rencontrées, comme la guerre de tranchées seule aurait pu ralentir le rythme du livre. Le titre de ce tome 2 du cycle de La Fondation prendra donc tout son sens avec cette construction, les Fantômes étant véritablement le cœur du récit.
Il faudra pourtant souligner une certaine inconsistance en matière de qualité, certaines histoires étant meilleures que d’autres. Celle du Médecin-Chef Dorden par exemple fut très prenante, ce personnage n’étant pas un soldat à part entière mais un homme de science, n’hésitant pas à soigner les blessés du camp ennemis. L’auteur retranscrira donc avec perfection les traits de caractère des Fantômes, mais terminera avec plus ou moins de force chaque récit, celle du Médecin-Chef manquant à mes yeux d’une véritable closure.
D’autres histoires par contre seront vraiment surprenantes par leur approche, comme celle de Caffran consistant à gagner un combat contre des soldats du Chaos vénérant Khorne, où Les Fantômes sont dépassés en nombre de plusieurs milliers (un nombre ridicule de 1 pour 10 000 si je me souviens bien). Ces derniers mettront en place une stratégie bien surprenante, attendre.
Car alors que l’ennemi croira avoir gagné, il débutera son culte nécessitant le sacrifice de milliers de soldats. C’est donc après que des dizaines de milliers de soldats du chaos aient mis fin à leur jour que Gaunt reprendra le dessus. Un plan simple qui pourra manquer de badassness pour certains mais qui sera audacieux pour d’autres car la guerre est aussi une histoire de réflexion, économiser ses troupes étant finalement une option viable.
Le dernier tiers du roman mettra de côté les flash back pour se concentrer sur cette fameuse guerre de tranchées sur Monthax ayant évolué en tempête chaotique (rien que ça). La situation offrira de nouveaux challenges pour nos héros et la venue d’une Inquisitrice très soupçonneuse à l’égard d’un membre de Gaunt ajoutera une difficulté supplémentaire rythmant davantage la fin du roman. Pour une fois, l’Inquisitrice ne sera pas un traitre et Dan Abnett lui réservera un rôle plus «classique» mais diablement efficace. Les interactions entre Gaunt et cette dernière seront d’ailleurs fort intéressantes, la moindre parole de travers pouvant déclencher le courroux des Ordos. C’est ici que la sagesse et le sang froid de Gaunt brilleront comme vous pouvez vous en douter.
Cette dernière partie plus conventionnelle permettra aussi de montrer à nouveau les frictions existant entre les Fantômes et les autres troupes sur le terrain, les Sangs Bleu de Volpone dans le cas présent. Détestables et injustes par nature, les Sangs Bleu auront un rôle de némésis par moments, les cultistes chaoteux étant plus un contexte qu’autre chose. Un superbe contexte puisqu’ils permettront aux Fantômes de se battre pour Tanith lors de visions leur faisant croire qui se trouvent au Palace du Gouverneur de Tanith. Une idée très originale qui mettra fin à leur frustration d’avoir laissé Tanith mourir. L’auteur n’oubliera donc pas l’aspect psychologique de la guerre et les séquelles qu’elle peut laisser.
avec cette structure Les Fantômes sera un roman varié, confrontant nos héros à des forces qui les dépassent. Du chaos, des orks, en passant par de simples soldats ennemis, c’est cette variété de situations qui permettra de rendre pleinement honneur au courage des hommes de Gaunt. Cependant, le récit manquera parfois d’un peu de sérieux, prenant certains airs légers avec son humour décoincé et ses héros fatalistes au point de ne pas craindre les pires dangers. Compléter ma lecture en écoutant du Eddie Wedder (Into the Wild) a pu accentuer cette impression qui finalement donne un ton moins dramatique à l’histoire. Une petite déception pour ma part comme malgré les enjeux, je restais assez spectateur du conflit. Dommage. Je lirai tout de même le troisième tome afin de me faire une idée définitive de ce premier cycle.
Les plus
- Une construction originale.
- Un chapitre qui sent fort l'Ork avec le Majeur Rawne.
- Des personnages haut en couleur, amis comme ennemis.
- Un Gaunt finalement moins central à l'histoire mais qui servira de pivot entre toutes ces histoires.
- L'inquisitrice Lilith mérite bien d'être dans les point positifs <3.
- Une très bonne variété dans les histoires.
- Des transitions et ellipses qui ne choquent guère.
Les moins
- Il faut accrocher au concept du flash back.
- L'histoire sera certainement décousue pour certains. Pour moi elle le fut un peu jusqu'à que je sois à l'aise avec l'idée.
- Tous les chapitres ne se valent pas.
- Manque de drame, on veut plus de grim !
Les Fantômes a une place de choix dans le cycle de la Fondation puisque le roman se veut être de courtes histoires pour encore mieux définir ses héros, leur trait de caractère comme leurs sentiments. N’oublions pas d’ailleurs que le titre anglais Ghostmaker peu se traduire par «Le faiseur de Fantômes». Dan Abnett nous donne donc une meilleure compréhension de ce qu’être un Fantômes signifie, explorant plusieurs destins de manière individuelle. Une lecture assez sympa.
Critique de Les Fantômes par Drystan
3.5/5Les Fantômes est donc un excellent roman dans l’optique où celui-ci remplit son rôle à merveille. Il nous présente les éléments importants du régiment en donnant de la profondeur à de nombreux personnages. Il respecte donc parfaitement l’idée de la première trilogie. Désormais les choses sérieuses peuvent débuter.