Critique de Feux Croisés par Maestitia
Publié le Mardi 12 août 2014 | 11 révisions avant publication | 2 corrections après publicationDes citoyens irréprochables de l’Imperium avaient également péri à la Porte Aquila, piétinés dans les bousculades ou pris dans les flammes. Calpurnia savait que même si ce terrible incident avait eu lieu sous ses ordres, cela n’aurait pas empêché la mort de toutes ces personnes.
«Ut iusta esse, lex nobis severus necesse», «Pour être juste, notre loi doit être cruelle» comme on l’enseignait à la Schola Arbitorum, ainsi que le Lex Imperatoris, «Quia via vitae nobis , obsiequat», «La loi de l’empereur doit être respectée, même si nos vies devaient s’éteindre».
C’était une chose dure à admettre, seule, sur un banc en acier d’un char grondant, dans une ville étrange, parmi l’obscurité précédant l’aube, mais chaque arbitor savait que la dure loi impériale avait son prix.
Il y a parmi les romans de la Black Library, les récits estampillés Horus Heresy, les scénarii relatant des batailles épiques, ou plus communément surnommé les boltporn et puis il y a les autres.
Les autres, dont la trilogie de Shira Calpurnia fait partie, sont des histoires qui ne suivent pas les standards classiques. Ce sont des romans où les Astartes ne sont même pas citées et où les entités maléfiques du Warp sont (en général) absentes.
Feux Croisés nous narre la récente habilitation de Shira Calpurnia Lucina parmi l’Adeptus Arbites sur monde ruche : Hydraphur. C’est avec le grade de Senioris que Shira sera mandatée sur cette planète afin de surveiller et protéger les préparatifs d’une fête à l’importance capitale pour la ville : The Mass of Saint Balronas, The Sanguinala.
Mais comme dans tous bons romans, rien ne se déroulera comme prévu et Shira devra redoubler d’ingéniosité pour traquer et débusquer les ennemis de la cité.
Si vous pensiez tout connaître du monde de Warhammer 40 000, ce tome risque de vous prouver le contraire. En effet, l’organisation traitée dans ce roman n’est pas la grande Inquisition, ni même l’Astra Militarum. Il faudra au lecteur un temps pour l’accepter puis comprendre l’Adeptus Arbites. Je pourrais vous en donner la définition exacte, mais je vous laisse le soin de parfaire votre éducation fluffique via la toile. Pour résumé, sachez que l’Arbites découle d’une influence indéniable de Judge Dredd (comics).
Bien qu’ayant sa propre originalité, l’Adeptus Arbites n’en reste pas moins une police urbaine impériale qui a pour mission de faire régner l’ordre et les lois quelles qu’en soient les conséquences. Ils sont à la fois juges, jurys et bourreaux. Autant dire qu’ils ne font pas dans la dentelle.
Shira Calpurnia quant à elle, (les amoureux d’histoire noteront ici le clin d’oeil) représente l’archétype de la femme vigoureuse, forte et tenace, native des environs d’Ultramar. Bien qu’elle soit tout fraîchement promue sur un monde dont elle ignore toutes les nuances aussi bien politiques que sociales, cela ne l’empêchera pas de mener son enquête lorsque différentes organisations attenteront à sa vie ainsi qu’aux préparatifs des fêtes annoncées.
Une enquête donc. J’en vois déjà certains faire la moue en lisant cela. Certes, le rythme de ce roman sera parfois plus lent et moins empreint d’action que ce que vous avez peut-être déjà lu, mais attention à ne pas juger cette histoire sans suffisamment de preuves (notez l’effort pour rester dans le ton).
Ce roman est un trésor de détails et un nirvana de descriptions. Vous aimez le background, le fluff ? Vous aimez être catapultés dans une atmosphère qui frôle le cyberpunk ? Si oui, vous serez enchantés, si non, vous en tomberez amoureux. Matthew Farrer réussit un tour de force avec Feux Croisés. Cet auteur peu connu offre à ses lecteurs un savant mélange entre ces deux univers.
Pour appuyer la qualité du travail de fond de l’auteur, je peux vous dire qu’un tome comme celui-ci est une magnifique source d’inspiration pour un scénario de Dark Heresy (pour ne citer que lui).
L’investigation est recherchée, intrigante et restera voilée jusqu’à la fin, laissant les protagonistes raisonner et ainsi permettre au lecteur de mieux comprendre et apprécier leur différente personnalité.
Des personnages qui à juste titre possèdent tous une âme ! Et dans un roman où plusieurs individus vont devoir se succéder au fil des pages, il sera d’autant plus agréable de se souvenir des noms et des grades grâce à leur psychologie marquée.
Il est clair que l’action ne sera pas omniprésente, mais les scènes en question n’ont rien à envier à du Space Marine Battles pour autant. Encore une fois, la mise en scène narrative reste très immersive. Certains s’endormiront, mais pour ma part je n’ai pu relever mon nez du livre qu’une fois le dernier chapitre terminé.
Nous aurons droit à divers moments marquants, je pense notamment à l’interrogatoire, scène qui reste classique mais diablement efficace ou à l’abordage d’un vaisseau à la façon Enforcer…
Au-delà de toutes ces qualités, le lecteur sera enduit d’une connaissance parfois lourde. Car si le jeu entre l’Arbites et la Navy, ou la Navy et les seigneurs d’Hydraphur ne vous passionne pas, vous serez irrémédiablement largué et lassé. On pourra en outre lui reprocher d’avoir une fin trop brutale.
L’allure ainsi que le rythme du roman s’explique de par son thème et ses acteurs. Nous sommes dans une enquête menée par L’Adeptus Arbites et bien que se soient là les deux principaux défauts que l’on reproche à ce tome, c’en est pour moi les qualités primordiales.
Feux Croisés et le premier tome d’une trilogie qui s’annonce passionnante.
Les plus
- Une autre facette de l'univers de Warhammer 40 000 : L'Adeptus Arbites.
- Péripéties rythmées et palpitantes. Diversité des évènements.
- Le personnage de Shira Calpurnia.
- Une plume descriptive délicieuse. Action vive quoique courte, mais toujours pertinente.
- L'ambiance Dark Heresy/Necromunda.
Les moins
- Un vocabulaire très riche voir complexe.
- Un beau final trop vite expédié.
- Plusieurs coquilles (VO).
Feux Croisés est le premier roman que je peux estampiller de "policier" dans l'univers Wh40k sans honte. On suit l'Arbites Shira Calpurnia dans un univers obscur à une échelle terriblement humaine sans aucune peine tant le personnage est attachant et la narration structurée. L'environnement, l'atmosphère ainsi que le fluff auront l'effet d'un vent de fraicheur pour les tous les lecteurs vétérans.