Critique de The Long Night par Maestitia
Publié le Samedi 29 août 2015 | 9 révisions avant publication | 4 corrections après publicationLes Night Lords sont de retour ! Enfin, pas tout à fait, Sevatarion est de retour. Cela faisait un petit moment que la VIIIème n’avait plus de réelle importance concernant l’évolution scénaristique dans la saga de l’Hérésie d’Horus. Souvent utilisée comme faire-valoir, comme face à des Dark Angels toujours plus vicieux et dissimulateurs ou encore des petites apparitions par-ci, par-là. La dernière fois que nous avions eu la chance de voir des Night Lords, c’était dans l’excellente novella Prince of Crows par A.D.B. (récit également disponible dans le recueil Les Ombres de la Traîtrise) et c’est encore pour notre plus grand plaisir que ce cher Aaron est à l’écriture de cet audio drama d’une quarantaine de minutes. The Long Night est sortie une première fois en mp3 avant d’avoir droit à sa version CD sur lequel il est en tandem avec Master of the First écrit par Gav Thorpe. Les deux audio se déroulent grossièrement à la même période, bien que The Long Night joue sadiquement avec l’espace et le temps, mais j’y reviendrai plus tard.
Suite aux événements au-dessus de Thramas, Konrad Curze se retrouve plongé dans le coma et Jago Sevatarion, Premier Capitaine des Night Lords est fait capturé par les Dark Angels. Séparé de l’Atramentar, Jago et tenu captif dans une cellule qui n’est éclairée que quelques heures par jour et nourri de la façon la plus spartiate imaginable pour un Astartes. On connaît désormais ce dont sont capables les fils de Kurze, car avant qu’Aaron nous narre les aventures de Talos et enrichisse indéniablement le fluff des Night Lords, ces derniers restaient assez fades et peu intéressants. À présent, Sevatarion rime à nos oreilles avec les mots badass, drôle, sadique ou encore cinglé. Ça tombe bien, car c’est exactement ce dont il s’agit dans cet audio !
Enfermé dans cette prison de ténèbres où même ses sens surhumains de Space Marine ne parviennent pas à percer l’obscurité, notre capitaine entend la voix d’une petite fille résonner dans sa tête… Commence dès lors un dialogue des plus étranges entre Sevatarion, dont la santé mentale comme physique est au bord de la rupture, et un fantôme altruiste qui tente de comprendre la psychologie tordue du Night Lord.
C’est fabuleux de voir à quel point l’auteur maîtrise ses œuvres. Non pas qu’A.D.B. soit un habitué des audio, mais en utilisant le dialogue comme fil d’Ariane, il se sert de toute la puissance du concept du livre audio ! On peut ajouter à cela, le doublage de Jonathan Keeble d’une authenticité bluffante. Certes le timbre de Keeble est loin d’être mon favoris, en revanche, sa performance est indiscutable. Tantôt ricanant sadiquement, tantôt reniflant grossièrement, le doubleur nous plonge dans la personnalité lacérée de Sevatarion qui plaira aux amoureux du Joker dont l’inspiration est incontestable. L’ambiance quant à elle, reste subtile et se fond bien avec les dialogues, car ce sont eux qui sont mis en avant.
L’auteur se plaira à nous offrir la confession de Jago concernant ce qu’il est, ce qu’il croit être ou encore ce qu’il mérite. Un occasion pour l’auteur de nous rappeler que cet anti-héros n’est pas tombé dans les oubliettes (jeu de mot assumé). Altani, la supposée revenante qui n’a pour but que de vouloir venir en aide au prisonnier, aura une importance tout à fait surprenante. Je ne peux malheureusement entrer dans les détails, mais ceux pour qui le spoil n’est pas tabou, on apprendra plus tard qu’Altani est l’une des psykers du cœur astropathique du vaisseau Dark Angel. Sevatarion prendra la fuite pour la délivrer, mais sera de nouveau capturé.
Le dialogue entre nos deux protagonistes sera interrompu par les rares visites des geôliers Dark Angels. De nouveau, les échanges entre les fils de la première légion et Sevatarion sont jouissifs. Là où les anges de la mort imposeront leur autorité, le prince des corbeaux n’aura de cesse de les narguer, usant du sarcasme à outrance malgré son pitoyable état qu’il s’efforcera de leur dissimuler. L’audio s’écoute très facilement et le peu d’action est facilement expliqué par la détention du Night Lord. Or, le scénario déborde de renversement de situation, et de très bons qui plus est ! En effet, Aaron va s’amuser à nous faire rentrer dans la tête de Sevatarion et brouiller les pistes du temps mélangeant passé, présent et futur. Après tout, depuis combien de temps est-il réellement prisonnier de la Ière légion ?
Les plus
- Jago Sevatarion face à lui-même.
- L'ambiance qui règne dans la cellule.
- Les dialogues d'une rare qualité.
- Un doublage impressionnant.
- Des renversements de situation maîtrisées.
Les moins
- Aucune évolution à proprement parlé.
The Long Night est un audio qui ne fait avancer en rien la trame des Night Lords, ni de la saga. En revanche, A.D.B. prouve une nouvelle fois son efficacité quel que soit le format. Le doublage est excellent et les surprises scénaristiques maîtrisées. L'auteur nous rappelle que Sevatarion est loin d'être mort et que la démence peut être une puissante alliée.