Critique de Le Poing de Demetrius par Priad
Publié le Mardi 29 avril 2014 | 8 révisions avant publication | 3 corrections après publicationQuelque chose piqua sur moi depuis les hauteurs. Je me jetai en arrière et entendis un cri quand l’un des Gardes se retrouva avec une lame fichée en pleine poitrine. Je perçus un mouvement flou, quelque chose atterrit au sol et se redressa d’un bond, pointant un pistolet sur Macharius. Drake leva la main et l’air entre le xenos et Macharius se mit à onduler. Les tirs furent déviés, d’une manière ou d’une autre. Le xenos émit un étrange vrombissement aigu qui aurait pu trahir de la frustration, ou bien une émotion totalement inhumaine que je ne comprendrais jamais. Je mis la créature en joue et pressai la détente.
Second tome de La Croisade Macharienne, Le Poing de Demetrius se passe plusieurs années après le premier roman, alors que Macharius a atteint son statut de légende vivante. William King reprend donc les rênes pour nous offrir une nouvelle histoire dans un contexte différent. Le premier tome était plutôt bon mais tellement loin des standards que nous avons la chance de lire concernant la Garde Impériale. En effet, difficile de rendre honneur à l’Astra Militarum lorsque des auteurs comme Dan Abnett ont déjà illustré la grandeur des Fantômes de Gaunt. La difficulté à donner vie à de tels personnages est donc bien présente, le tout est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’écrire sur un personnage légendaire de l’univers de Warhammer 40.000. La série du Commissaire Yarrick par David Annandale est une véritable réussite alors que le pari était plutôt risqué à la base, ce qui prouve encore une fois qu’il est possible d’utiliser le fluff existant tout en le complétant et le sublimant avec sa plume.
L’interview de William King m’a confirmé dans l’idée que le choix d’écrire sur Macharius au travers d’un regard extérieur qu’est celui de Lemuel pouvait apporter une certaine originalité mais aussi ajouter un caractère plus humain au récit. Il était aussi dès lors plus facile de rendre honneur à Macharius dans ses brèves interventions, un moyen efficace de teaser le lecteur pour lui donner encore plus envie de retrouver notre légende dans les passages suivants. Maintenant que le contexte dans lequel a été écrit la saga nous a été donné, qu’en est-il réellement de ce second livre.
C’est après une ellipse de plusieurs années que nous retrouvons Lemuel, une des personnes faisant partie de la garde rapprochée de Macharius. C’est encore son point de vue qui sera utilisé pour nous conter l’histoire, même si quelques nouveautés sont au rendez-vous. Lemuel n’a pas vraiment changé malgré les années et nous l’accompagnons un peu comme une vieille connaissance. Un sentiment déjà ressenti avec des séries comme Ravenor et Eisenhorn. Il nous décrira d’ailleurs à plusieurs reprises la transformation ayant eu lieu chez Macharius suite à son duel avec l’Ange de feu. Notre légende semblera plus que jamais prête à exterminer les ennemis de la galaxie au nom de l’Empereur. Mais cette sensation de perdition, voir d’extrémisme que l’auteur nous décrira concernant Macharius fut loin d’être palpable. Un peu dommage car l’initiative est bonne et aurait pu apporter pas mal de relief au personnage. Dans le même temps vous n’aurez plus besoin d’attendre de parcourir un tier du roman avant de croiser son regard, notre Seigneur Commandeur étant présent (à sa manière) dès le début du roman, démarrant d’ailleurs sur les chapeaux de roux en comparaison au livre L’Ange de Feu.
Malheureusement et malgré un premier quart de roman assez prometteur, les mêmes faiblesses soulignées dans le tome précédent referont surface, à savoir que William King réussit à capter notre attention une fois sur deux à cause de l’ambiance mais aussi des événements contés. Ainsi le milieu du roman semblera assez dénué d’intérêt tant l’histoire avance lentement malgré que le tout se lise rapidement. Lecteur assidu des romans de la Black Library, j’ai été habitué à des romans aux virements de situation nombreuses, ce qui n’est malheureusement pas le cas ici. Le début du livre mettra en scène comment notre équipe de héros a posé la main sur le poing de Demetrius, avant de se le faire voler durant le chapitre suivant. Comprenez bien ici que je viens en une phrase de vous informer des événements qui auront lieu dans le premier quart du livre. La suite ne sera pas captivante, malgré la présence des Space Wolves et plus particulièrement de Logan Grimnar. Par contre, le dernier quart du roman sera franchement bien mis en scène, réunissant tous les protagonistes de l’histoire dans un final vraiment sympa, avant que vous ne découvriez que le tout se termine en queue de poisson.
Néanmoins je ne veux pas dépeindre un portrait négatif de ce roman car des bonnes idées sont tout de même à noter. La première est que l’usage du « je » pour nous raconter cette histoire a aussi été étendu à un autre personnage qui viendra nous décrire les événements à travers ses yeux, Ashterioth l’Eldar Noir. Les scènes impliquant Ashterioth sont assez nombreuses, et ne cannibalisent jamais Lemuel et les interventions de Macharius. Peu fan des Eldars Noirs, William King a réussi à m’en offrir une petite bouchée que je n’ai pas rechigné à prendre dès que cela était possible. Les Eldars Noirs auront donc un rôle non négligeable et Ashterioth se comportera de plus en plus comme la némésis de Macharius.
La présence des Space Wolves est aussi une autre force de ce roman, comme abordé plus haut, ces derniers ne faisant pas figure d’invités le temps d’un chapitre, mais accompagnant notre équipe de héros jusqu’à la fin, au cœur de la bataille. Il m’a semblé y avoir un peu plus d’action que dans le précédent livre, les scènes étant pour la plupart réussies.
Ce second tome est donc très proche du premier mais ajoute plus d’idées au récit, rendant le tout plus agréable à parcourir et plus riche, malgré des faiblesses déjà connues.
Les plus
- Un Macharius présent dès le début du roman.
- La présence des Space Wolves bien justifiée par l'histoire.
- Les Eldars Noirs remplaçant les cultistes du précédent livre.
- L'usage du "je" pour Lemuel et son ennemi afin de nous décrire les évènements depuis deux regards en parallèle.
- Les scènes d'action classiques mais plus convaincantes que dans le premier tome.
Les moins
- La simplicité de l'histoire qu'on étirera au maximum.
- La lenteur de certains passages du livre.
- Le fait que Macharius soit toujours aussi absent malgré la nécéssité de sa présence.
- Les Eldars Noirs ne sont pas assez torturés.
- La fin en queue de poisson et l'explication tant attendue expédiée en à peine une phrase.
- Le manque de fluff, à peine quelques références sont éparpillées.
Ce second tome est bon, voir même un brin meilleur que le précédent sous certains aspects. Les fans de l'Astra Militarum sauront peut être y trouver leur compte finalement, les amoureux de Macharius beaucoup moins. Tout dépend de vos attentes, mais la sensation d'accompagner une légende vivante sur le champ de bataille ne fut pas au rendez-vous pour ma part.