Critique de Ravenlord par Priad
Publié le Samedi 24 mai 2014 | 5 révisions avant publication | 2 corrections après publicationCorax ne répondit pas pendant un instant. Lorsqu’il le fit, il croisa le regard d’Aloni avant de capturer celui de Naima.
— C’est vrai. Je n’ai jamais hésité à me retirer pour le bien des autres. Il y aura de sombres heures où ma présence causera plus de préjudice que de faveur. J’avais cru que ce moment approché, mais Horus a eu d’autres plans. Il n’était certainement pas sur le point de renoncer au pouvoir.
— Et vous pensez être la meilleure personne pour décider quand ce moment arrivera de nouveau ? poursuivit Naima, sa voix emplie de doute. Aloni se demanda si le doute était dirigé vers Corax ou bien indirectement vers elle. Comment pourriez-vous être si certain et résolu ?
— Je l’ignore, dit Corax, un sourire de fausse modestie aux lèvres. Lorsque je serai convaincu que le moment est venu, alors à cet instant et seulement à cet instant précis j’accepterai de me retirer.
Corax en couverture, de sombres plumes incrustées sur la brochure, la tranche des pages colorée en noire, aucun doute n’est possible Gav Thorpe nous promet une novella 100% Raven Guard, mais que vaut réellement cette nouvelle édition limitée ?
Comme toujours il est assez difficile de se faire une idée objective d’un livre imprimé en 4000 exemplaires et signé de la main de l’auteur. On oubliera aussi bien volontairement de pointer du doigt son prix pour ne pas entamer notre avis sur l’ouvrage qui d’ailleurs mérite toute notre attention. Considérant qu’une réédition plus abordable, mais sans les pages couleurs et autre plus-value de la version originale, verra le jour tôt ou tard concentrons-nous plutôt sur ce que l’auteur a à nous offrir.
Tout comme dans Corax Soulforge où la Raven Guard s’attaquait au Mechanicum Noir, Ravenlord se concentre sur une toute autre mission où Corax et sa Raven Guard devront lancer un nouvel assaut contre les forces du Maitre de Guerre, suivant leur credo afin de frapper fort avant de se retirer. La mentalité et l’approche stratégique de la 19ème légion sont donc bien respectées et le portrait du Primarque reste en parfait accord avec les traits de caractère dépeint dans Délivrance Perdue. On appréciera que l’auteur ait approfondi encore plus le personnage de Corvus Corax qui apparaît finalement très humain en bien des situations. Entre la pitié, le doute, le pardon, notre Primarque passera par toutes sortes de sentiments que le lecteur traversera avec lui.
Certains visages connus comme Agapito ou Branne feront partie du dramatis personae, tandis que de nouveaux personnages secondaires comme Arendi et Soukhounou feront leur apparition, l’auteur les incluant en plus comme des éléments déterminants pour l’histoire. En effet, ces derniers pencheront plus d’une fois dans la balance lorsque Corax devra prendre des décisions et il sera vraiment appréciable d’être témoins des conséquences de ses actions.
Le roman se divisera naturellement en deux parties avec la première moitié introduisant le contexte dans lequel le lecteur évolue, amenant les raisons et motivations de l’assaut prévu, lui, dans la seconde partie. Les Chapitres se présenteront comme un compte à rebours jusqu’au moment de l’assaut avant de se poursuivre dans le temps dès lors que l’attaque sera lancée, nous permettant aisément d’évaluer la durée des actions entreprises. Un détail qui sans avoir grande importance saura être apprécié des fans de la Raven Guard dont la précision millimétrée a toujours été un atout majeur. De plus, ce décompte pourra possiblement faire écho à la fin de l’histoire.
Parlons en d’ailleurs car la force de ce roman est véritablement son scénario, mais surtout ses enjeux. Démarrant par un flash forward, Gav Thorpe nous plongera directement sur Carandiru, cette ville-prison construite par Dorn lui-même.
Mais quelles sont les raisons pour lesquelles Corax souhaite attaquer cet endroit sous le joug du Maitre de Guerre ?
Sans en révéler d’avantage, la rencontre avec des survivants d’Istvaan V ni sera pas étranger. L’idée que l’horreur d’Istvaan soit utilisée pour construire la trame fut une excellente idée, surtout que l’auteur en révélera d’avantage à la fin, faisant en plus un lien direct avec Raven’s Flight.
La première moitié du livre m’a semblé mieux maîtrisée car posant pas mal de mystères avant de plonger au cœur de l’action dans la seconde partie. Vous n’aurez littéralement pas un moment de répit lorsque l’assaut sera lancé, la Raven Guard attaquant de tous les côtés, depuis les airs comme au sol. S’enfoncer dans les couloirs sombres de cette prison ne sera pas sans danger, les traîtres et autres surprises que je ne peux révéler ici sachant se défendre au côté des Emperor’s Children. On retrouvera d’ailleurs Corax dans une position extrêmement difficile contre un ennemi plein de ressources.
La décision de lancer un assaut sur Carandiru n’aura donc pas été anodine, même si les véritables enjeux n’apparaîtront vraiment que dans les derniers chapitres, le lecteur prenant connaissance en même temps que Corax et sa Raven Guard. On restera donc dans l’incertitude une bonne partie du roman même si le goût de la tromperie et de la trahison ne sera jamais très loin. L’auteur se jouera d’ailleurs de nous en insistant sur des scènes et des interactions entre les personnages afin de nous mettre dans l’erreur. Le sujet du matériel génétique aura encore une fois un rôle à jouer (je vous renvois vers la pochette du livre pour plus d’indice), incluant Ravenlord dans la saga de l’Hérésie d’Horus mais plus particulièrement dans l’arc concernant la Raven Guard.
Les plus
- Un Primarque qui va devoir remettre en question la fidélité de sa propre légion.
- Une vraie suite à Délivrance Perdue et une préquelle à autre chose.
- De nouveaux personnages secondaires.
- Une prison qui cache plus d'une horreur.
- Une stratégie de combat qui détaille la mentalité de la Raven Guard.
- Une excellente structure de l'histoire qui rythme le tout.
- Des passages trépidants entre actions et révélations.
- La mutation des Raptors est abordée.
Les moins
- Une seconde partie peut être trop centrée action et en décalage avec la première.
- Certaines scènes de révélations venant ternir le tableau (on n'y croit pas).
Gav Thorpe inscrit parfaitement Ravenlord dans la saga et rend cette histoire indispensable pour la compréhension du rôle qu'a joué la Raven Guard durant l'Hérésie d'Horus.