Critique de La Chute de Macharius par Priad
Publié le Vendredi 5 septembre 2014 | 6 révisions avant publication | 2 corrections après publicationLes questions concernant Macharius commencèrent. Ils voulaient savoir comment je me sentais à propos de lui, à propos de ma loyauté. J’y répondis honnêtement. Je fis part de mes doutes et ressentiments quand soudain les questions devinrent plus agressives. On me demanda si j’étais vraiment prêt à m’opposer à Macharius et quelle genre de récompense serait une motivation suffisante. Je parlais librement, sans langue de bois, et fut surpris d’entendre que ma loyauté envers Macharius avait un prix. Élevé néanmoins, mais présent tout de même. Le médic hocha la tête et je réalisais que ce qui apparaissait comme un prix important à mes yeux n’était en réalité que peu pour mon interrogateur. Le prix grimpa. Il sourit et je pu ressentir sa satisfaction à l’écoute de mes paroles. Je voulais m’arrêter. Il désirait que je sois content. Il voulait que je lui donne un prix et je savais que quelque soit la somme il réussirait à me la procurer.
Les questions cessèrent finalement et mon interrogateur en robe blanche se tourna vers Konstantin et Mikhail.
— Il dit la vérité. Il trahira Macharius si nous le payons suffisamment.
Ce dernier tome clôturant la trilogie ouverte avec L’Ange de Feu ne va pas vous laisser indifférent. Au vu de l’extrait ci-dessus, vous vous apercevrez que ce roman-ci arbore un tout autre ton. Alors que le premier tome était à la découverte et à l’introduction du personnage de Macharius, que le second tome Le Poing de Démétrius nous démontrait la réussite de ce protagoniste légendaire de Warhammer 40 000, La Chute de Macharius va ici nous montrer son déclin. J’opposerai néanmoins quelques détails dans cette critique tant cet aspect au combien crucial n’a pas été traité au mieux selon moi.
Attention, le livre est au moins aussi agréable à lire que le second roman qui pour le coup avait su renouveler mon intérêt de lecteur, et il clôture la trilogie de manière… surprenante. On sent vraiment que William King a essayé d’ajouter un nouveau souffle à sa série de La Croisade Macharienne, implémentant de nouveaux éléments qui feraient douter les lecteurs et le cœur même de son véritable héros, Léo.
Mais commençons par replacer l’histoire dans son contexte car il faut bien ici différencier les trois parties bien distinctes composant ce roman. La grande croisade entreprise par Macharius est une véritable réussite et alors que nous pouvions nous attendre à lire le portrait d’un Grand Seigneur Commandeur extrêmement puissant et vif d’esprit, on comprend rapidement que Macharius n’est plus celui qu’il fut. Première déception pour ma part donc car la chute de Macharius a en réalité déjà commencé et nous en vivons seulement la fin. La fatigue ? Les traitements réjuvenants ? Les idées concernant son déclin seront abordées mais jamais une d’entre-elles n’aura plus de validité qu’une autre, l’auteur préférant probablement laisser le mystère entier.
C’est donc au côté de Léo, fidèle au poste que nous nous retrouverons sur une planète aux autochtones ô combien menaçants. La grande croisade nous a portés jusqu’ici et ce ne sont pas les cultistes de Nurgle qui vont nous arrêter ; ou du moins c’est ce que je pensais. Cette première partie prenant place sur cette hostile planète (que j’avais initialement pris pour une introduction) s’étendra en réalité sur un tiers du livre, avant que les soldats ne fassent les frais d’un mauvais jugement de la part Macharius. Au-delà des pertes humaines, c’est surtout l’idée de la défaite de Macharius qui fut intéressante, surtout lorsqu’elle permet de rebondir sur la seconde partie du roman, davantage centrée sur le complot. La faiblesse de Macharius s’est répandue à bon nombre d’oreilles et ses potentiels détracteurs vont tout entreprendre pour mener l’homme à sa perte.
Macharius ne baissera pas les bras pour autant et les vautours désireux de lui succéder vont devoir mériter leur place. Après un Macharius plutôt absent pendant la première partie, n’espérez pas le voir davantage durant cette seconde, traitant du complot pour faire vaciller notre légende. Notre héros Léo sera impliqué au premier plan de cette trame bien loin de la violence du champ de bataille mais tout aussi captivante et prenante. Jusqu’où notre héros ira dans la trahison ? C’est une question que je me suis plusieurs fois posé et dont chaque page me rapprochait un peu plus de la réponse. Détendez-vous, vous l’apprendrez à la fin.
Pourtant le dernier tiers du livre nous menant à sa conclusion ne sera pas forcément le meilleur. Retournant sur la planète où Macharius a subi son échec, ce dernier sera bien décidé à corriger le tir. Il faudra reconnaître un certain talent à William King pour nous décrire l’horreur du champ de bataille et la violence des confrontations qui m’ont vraiment diverti.
La Chute de Macharius ne porte pas aussi bien son nom que je l’aurais espéré. Se passant 15 ans après le précédent tome, nous n’aurons pas vraiment l’opportunité de vivre la transition entre l’homme qu’il fut et l’homme qu’il devint. J’ai d’ailleurs eu des sentiments assez contradictoires à l’égard de Macharius lors de la lecture du livre, un mélange entre empathie et colère à certains moments. L’auteur ne vous permettra pas d’avoir votre propre regard sur le personnage mais vous influencera au travers de la perception de Lemuel, toujours assez juste et humaine. Reste cependant un goût amer dans la bouche, l’impression de ne pas avoir pleinement traité cette chute et de nous avons simplement conté sa perte. Je m’étais déjà fait à l’idée depuis la fin du premier tome que Macharius serait plus une figure emblématique évoluant dans le background, mais j’aurais préféré le voir plus en avant dans ce tome-ci.
Les plus
- Des enjeux de plus en plus gros.
- Le bon mélange entre action et complot.
- Les doutes de notre héros Léo.
- Les cultistes de Nurgle.
- Les Space Wolves sont de retour.
Les moins
- Un Macharius fatigué et pas si crédible alors que nous l'avions quitté en grande forme.
- La dégradation de l'état de Macharius n'est pas assez abordée.
- Un découpage en trois parties un peu trop visible.
Ce troisième tome clôture la série avec quelques bonne idées mais le peu d'attention finalement portée à Macharius lui-même a été plutôt décevant. Un comble au vu du titre.