L'Écho du Warp #8 : "Le puit de souffrance"
+++ TRANSMISSION DU PROTOCOLE D’IDENTIFICATION : INVESTIGATEUR HEIMILH ASTORIAS +++
Émetteur : Investigateur Heimilh Astorias, Inquisiteur renégat, anciennement affilié à l’Ordo Xenos
Destinataires : Reclusiens et autres adeptes
Parchemins étudies : La légion des damnés
Date : 0 121 014 M3
Crédo du jour : « Qu’est-ce que donc que le chaos ? C’est l’ordre qui a été bouleversé lors de la création du monde.»
L’esprit embrouillé par la fureur du combat je sentais mes forces qui commençaient à m’abandonner ! Du coin de l’œil, je vis l’épée tronçonneuse se diriger vers moi. Je lâchais prise pour lui échapper.
Durant la chute, je sentis tout mon corps se relâcher, comme si j’étais en apesanteur, une curieuse impression d’être au ralenti. Je m’entendis penser : « Je vais mourir maintenant. Tant pis.»
Puis le choc me ramena à la réalité. Bruit d’os broyés et chair humide. Mon corps rebondit sur quelque chose de souple, avant d’atterrir sur le sol métallique. J’étais sonné et désorienté. Bien vite la réalité repris ses droits… Hélas pour mon plus grand malheur, mais je ne le savais pas encore.
D’abord les sons. J’entendais des bruits de batailles au dessus de moi, tirs de Bolter, explosions. L’escouade Maxilla se battait encore. Je me relevais brusquement, tous mes sens en éveil. Et si le Space Wolf m’avait suivi ? Rien ne bougea cependant. Peut-être me pensait-il mort ?
Puis la douleur. Ou plutôt non. L’absence de douleur. J’avais pourtant bien entendu craqué des os. L’endroit où je me tenais désormais était plongé dans les ténèbres. Je tendais l’oreille et perçu rapidement des petits claquements, des grincements. Mais où avais-je atterris ?
Vision nocturne Astorias ! Le conseil de Linus me revint brutalement en mémoire. J’activais à nouveau ma vision nocturne.
J’estime avoir eu mon lot d’abominations durant ma carrière d’Inquisiteur, mais également lors de mon séjour en captivité à bord du vaisseau Night Lord. Mais ce que je vis dépassa mon entendement. Il fallu du temps à mon cerveau pour en mesurer toute l’horreur. Je me trouvais dans une immense salle. Un sarcophage trônait en son centre. Autour de lui, une vingtaine d’individus, écorchés vif, étaient agenouillés les mains attachées derrière le dos Ils avaient tous étaient soigneusement scalpés. Certains avaient la bouche grande ouverte. Des moignons de chairs qui semblaient avoir été brulés y apparaissaient parfois. On leur avait aussi brulé la langue. Des petits claquements, des grincements. C’était le bruit de leurs dents s’entrechoquant que j’avais entendu.
Je me sentis rapidement nauséeux et ma tête se mit à tourner. Je me trouvais dans un véritable puits de souffrance. Le dernier détail de cet endroit sordide m’apparût soudainement : leurs liens. Ce n’était ni de la corde, ni des chaines. C’était de la peau. On leurs avait entravés les membres avec leur propre peaux et c’était l’un deux qui avait amorti ma chute. A mes pieds un corps décharné se tortillait de manière effroyable, le dos brisé par le poids de ma chute.
Une femme. Les os que j’avais entendu se briser étaient les siens. Sa carcasse m’avait probablement sauvé la vie. C’en était trop. Sans m’en rendre réellement compte, je dégainais ma vibrolame. Crache Cendre m’avait échappé des mains pendant ma chute. Elle m’avait sauvé la vie, j’allais lui prendre la sienne, afin de mettre un terme à ses souffrances. Un coup sec juste au dessus de la nuque. Mon premier geste miséricordieux depuis bien des années. Le corps arrêta de se tortiller instantanément. Puis l’effroi et la peur cédèrent leur place à la colère !
J’empoignai ma vibrolame à deux mains, résolu à libérer tout le monde. Au bout d’une dizaine de minutes j’étais recouvert de sang des pieds à la tête. Encore ivre de colère, j’entendais des murmures incessants dans mon esprit.
Libère ta colère, libère-toi de toi-même. Rejoins-moi sur la Montagne de crâne, et tu seras plus fort. Demande à Yargol. Demande-lui !
Le Warp était à l’œuvre, guettant la moindre occasion pour me corrompre.
N’écoute pas les divagations d’un dieu frustré ! Je repris vite mes esprits. Ma formation d’inquisiteur m’en avait préservé pour le moment. Mais ça ne durerait pas. Pour l’heure, il fallait que je me reprenne, et que je trouve un moyen de rejoindre l’escouade.
Tout d’abord, retrouver Crache Cendre. Je ne mis pas longtemps à mettre la main dessus. Il se trouvait à terre, non loin de l’endroit où j’avais atterris. Il me fallait maintenant trouver une issue. Je vis une lourde porte métallique rouillée. Je m’approchais d’elle, et entrepris de l’ouvrir : verrouillée. Crache Cendre régla ce léger désagrément en faisant fondre le verrou. Avant de quitter cet enfer, il me fallait contacter l’escouade Maxilla via mon réseau Vox :
- Astorias à Maxilla….Je répète. Astorias à Maxilla.
- Gzzz….Gzz…Torias, nous ne….Gzz…Restez en…Gzz…sommes pas seuls !.. Gzzz…
— Maxilla répétez !…Maxilla répétez !!!….
Fin de transmission. Mon réseau Vox fonctionnait bien. Je déduis qu’on avait mis volontairement fin à la communication. Il m’avait semblé reconnaitre la voix de Linus. Nous ne sommes pas seuls. Que voulait-il dire ? J’avais retrouvé mes esprits, mon équipement, ainsi qu’une issue. Pour ce que j’en savais, je n’étais pas blessé. Mais j’avais peur.
« Tout cela n’est qu’un léger contretemps Astorias, me dis-je à moi même. Retrouve l’escouade, prend ce vaisseau, et tu pourras retourner à bord du Lux Tenebrae, un rouleau de l’Archiviste McNeill dans une main, et un bon verre d’Amasec dans l’autre.»
Je n’étais pas un guerrier. Mes gênes n’étaient pas modifiées et je n’avais reçu qu’un entrainement sommaire au combat. Ma fonction principale était l’investigation, pas la guerre. Curieusement, un personnage me revint en mémoire, Zachariah Kersh. Un membre éminent du Chapitre des Excoriators. J’avais étudié le rouleau du copiste Rob Sanders, relatant l’attaque sur Certus Minor par les World Eaters, précédent la célèbre comète de Keller. Kersh était un personnage torturé, excellent dans sa fonction de guerrier, mais peinant à convaincre ses pairs dans ses nouvelles fonctions de Capitaine. En étudiant son récit j’ai plus d’une fois cru sa cause perdue, et à chaque fois je fus surpris par l’ingéniosité et la détermination de Kersh. C’est la volonté qui prime sur la compétence. Les mots de mon ancien mentor me revinrent en mémoire. Je sentis ma résolution revenir peu à peu.
Je m’apprêtais à passer le pas de la porte quand j’entendis une voix derrière moi :
- Tu me quitte déjà ? Et ce sans un au revoir. Quelle indélicatesse. Et moi qui pensais que nous pourrions devenir amis. J’aime tellement ta façon d’expier ton prochain.
Crache Cendre dans une main et ma vibrolame dans l’autre, Je me retournais vivement, la peur au ventre. Je ne savais pas si j’avais réellement entendu cette voix ou si elle était dans ma tête.
- J’ai apprécié ton petit caprice tout à l’heure, tu sais. Il m’a bien diverti.
Je situais immédiatement l’origine de cette voix, le sarcophage !
- Qui êtes-vous ? Criai-je.- Ah enfin. Un dialogue entre deux personnes civilisées. Mais dans la mesure où c’est toi qui as pénétré, certes de manière involontaire, dans ce qui me sert pour l’heure de logis, c’est à toi de te présenter en premier il me semble. Qui es-tu mon bien infortuné intrus ?
Je ne saurais dire si c’était l’intonation de sa voix ou ses manières qui m’influençaient le plus, mais je m’entendis lui répondre.
- Astorias. Heimilh Astorias. Un Inquisiteur ayant renié l’Empereur.
— Oh ! Comme c’est intéressant. Et que fais tu ici Astorias le Renégat, à bord de ce vaisseau ?
- Je suis venu m’en emparer pour le ramener aux Word Bearers pour leur payer ma dette.
— Tu travailles pour ces ignares illuminés ? Quelle déception. Je t’aurai pensé plus intelligent… Tu m’as l’air bien seul pour accomplir ta tâche.
— Je ne suis pas seul, et je ne travaille pas pour les Word Bearers. Des Marines renégats m’accompagnent.
J’étais décontenancé par la facilité avec laquelle je livrais des informations à une voix, une simple voix ; Il fallait que je me reprenne.
- Des Marines renégats ? Avec toi ? Intéressant… Mais où sont-ils ? dit la voix de manière ironique
- Qui êtes vous ? Hurlai-je !
J’étais effrayé par le ton charmeur de cette voix qui semblait fouiller mon esprit avec la plus grande aisance.
- Oh, pardonne-moi. Si grande est ma curiosité que je me laisse emporter au point de me montrer impoli.
Le Sarcophage se mit à trembler tout doucement. Un lourd vrombissement se fit entendre. Le couvercle s’ouvrit lentement. Une lueur verdâtre émanait de l’intérieur du sarcophage. Une étrange odeur de moisissure qui m’évoqua des fleurs pourries, s’en échappa. Ce que je vis à l’intérieur me glaça le sang. Un immense guerrier Astartes y était retenu. Enchainé Il ne portait pas de casque. Son visage était une ignominie de chairs avariées. Ses joues étaient percées, craquelées, et je pouvais y entrevoir des dents gâtées et démesurées. Plus de nez, plus d’oreilles. Ils devaient avoir pourris depuis fort longtemps. Plus de mâchoire inférieure non plus. Peut-être était-elle tombée dans son armure ?
Cette dernière, de couleur verdâtre et très ancienne était dans le même état que son visage. Une infection de céramite couverte de bubons rosâtres. Mais ce qui me frappa le plus, c’était ses yeux. D’un bleu intense, plein de vie, et qui semblait me regarder avec…miséricorde ?
- Comme tu l’as deviné, je ne porte pas non plus l’Empereur dans mon cœur. Je me nomme Barbaden, sorcier de la Death Guard. Du moins je l’étais avant ma capture.
— Pourquoi les Space Wolves t’ont-ils capturé ? Pourquoi ne t’ont-ils pas tué ?
— Qui te dit que ce sont les Spaces Wolves qui m’ont capturé ? Ahhh. Je vois. Es-tu certain de savoir dans quel vaisseau tu te trouves, Astorias ?
— Silence, Sorcier. Tu ne troubleras pas mon esprit !
— Oh, j’aurais bien voulu. Mais mes pouvoirs sont bien amoindris. Ils ont été drainés par la souffrance collective de ceux que tu as libéré. Un sort bien grossier si tu veux mon avis, mais qui à fait ses preuves.
— Pourquoi es tu là ? Que me veux-tu ?
— Ahhhhh ! Nous y voilà enfin. Si je suis ici, c’est pour une raison bien précise. Quant à ce que je veux, c’est bien simple, la liberté.
Je ricanai intérieurement.
- Pourquoi te libérerai-je sorcier du Warp ?
— Parce que tu es perdu. Parce que tu ne sais pas vraiment à qui appartient ce vaisseau. Et parce que tu es seul !
— Te voilà moins maniéré Barbaden. On n’est jamais seul quand on porte ceci.
Je brandis fièrement mon amulette du Reclusiam devant le Death Guard. Son regard se fit plus intense alors que j’étais confronté à un nouveau choix.
- Publié le Samedi 29 novembre 2014
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