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Critique de Heart of the Conqueror par Priad

Publié le Samedi 17 décembre 2016 | 4 révisions avant publication | 2 corrections après publication

Quel intérêt y avait-il à maintenir le champ de Geller quand le Warp se trouvait déjà dans les entrailles du Conqueror ?
Par son troisième œil, elle observa le Trisagion qui prenait de l’avance, déjà à une distance infinie devant eux. Le Conqueror se mit à grogner, et peiner, et ralentir dans le sillage de l’autre bâtiment.
Lorsqu’elle avait été choisie par l’Empereur, et pas par ces monstres et ces hommes qui voguaient désormais pour le tuer, elle s’était crue prête à payer n’importe quel prix pour voir les étoiles et des mondes jamais contemplés par l’humanité.
Mais le temps avait transformé cette croyance en mensonge.

Heart of the Conqueror est une nouvelle de quelques pages écrite par Aaron Dembski-Bowden et nous contant non sans émotion la vie d’une navigatrice. Nisha Andrasta est une navigator qui a fait ses preuves à bord du Conqueror mais rien ne la destinait à servir dans le camp ennemi lorsque l’Hérésie d’Horus explosa.
C’est donc ce conflit intérieur qui va tirailler notre personnage principal car comment accepter son devoir et ses responsabilités lorsque l’on participe indirectement aux massacres des World Eaters ?

Aaron a cette habileté à nous dépeindre de manière précise mais concise un personnage dont nous ignorons tous.
Dès la première page, on ressent cette fierté d’avoir été choisie comme navigatrice pour la croisade, cette volonté de servir l’Empereur. Pourtant le paysage va s’assombrir et notre héroïne se retrouvera rapidement à opérer pour une légion renégate. Nisha a conscience qu’elle est une bonne navigatrice, mais comment croire en son potentiel s’il ne sert qu’à détruire ?

Sans répondre à cette question, ce bref résumé de vie de cette navigatrice nous illustrera son dilemme ainsi que sa décision à poursuivre (ou pas) dans cette voie. A dire vrai et bien que l’histoire passionne, un tel potentiel aurait bien mérité une novella nous décrivant les difficultés à accepter ou abandonner ses responsabilités. Le thème est diablement intéressant mais seulement abordé en surface par l’auteur, dû probablement aux limitations d’un support aussi court.

A titre d’exemple, Le Vent se Lève de Hayao Miyazaki nous contait avec pudeur l’histoire d’un ingénieur en aéronautique passionné par son métier et participant au design d’un avion de guerre. Le film d’animation japonaise n’abordait jamais de questions manichéennes alors que le sujet même de la guerre était le contexte principal. Les fighters japonais furent envoyés à Pearl Harbor durant la Seconde Guerre mondiale, mais le film est davantage une tranche de vie d’un ingénieur que son immoralité à dessiner des avions qui seront utilisés pour tuer.
Avec la bonne approche, j’aime à croire que l’auteur aurait pu nous offrir quelque chose de grand, d’original et de différent. 

De par la qualité du récit et sa longueur, le rythme sera évidemment soutenu. Nul abordage ou batailles de grande envergure à l’horizon néanmoins. Nisha sera le personnage central évoluant au coeur du Conqueror.
Le role de navigator dans l’univers de warhammer 40.000 a rarement été abordé et lever le voile sur ses obligations, ainsi que le profil de cette personne pourrait nous aider à comprendre comment de simples hommes (ayant le troisième oeil tout de même) s’identifient au sein de ce conflit et s’épanouissent.
En bien des aspects, cette nouvelle me fit penser à Black Oculus de John French nous offrant le temps d’un instant la possibilité de comprendre les enjeux et les incertitudes d’un navigator. Cette autre nouvelle soulignait l’arrivée des légions renégates sur Tallarn et une idée similaire aurait pu être abordée ici afin de rallonger l’histoire et détailler la perception du navigator quant au rôle qu’il peut jouer lorsque ce dernier se trouve dans le mauvais camp. J’ai conscience que j’insiste sur ce détail mais la nouvelle sera en effet bien trop courte pour en dire davantage.

La Bataille de Calth avait été abordée à travers bien des regards grâce à l’approche de Dan Abnett, et son livre fut mémorable en bien des aspects, signe qu’une telle narration est parfois un choix qui paie. L’audience pourrait arriver à saturation si les histoires n’offrent pas de nouvelles perspectives. 
Star Wars l’a bien compris et avec la sortie en salles de Rogue One cette semaine, le public aura la chance de goûter à une toute nouvelle expérience dans un univers que beaucoup connaissent comme leurs poches. En mettant les jedi de côté pour se concentrer sur les rebelles seulement, la franchise ose un peu se renouveler. Une approche que je souhaiterai personnellement voir davantage avec le contenu de la Black Library qui bien souvent se repose sur ses acquis.
Heart of the Conqueror est la preuve que l’on peut écrire une histoire différente en abordant un autre point de vue, tout en conservant un public satisfait.

La fin sera touchante et cohérente mais le momentum perdra de sa superbe car le lecteur n’aura pas assez appris à aimer Nisha. L’impact de ce final sera donc à demi-mesure, même si l’idée est là.

Les plus

  • Un récit bref mais intense.
  • Une femme en personnage principal, il y a de la couleur.
  • Une idée de départ originale.
  • Une superbe écriture de la part d'ADB et de Julien Drouet son traducteur.

Les moins

  • On en veut plus. Où est le reste ?
  • Une fin qui perd de sa puissance à cause d'un format trop court pour impliquer le lecteur émotionnellement.
4/5

Heart of the Conqueror est le genre d'initiative que nous voudrions voir plus souvent de la part des auteurs de la Black Library. L'histoire passionne en quelques pages seulement et l'on prend rapidement conscience qu'il est inutile de tirer des coups de bolt pour nous vendre du rêve.