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Critique de Ironfire par Maestitia

Publié le Vendredi 10 mars 2023 | 9 révisions avant publication | 4 corrections après publication

Vous êtes en train de parler de bombarder vos propres forces, » dit Krugeran, en secouant la tête d’incrédulité.
— Si j’ai survécu à l’impossible, » continua Krendl, « alors peut-être mes frères le peuvent-ils aussi. Peut-être des assiégeants peuvent-ils attaquer une fortification pendant un pilonnage à grande échelle plutôt que par la suite. Peut-être qu’en utilisant l’œil du cyclone comme protection, une force redoutable peut frapper le point névralgique d’un ennemi désorganisé, pendant que tout le reste autour de lui s’envole en hurlements et en cendres. Qui mieux que les Iron Warriors pour tester une telle stratégie ?
— Nous nous ferions pulvériser… » murmura Krugeran, mais il voyait que ses paroles étaient en pure perte concernant le maître de forge.
— Pas avec ces nouveaux canons de siège, » dit Krendl. « Pas avec les avantages et la précision que peut amener l’artillerie à connexion mentale. Les frère Achorax et Vhosk ici présents, qui de votre propre aveu sont vos deux meilleurs artilleurs, pourront repérer nos positions à la signature de nos armures, et régler l’impact de leurs tirs pour débarrasser le chemin devant nous de tout mur, structure, emplacement d’arme et troupe ennemie. Ce sera un exploit de minutage et de calcul transhumain.
— Maître de forge, je vous implore… »
Krendl n’écouta pas, et se tourna vers les deux Iron Warriors devant eux. Ils affichaient tous deux des sourires cruels d’impatience et de jubilation belliqueuse.
— Frère Achorax ?
— Allons écrire l’histoire, » répondit l’Iron Warrior.
— Vhosk ?
— Avez-vous donné un nom à ce stratagème, maître de forge ? » demanda Vhosk.
— Oui, mon frère, » répondit Krendl. « Je l’ai baptisé le Feu d’Acier.

C’est avec plaisir que nous retrouvons Rob Sanders dans une nouvelle d’Iron Warriors. Rares sont les participations de l’auteur à la saga de l’Hérésie d’Horus sauf quand il s’agit de nouvelles.
Je me souviens de l’époque du roman La Légion des Damnés. Roman Space Marine Battles qui m’avait beaucoup plu malgré l’absence de cette fameuse Légion maudite, mystérieuse, mais restée fidèle à l’Imperium.
Je me rappelle encore le tout premier entretien mené par mes soins pour le Reclusiam. Rob Sanders nous avez répondu avec simplicité et passion. Je lui avais posé la question : Pourquoi avoir appelé ce roman Légion des Damnés, si ces derniers n’apparaissent qu’à la toute fin de l’ouvrage ? Sa réponse : C’est drôle, personne ne trouve étrange que le mot «Seigneur des Anneaux» ne figure pas dans chaque phrase, sur chaque page de chaque livre de la série.
Autant vous dire que c’est un auteur qui a de la répartie et je regrette qu’il soit peu présent au 31ème millénaire.

À côté de cela, je ne suis pas un amoureux de la IVème Légion et du Primarque Perturabo. En effet, L’Ange Exterminatus m’avait laissé un sentiment assez mitigé. Pourtant, Graham McNeill est un auteur qui sait mélanger la narration captivante et des scènes d’actions bien huilée. C’est donc avec un peu d’appréhension que j’attaquais cette nouvelle.

Cependant après la lecture de Ironfire, j’ai le goût d’en lire plus ! Pourquoi ? Parce qu’en quelques pages l’auteur parvient à nous faire plonger dans la mentalité des Iron Warriors. Peut-être faudrait-il que je lise le fameux Déluge d’Acier un de ces jours…

Le Maître de Forge Idriss Krendl est devenu un infirme suite à l’éradication de Fort Misère. Son corps, désormais une parodie grotesque de légionnaire, a été reconstruit morceau par morceau comme la créature du docteur Frankenstein. Bien qu’éclopé et monstrueux, Krendl s’est accroché à la vie et son obstination lui a permit de reprendre son service au sein de la Légion. Cependant, l’imperfection qu’il incarne à présent est un affront aux yeux de ses frères et de son père. Au delà de la honte et l’indignité, Idriss refusa de se laisser détruire.
Là où jadis il commandait un millier d’Astartes destinés à marcher vers Terra au côté de Perturabo, il n’a plus qu’à présent une poignée de frères attachés à la section de batterie de Kruegan.

Voilà un personnage intéressant. Un Iron Warrior comme on les aime : torturé, martyrisé même et indigne de son père génétique. Un terrain de premier choix pour bâtir une forte personnalité. Les premières lignes introduisent facilement et avec puissance la condition de notre anti-héros. J’admire toujours la capacité d’un auteur à accrocher le lectorat en très peu de temps. C’est selon moi du domaine magique et ici cela opère rapidement.

Nous suivons donc le Maître de Forge Krendel qui après plusieurs calculs comparatifs, a fini par trouver une forteresse similaire à celle de Terra. Les murs, les défenses, ainsi que l’agencement des structures de ferro-béton d’Euphoros sont équivalentes à la forteresse du monde-trône. De plus, des Astartes la gardent. La mission du Maître de Forge est simple : attaquer le fort euphantin afin de récolter le plus de données possibles. Une excellente occasion de tester en conditions réelles des simulations tactics et autres stratagèmes, dont le succès vérifié dans le sang, permettra à Perturabo de mieux préparer l’assaut du palais impérial.

Petit détail qui a son importance, le monde d’Euphoros a été pacifié par la IIIème Légion des Emperor’s Children et ces derniers occupent toujours la forteresse s’adonnant à des activités de dépravés.
Il semblerait donc qu’Idriss doive s’attaquer aux forces de Fulgrim afin de récolter les données nécessaires aux calculs préparatoires de Terra.
Si je résume, ce sont donc des traîtres qui s’apprêtent à bombarder et annihiler d’autres traîtres ?
Oui, mais c’est pour la science, donc ça passe !

Voici le deuxième argument qui vient doubler mon attention à l’égard de cette nouvelle : le Chaos dans toute sa splendeur.
Le détail qui offre la touche de réalisme, qui selon moi manque souvent dans les romans Warhammer, cette touche grimdark qui vous rappelle que cet univers est irrattrapable et que les individus qui le composent sont brisés aussi bien physiquement que psychologiquement.

L’originalité du Maître de Forge est que ce dernier ne veut pas simplement bombarder la forteresse depuis un point en retrait comme il est coutume de le faire. Non, il veut mener l’assaut avec les légionnaires pendant que le fort est en train d’être bombardé!
Lors de son coma à la suite de l’éradication du Fort Misère, Idriss Krendl a eu une révélation : les conventions de la légion suggèrent de bombarder une position ennemie, de briser leurs défenses et mener ensuite les forces d’assaut à l’intérieur.
Mais s’il était possible d’accomplir les deux en même temps ? Peut-être qu’en utilisant l’œil du cyclone comme protection, une force redoutable peut frapper le point névralgique d’un ennemi désorganisé, pendant que tout le reste autour de lui s’envole en hurlements et en cendres.
Qui mieux que les Iron Warriors pour tester une telle stratégie ? Cette manœuvre suicidaire au courage démesuré est baptisé par le Maître de Forge Krendl le Feu d’Acier.

Bingo.
Sanders a encore frappé. Avec un tel scénario en si peu de page, la nouvelle est dévorée.
Je ne vais pas épiloguer. Ce récit n’apporte pas grand-chose à la saga, mais c’est un petit bijou narratif. Les dialogues sont excellents, notamment lorsque le maître de siège Kruegan implore Krendl de ne pas utiliser ses hommes comme cobayes pour son Feu d’Acier. Les détails du monde sont mis en valeur tandis que les descriptions des chars, blindés d’assaut et autres canons de siège nous immergent dans l’univers métallique, froid, terne et sans pitié de la IVème Légion.
L’assaut du fort d’Euphoros est bien rythmé et l’action bien présente. La sournoiserie des Emperor’s Children brillera, mais la puissance de destruction Iron Warrior n’a pas d’égal et la nouvelle se terminera sur une fin satisfaisante.

Les plus

  • Krendl, le anti-héros qu'on aime et des Iron Warriors biens dans leurs bottes.
  • Scénario captivant et mise en scène visuelle.
  • Nouvelle aussi rapide qu'efficace.
  • Pour la Science !

Les moins

    5/5

    Avec Ironfire, Rob Sanders prouve qu'il est possible d'écrire peu et d'écrire bien. La philosophie Iron Warrior brille de milles feux à travers le Maître de Forge Krendl et l'auteur parvient à restituer avec fidélité la puissance de destruction massive couplée à la volonté inébranlable dont la IVème Légion sait faire preuve.