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Critique de White Scars par Maestitia

Publié le Samedi 14 juin 2014 | 14 révisions avant publication | 3 corrections après publication

Je me demande lequel d’entre vous deux l’emporterait dans un duel, s’imagina l’Ange. J’aimerais bien voir cela car vous maniez les lames comme des dieux.
 — Choisis le lieu mon frère, dit Fulgrim s’adressant au Khan. Je voyagerais même jusqu’à Chogoris si tu me construisais un palais qui servirait à garder la poussière de mon armure. »
Le Khan encaissa l’insulte. Elle était comme un poignard enfoncé profondément, mais rien dans son expression ne le trahit. Aucun d’entre eux ne pourraient jamais comprendre combien leur fraternité l’ulcérait.
« Tu perdrais, répondit le Khan, faisant apparaitre quelque chose de fragile à la surface du visage de Fulgrim, malgré son sourire.
 — Oh ?
 — Tu perdrais car tu traiterais cela comme un jeu, comme tu traites tout en général, alors que moi pas. Tu perdrais parce que tu ne sais rien de moi mais je sais absolument tout de toi car tu le cris du haut de toutes les tourelles de tes barges de batailles. Mes talents te sont inconnus. Tu as ta réputation dans le maniement de l’épée en effet, mais je ne tentais pas d’attirer l’attention lorsque je te disais que je te laisserais muet.

White Scars (Scars uniquement, dans sa version originale) fût publié pour la première fois en août 2013 mais sous forme d’épisodes regroupant au total douze parties. Chaque semaine, un nouvel épisode était publié au format ebook, permettant au lecteur de dévorer petit à petit le roman avant qu’il ne soit publié dans son entier. Il est important d’avoir connaissance de cette première publication car ma critique aurait pu être toute autre si j’avais du lire ce tome 28 de l’Hérésie d’Horus de manière hebdomadaire.

Les White Scars, une Légion tellement ignorée par Games Workshop en matière de profondeur et si passablement survolée par la Black Library avec Brotherhood of The Storm, voit enfin apparaître son roman dédié !
C’est de nouveau Chris Wraight, que l’on ne présente plus, qui prend en charge la Vème Légion de l’Empereur à une période de leur histoire la plus délicate.
En effet, Jaghatai Khan et ses fils se retrouvent totalement isolés de tous et coincés dans la galaxie, incapable de comprendre ce qui se passe autour d’eux. Nous avons affaire d’entrée de jeu à un paradoxe mélodramatique. En d’autres termes, les White Scars pour qui la vitesse et l’indépendance sont des valeurs primordiales, s’aperçoivent que ce sont ces mêmes crédos qui les empêchent purement et simplement d’agir.
White Scars, première Légion sur le champ de bataille, mais dernière Légion au courant du schisme provoqué par Horus.
Cette indécision due à leur ignorance concernant la trahison d’Horus Lupercal durera la quasi-totalité du roman car le choix qui sera pris par Jaghatai n’arrivera qu’à la fin, permettant de clore d’une certaine manière l’épisode White Scars durant l’hérésie.

C’est pour le lecteur un fait rassurant que de savoir qu’il n’aura pas de miettes (comme l’avait pu être Brotherhood of The Storm), mais bel et bien l’histoire complète de la Vème légion durant cette guerre qui déchira la galaxie.
Par ailleurs, bien que l’indécision de la Légion soit la trame principale de White Scars, l’auteur va nous offrir le plus beau présent imaginable : une profondeur et une richesse fluffique délectable.

Pour ce faire, Chris Wraight va commencer par analyser pour nous le comportement ainsi que la mentalité de ces guerriers d’inspiration Mongole. Il utilisera fréquemment l’emploi d’un vocabulaire singulier comme le dao pour les lames, ou encore le keshig  qui retrouve son équivalent chez les Space Wolves (du même auteur) avec l’appellation meute ou pack en version originale.
Ça ne tire pas du génie, mais le simple fait d’insérer intelligemment ce vocabulaire offre aux White Scars une particularité supplémentaire.
De plus, l’auteur se servira habilement de la logisticienne Ilya Ravallion originaire de Terra et responsable très proche du Khagan, pour mettre en évidence le côté évasif de la Légion. Bien qu’elle n’ait qu’un rôle de faire-valoir, il sera néanmoins crucial dans la dissipation de l’ignorance des White Scars.

Un autre personnage remarquable de ce roman est sans nul doute Targutai Yesugei (nom emprunté à l’histoire mongole, Yesugei était le père de Temüdjin, qui deviendra plus tard le légendaire conquérant Gengis Khan).
Yesugei, en plus d’être le premier capitaine et fidèle second du Khagan, il est aussi le Stormseer, ou Archiviste, le plus puissant et le plus sage de la Légion.
Concernant les psykers, les White Scars répondent une nouvelle fois présent lorsqu’il s’agit de ne pas faire comme les autres. Malgré le traité de Nikaea où Yesugei témoigna en tant que porte-parole, le Khagan est loin de suivre toutes les lois ou édits que l’Imperium peut formuler et on aime ça.
En plus d’être une parfaite personnification de la Vème Légion, Yesugei sera privé des conseils de son père à cause du déchainement du warp généré par les puissances de la ruine, permettant à l’auteur de développer une autre trame de l’histoire qui l’emmènera de Charybde en Scylla. Réciproquement, Jaghatai déplorera l’absence de son fils le plus cher au moment où le besoin de réponses se fera plus que pressant.

Concernant le Primarque, il sera ancré dans le roman sans être omniprésent, confirmant une fois de plus son aspect élusif. Bien que ses apparitions soient courtes, elles seront toujours méditées et fulgurantes. Encore une fois, on appréciera la pertinence des dialogues du Khagan ainsi que la fidélité qui lui est insufflée par l’auteur.
Là où le bât blesse, c’est concernant l’intrigue interne au White Scars. Comme dans l’Ascension d’Horus, les loges sèment les graines de l’hérésie dans chaque Légion qui l’accueille, volontiers ou pas, en son sein. Ici, le hic réside dans l’indifférence totale du lecteur quant à cette facette de l’histoire. Certes, elle reste très importante et notable, mais son scénario est tellement étiré et prévisible que le seul aspect qui nous maintiendra éveillés sera le duo Shiban/Torghun. Déception à ce niveau-là.

Pour couronner le tout, sachez que pendant la lecture de ce tome, vous rencontrerez plusieurs Primarques dont certains qui se font beaucoup trop rares. Je ne vous dirai rien, même sous la torture mais ayez en tête que la quête de vérité menée par Jaghatai l’emmènera à affronter verbalement et/ou physiquement, deux de ces frères les plus influents. Deux frères élus de puissances chaotiques majeures, étant pour le coup antagonistes…

White Scars est un tome débordant de fluff où plusieurs Légions se croiseront, où les personnages de l’histoire sauront captiver l’attention et la curiosité du lecteur sans le lâcher une seule seconde. On passe un agréable moment parmi ces Astartes dont on n’attendait que le développement. Mission réussie avec succès.

Les plus

  • La grande richesse et singularité de la Légion du Khan bien mises en valeur, du bon gros fluff.
  • Le personnage de Yesugei est attachant en plus d'être profond tout le long du roman.
  • Le récit très rythmé, très peu de pause.
  • Des liens avec le traité de Nikaea savoureux.
  • La qualité de la Légion qui se métamorphose en faiblesse.
  • Plus de six Légions au rendez-vous avec des croisements agréables car inattendus.

Les moins

  • Déception concernant l'intitulé du roman.
  • 400 pages pour que la Légion puisse prendre enfin une décision.
  • Une histoire de loge trop prévisible.
4/5

Avec White Scars vous serez baptisé magistralement à la spiritualité Chogorienne tout en savourant la toile de fond qu'est l'infâme trahison du Maître de Guerre, avec en prime des détails pertinents sur l'Hérésie d'Horus. Ce roman nous offre donc une immersion réussie sur tous les points hormis celui du schisme interne à la Légion qui selon moi aurait mérité plus d'intrigue.

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