Critique de Aun'Shi par Maestitia
Publié le Jeudi 11 septembre 2014 | 5 révisions avant publication | 4 corrections après publicationUn battement de tambour complexe émergea depuis l’orchestre, suivi par le bêlement aigu des cornes. Les rayons des projecteurs torsadaient et poignardaient de leurs faisceaux la grande porte d’entrée. Ces portes avaient été ouvertes, et l’on y voyait au travers une plate-forme s’y dessiner. Une sorte de grand cube, drapé entièrement de satin violet, reposait sur en son centre. Quatre Maîtres des Bêtes, quasiment nus dont les quelques pièces d’armure étaient stratégiquement placées, l’escortèrent au centre de l’arène. Puis, avec un grand apparat, chacun d’eux attrapa un coin de la toile et la tira. La couverture violette se dévoila en parties égales et révéla une grande cage cachée dessous.
A l’intérieur de la cage demeuraient trois Tau.
Ils étaient de la caste du feu : plus petit que lui mais large de torse. Leurs mains étaient épaisses et leurs membres étaient faits d’épais muscles. Leur visage était recouvert de coupures et d’égratignures et leurs yeux écarquillés tentaient de comprendre la scène qui se déroulait devant eux. Leurs vêtements avaient été réduit en haillons, mais il les reconnut malgré tout.
Ces trois Tau étaient supposés être ses sauveteurs…
Braden Campbell nous revient avec les Tau ! Aun’Shi, le grand éthéré du Bien Suprême, est le nom d’une nouvelle narrant les déboires de notre Tau humaniste afin de mettre la main sur Farsight, rien que cela.
Pour les amateurs de cette jeune race Campbell joue sur un terrain propice contrairement aux profanes qui auront peut-être du mal à accrocher. L’auteur offre au lecteur l’envie de s’investir dans sa lecure grâce à cette quête étrange qu› Aun’shi sait imposer.
En effet, pour nous captiver l’auteur utilisera la double trame qu’on ne présente plus. D’un coté le moment présent dans lequel Aun’Shi est détenu prisonnier par un groupe de pirate Eldars Noirs et de l’autre le flash back qui nous en emmènera petit à petit jusqu’à ce fameux instant «t». Bien que cette manoeuvre soit très répandue parmi les auteurs de la Black Library, elle n’est que rarement entraînante.
Nous retrouvons donc Aun’Shi le Tau le plus vertueux du 41ème millénaire, captif des Eldars Noirs, la race responsable de la naissance du quatrième dieu du Chaos, Slaanesh.
Ce choix de rencontre est une excellente idée pour débuter une histoire. Par conséquent réunir les deux mentalités les plus antagonistes qui soient dans la même pièce, relève d’une innovation culottée. On pourra lire les dialogues avec un sourire en coin sans aucune honte.
Le récit prend forme facilement dans votre imaginaire grâce à des échanges entre Tau et Eldar pour le moins philosophiques. La race la plus jeune de l’univers face à l’une des plus anciennes ! Encore une fois, l’auteur exploite et joue avec plaisir avec le fossé qui sépare l’otage et ses ravisseurs. Ravisseurs qui n’ont rien trouvé de mieux que de le faire combattre éternellement dans une arène de la grande Commorragh jusqu’à ce qu’il soit occis. Mais c’est bien mal connaître notre éthéré à la sagesse transcendante.
Lorsqu’Aun’shi ne lutte pas pour sa survie dans les jeux de la cité noire, il médite et préserve son énergi enfermée dans une cage éxotique. Durant ses méditations, l’auteur en profitera pour nous offrir en parallèle le pourquoi de sa capture. Pour ce faire, Campbell nous dévoilera au fur et à mesure le dessein du Tau : ce dernier désire visiter toutes les planètes, tous les lieux que le grand commandant O’Shovah a visité, et vivre, ressentir ce que ce dernier a vécu afin de mieux le comprendre. Il est clair que pour un non initié, cela peut paraître anodin, voir inintéressant, mais pour les lecteurs initiés à l’Enclave de Farsight, c’est tout l’inverse.
C’est l’une des principales forces de cette nouvelle. En dépit de la plume des plus académiquement molles que nous offre Campbell, il reste indiscutable que le joueur Tau lambda sera accroché à sa tablette d’un bout à l’autre de l’aventure. Il est rare que les «jeunes» auteurs puissent narrer le fluff de tels personnages et notre auteur ici s’en tire très bien sur ce point.
Certes vous ne lirez pas une aventure enflammée où les mystères les plus extraordinaires de la société Tau vous seront dévoilés. En revanche, prendre conscience du contexte de la nouvelle et selon moi une chose essentielle si l’on veut apprécier cette histoire.
Concernant le style de l’auteur, je suis dans le regret d’avouer que cela reste mollasson, qui a dit «comme un éthéré»? Les scènes d’action sont les moments où l’on ressent plus d’ennuis que d’immersion. Autant Shadowsun dans The Last of the Kiru’s Line avait du mal à imposer son caractère martial qui pourtant lui était caractéristique, autant ici, avec le prince des pacifistes, l’action en est encore plus décrédibilisée. Chose étonnante, contrairement à ce manque d’énergie stylistique pour les combats, Campbell n’oublie pas de nous narrer avec efficacité les acrobaties ainsi que les parades légendaires d’Aun’shi. Ainsi l’auteur parvient à équilibrer son manque de dynamisme par des descriptions et des détails qui sauront ravir le fan.
Les plus
- Un récit fidèle au fluff.
- Une bonne construction narrative pour ce format.
- Le connaisseur sera plus facilement captivé.
- Aun'Shi à la recherche de Farsight, à quand le roman?
Les moins
- Un style littéraire basique.
- Des combats mous.
- On reste un peu sur sa faim.
Campbell nous plonge une fois de plus dans le Bien Suprême avec une banale efficacité.
Aun'shi est une personnage attachant que l'on découvre avec aisance. Si ce n'est pas une introduction à un futur tome, cette nouvelle m'en aura malgré tout donné l'espoir.