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Critique de Death Warrant par Maestitia

Publié le Mercredi 7 mai 2025 | 3 corrections après publication

— Charges krak, trente secondes, ordonna Kordi alors que l’escouade se dispersait dans la pièce en direction du tunnel de l’autre côté. Tandis que les Space Marines plaçaient des grenades autour du corps convulsant de la créature, un de ses membres métalliques se détacha brutalement des câbles et fouetta l’un des Carcharodons. Le coup entailla profondément son épaulière et le fit chanceler en arrière, mais ne fit pas couler de sang. Trayn leva son pistolet et tira, détournant les yeux de l’éclair aveuglant du tir de plasma à bout portant. Le coup immola l’un des membres du construct dans une gerbe de flammes bleues brûlantes. Kordi la repoussa avant qu’elle puisse tirer à nouveau sur la chose frémissante.

— En avant, ordonna-t-il.

Les Carcharodons quittèrent la chambre, les deux humains à leur suite, juste au moment où l’araignée commençait à se redresser dans son nid. Il y eut une lueur et un grondement d’explosions. Trayn ne se retourna pas. La voix d’un Space Marine résonna devant eux.

— Le tunnel se referme !

— Continuez, ordonna Kordi, ses paroles ponctuées par une nouvelle détonation tonitruante de bolter. Trayn et Dros fuyaient, peinant à suivre le rythme imposé par les Carcharodons devant eux. Ils avaient raison : le tunnel commençait à s’effondrer artificiellement, des sections du plafond descendant progressivement. Encore une minute et ils seraient écrasés… ou pire, piégés.

Sur une lune jungle étouffante, qui ne connaît d’autre langage que celui de la moiteur et de la boue, Robbie MacNiven nous offre avec Death Warrant une nouvelle aussi brève qu’efficace, qui continue d’installer les Carcharodons dans leur étrangeté fascinante. Cette fois, pas de dîme de sang ni de redressement moral d’un monde impérial dévoyé. Ici, tout part d’une chasse au trésor nécron menée par une Rogue Trader ambitieuse, et tout bascule dans l’horreur.

Anjelika Trayn, la Libre Marchande, pourrait être une héroïne d’un récit à la Indiana Jones, si la réalité de l’univers Warhammer 40K ne se rappelait pas constamment à elle avec un sérieux coup de hache dans la nuque. Elle veut une relique, elle a une carte, une expédition, et le genre de témérité qui frôle l’inconscience. Mais voilà, l’objet de ses convoitises est également recherché par les Carcharodons et l’arrivée de ces Space Marines d’un gris spectral, avec leurs méthodes brutales et leur mutisme déconcertant, change immédiatement la donne.

On comprend vite que Trayn n’a plus les cartes en main. L’apparition du personnage de Kordi, officier Carcharodon, fait passer la nouvelle dans une autre tonalité : c’est lui le prédateur dans cette histoire, Trayn n’est qu’un pion que l’on utilise, tolère. Et pourtant, la dynamique entre les deux fonctionne, avec cette tension permanente : Trayn sait qu’elle joue sa peau, mais ne comprend pas toujours les règles du jeu.

La menace nécron, tapie sous les marécages, est superbement amenée. Quand ces silhouettes mécaniques émergent de la vase, silencieuses, inarrêtables, le texte prend une dimension plus viscérale. C’est le chaos, la panique, et tout s’effondre. Les pièges du tombeau s’activent, la jungle devient un champ de mort, et tout ce que l’équipage avait espéré s’envole en fumée.

Mais MacNiven ne s’arrête pas là. Il ne s’agit pas seulement d’un récit de fuite et de massacre. Le cœur de la nouvelle, c’est cette décision imposée à Trayn à la fin : rejoindre les Carcharodons, ou mourir. Car elle a vu trop de choses. Elle sait que cette relique n’est pas juste un objet rare, mais un élément-clé dans quelque chose de bien plus vaste. Et au moment où elle se rend, où elle comprend qu’elle ne reverra plus jamais sa liberté ni son vaisseau, le lecteur sent que la suite se prépare déjà : la noirceur extérieure l’attend.

Death Warrant est un pont. Un petit morceau narratif, bien écrit, tendu, qui parvient à installer une ambiance, des personnages, une menace xenos et une ouverture vers un second tome en moins de trente pages. C’est du travail propre, précis, et une belle manière d’élargir la mythologie Carcharodon.

Les plus

  • Mise en scène saisissante des Nécrons, dans un cadre marécageux parfaitement évocateur.
  • Une fin percutante qui donne envie d’enchaîner directement avec La Noirceur Extérieure.

Les moins

  • L’enjeu réel de la relique reste flou, réservé au roman à venir, mais du coup un peu frustrant ici.
3.5/5

Avec Death Warrant, Robbie MacNiven continue de bâtir une mythologie solide autour des Carcharodons. Brève mais intense, cette nouvelle fonctionne comme un prologue brutal et sensoriel à La Noirceur Extérieure, en mêlant chasse au trésor, menace xenos et ultimatum fatal. Les requins rôdent et cette fois, c’est dans les étoiles qu’ils emmènent leur proie.