Critique de Straken par Maestitia
Publié le Mercredi 26 novembre 2014 | 6 révisions avant publication | 4 corrections après publicationIl était à l’intérieur de caves gigantesques. Le toit, difficilement visible à travers l’obscurité, était au moins à trente mètres de hauteur ; un brouillard y tournoyait telle une myriade de nuages. De grands panneaux opaques étaient installés au plafond. Au-dessous d’eux, d’énormes lentilles ainsi que des miroirs avaient été grées afin d’amplifier et de diffuser une faible lumière. Plusieurs étaient brisées ou fissurées, mais les chaînes les ceinturant fonctionnaient encore, Straken pouvait voir leurs mécanismes rouler, aussi lent et inexorable tout comme les aiguilles d’une montre. L’air était humide mais étonnement frais. Il se demandait si cet air était généré artificiellement.
Quelque chose de grand et d’elliptique sortit du brouillard un court instant avant de disparaître aussitôt. Straken était sur le qui-vive et zooma de son œil bionique, ressentant une légère douleur dans son crâne alors que l’agrandissement s’accélérait. Le briefing spécifiait que les natifs étaient inoffensifs. Il espérait que ce soit bien le cas.
Straken dézooma et balaya la zone lentement, réalisant que les caves étaient assez larges pour créer leur propre écosystème en plus de sa propre atmosphère.
Les plantes étaient disposées immanquablement comme une forêt. Les arbres étaient blancs et fongiques, plantés en rangées, leur pâle tronc était divisé en branches à l’apparence caoutchouteuse. Des fruits jaunes y pendaient et le sol était recouvert d’un lichen spongieux qui s’enchevêtrait sinueusement. La végétation semblait avoir été dépouillée de toute sa couleur, comme une photographie usée.
Je vois désormais pourquoi ils avaient besoin de combattants des jungles, pensa Straken. C’est avec l’expérience d’une vie passée sur l’un des mondes les plus dangereux de la galaxie que Straken s’avança, faisant son premier pas au milieu des arbres.
Après l’avoir suivi sur Borealis IV dans l’audio drama Waiting Death de Steve Lyons, puis dans la nouvelle The Apex, le colonel Iron Hand Straken revient en force avec une nouvelle fois Toby Frost aux commandes !
Straken n’est plus à présenter et si votre mémoire vous fait défaut, il serait temps de faire vérifier vos implants crâniens soldat, car c’est d’une légende dont il est question ici, un fléau pour les orks mais un véritable héros (non génétiquement modifié pour une fois) de l’Imperium comme on en voit rarement. Le ton ne vous siez guère ? Et bien il vaudrait mieux vous y faire car le roman qui nous intéresse aujourd’hui se nomme Straken !
À l’instar du commissaire Yarrick, ou de Macharius, le colonel Straken est une figure emblématique de la garde impériale et plus précisément du second Catachan. Il est nécessaire de faire un point sur Catachan si l’on veut apprécier le roman de Toby Frost à sa juste valeur.
Catachan est le monde hostile le plus célèbre de la galaxie. Sa surface est recouverte à 90% de jungle et de 100% de créatures létales. Que ce soient les requins des sables, les plantes carnivores gigantesques ou les insectes venimeux. Tout, absolument tout sur cette planète est dangereux pour l’homme. Dans ces mêmes forêts vivent les catachans. Combattants à l’endurance inouïe et à l’instinct de survie aussi aiguisé que les dents d’un diable de Catachan.
Ces hommes à la discipline parfois douteuse, n’en restent pas moins d’exceptionnels combattants en terrains hostiles. Ils sont le plus souvent envoyés en premier et furtivement afin d’affaiblir l’adversaire via des groupes de démolition qui n’ont rien à envier aux Stormtroopers.
Mais revenons à notre roman. Après avoir détruit les principaux nids tyranides sur un monde jungle, Straken et son second Catachan n’auront que peu de repos avant d’être assignés pour une nouvelle mission périlleuse.
Sur le monde de Dulma’lin, des orks se regroupent dans les cavernes de la planète et pillent tout ce qui s’y trouve. En passant par les mines ils récupèrent tous matériaux susceptibles de les aider à confectionner des véhicules lourds tels que des chars. Les orks n’étant pas vraiment réputés pour la subtilité de leur ingénierie, ils dévastent et amassent absolument tout sur leur passage. Leur but ? Former le plus rapidement une armada de tanks lourds et super lourds afin d’attaquer la ville voisine. Ville voisine qui se trouve être un point névralgique que l’Imperium ne peut se permettre de voir tomber aux mains des peaux vertes. Un classique de la maison.
Mais rien ne se passe selon le briefing au 41ème millénaire et les Catachans seront séparés du reste de la flotte, devant à tout prix survivre et mener une véritable guérilla aux orks dans les mines de Dulma’lin.
La totalité de l’aventure se déroulera à l’intérieur de ces caves qui seront en fin de compte le seul environnement où graviteront nos héros. Nos héros qui ne seront pas si nombreux que cela malheureusement. Excepté le colonel, nous aurons droit aux classiques seconds rôles plus ou moins pertinents. Certains auront un fil narratif développé quand d’autres ne possèderont qu’une étiquette sur le front vous permettant de reconnaître le porte-étendard ou le bolter lourd.
Ce qui est pertinent en revanche, sont les expressions et les traits d’humour des catachans. Bien que l’auteur colle au plus près du fluff, on nous explique tout de même cinq fois que Iron Hand doit son nom à un requin des sables… Une question de dosage donc.
Afin d’éviter des dialogues creux entre catachans, Toby introduira parmi ces joyeux lurons, un commissaire… Vous cherchiez l’élément perturbateur ? Le voici. Certes le commissaire dénommé Morrel est un classique en matière de narration, on peut aisément le comparer aux inquisiteurs dans les Space Marine Battles, où tôt ou tard ces derniers viendront à mettre la pagaille. Ce n’est pas le cas ici.
Morrel deviendra au fil de l’aventure plus attachant et son courage sera mis à l’épreuve plusieurs fois, prouvant sa loyauté au combat. Il est agréable de voir des commissaires autrement que profondément crétins et despotiques.
Dans ces mines, Straken et les siens iront de rencontres en rencontres, offrant un rythme de lecture assez fluide bien qu’immanquablement lent. N’attendez pas de climax ou de tension extrême avant le dernier tiers du roman. Cela n’empêche pas l’immersion. C’est un groupe de catachan envoyé furtivement sous terre afin de saboter toutes constructions ork, mais là-dessous ils découvriront des survivants qui changeront les enjeux. L’auteur fera même un léger crochet en narrant une personnalité ork.
Niveau action, nous serons servis car le colonel et ses catachans vont livrer une terrible guérilla aux peaux vertes. Les combats furtifs et les descriptions de camouflage vous feront plonger sous les feuillages. L’auteur use des classiques mais offre aussi pas mal d’originalité, je pense surtout à la fin de cette épopée.
J’ai adoré le nombre conséquent de clins d’œil à l’univers et aux personnages, mais la longueur nuit malgré tout au roman. Autant The Apex est une nouvelle épique avec 100% de cliché qui marche très bien, autant on terminera ce roman avec un soupir de soulagement. La fin n’est en rien bâclée mais la longueur aurait pu être un peu mieux maîtrisée.
Cela reste le tout premier roman de Frost et j’ai aimé le lire. J’attends avec hâte ses autres récits !
Les plus
- Un personnage haut en couleur : Straken !
- Un scénario idéal pour des catachans : des orks, de la jungle et du sabotage.
- Des personnages efficaces.
- Très bons dialogues.
- Bonne immersion.
Les moins
- Des longueurs, trop de longueurs.
- On frôle le zèle de fluff quelques fois.
Straken est définitivement un bon roman qui traite bien le personnage qu'est Straken. Sans être un récit épique, Toby Frost nous offre une mission taillée au couteau pour des catachans. C'est classique sans être ennuyeux. C'est fidèle sans être élogieux. A lire pour les fans du genre.